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Citations sur Tempo (28)

Il n'y a pas d'applaudissements. Les conversations reprennent, je bois une gorgée de bière avant de me réaccorder. J'égraine doucement les cordes. De haut en bas, des graves jusqu'aux aiguës. Les notes s'élèvent et flottent au-dessus de la salle. À mes pieds, la diode de l'accordeur clignote. Je tourne à peine les mécaniques. Un quart de ton, pas plus. Des réglages fins pour parfaire l'équilibre.
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Il me semble que ça vient des doigts. C'est comme si c'était là, coincé dans les phalanges. La main gauche sur le manche, la droite contre la caisse. Il n'y a rien de magique, rien d'une espèce de transe. C'est bien plus mécanique. Une sorte d'élan, un engrenage. Une foulée qui s'enclenche, s'assouplit puis devient naturelle. Un train.
Il n'y a que la guitare, une feuille et un stylo. Mes lèvres qui marmonnent. Je tâtonne, j'essaye, j'écris. Je rature et reviens. Une nouvelle succession d'accords pour peut-être un refrain. Sentir le riff, ajuster le tempo. Les notes me plaisent alors je les répète. Une pause, une minute suspendue. Déjà il faut trouver la suite. Garder le rythme, ne pas perdre le fil ou se laisser griser. L'équilibre est fragile. Précaire, trop rare. Toutes ces heures de travail qui se concentrent là, en un instant si court. Pourquoi ici et maintenant? Au fond ça n'a pas d'importance. Il ne faut pas se laisser distraire. Ne Pas penser. Fermer es yeux pour préserver I'inspiration, le souffle. Intro, couplet, refrain. La suite s'écrit toute seule. Le stylo glisse, la papier mémorise. Je couche des notes à ne pas égarer. Peu à peu, le morceau se dévoile. Il y aura des retiuches, bien sûr. Dew corrections, des ponts et une fin à trouver. Mais je sens que l'essentiel est là, a déjà jailli.
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Je déshabille mon fils et le cale sur le canapé. Suspendue près de la fenêtre, ma guitare me fait face. J'observe ses formes, son ombre projetée sur le mur. Marc a raison, il faudrait se lever, la décrocher et m'installer sur l'accou- doir. Fermer les yeux peut-être, prendre une inspiration et jouer. J'ai des tas de morceaux que je pourrais chanter. Je l'ai fait tant de fois.
Pourtant je ne bouge pas. Dans la pénombre, Élie me dévisage. Est-ce qu'il devine? Est-ce que je lui fais honte? Il doit bien se rendre compte que je suis un pauvre type. Un chanteur sans public, un musicien raté dont les chansons n'intéressent personne. Un perdant. Un père incapable de jouer pour son fils.
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Je joue. La nuit tombe et moi je joue toujours. Ne pas revenir trop tôt, surtout ne rien gâcher. Et mon couple là-bas, peut-être qu'ils s'embrassent. Si ma chanson les touche et leur donne envie de s'aimer. C'est possible après tout. J'y mets tellement de moi. Tellement de cette envie de bouleverser les gens, comme tant de musiciens m'ont bouleversé avant. Cest pour ça que j'écris. Pour dire commme la musique est belle, comme elle peut nous sauver. Comme elle est essentielle. Je joue, encore et encore. Et seulement pour eux maintenant. Parce que Louis avait raison. On n'a pas tout perdu si un seul vous écoute. Si l'on provoque un début d'émotion. Même minuscule, même un rien éphémère. On n'a pas tout perdu si l'on fissure un mur.
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J’ai le fracas de la vie qui s’efforce d’être heureuse.
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À force de jouer, on avait fini par se faire un nom. Sur scène, il y avait un bel équilibre. Alex solaire et apaisée, Rémi aussi carré dans la vie que derrière sa batterie. Louis jouait les feux follets tandis que j’assurais derrière. Il fallait souvent rattraper un refrain, couvrir une fausse note ou s'assurer que le morceau aille jusqu'au bout. Au-delà des concerts, j'avais parfois l'impression de tenir le groupe, de me battre pour nous faire avancer, pour nous recentrer sur notre musique. Alex me surnommait «papa» et Louis me reprochait d'oublier de m'amuser. Je ne relevais pas. J'étais persuadé qu'on pouvait percer, aller plus haut, plus loin. p. 102
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— Je viens à peine d'envoyer les démos. C’est trop tôt pour avoir un retour... Je sens l’exaspération poindre à travers ses phrases.
Il ajoute qu’il faut être patient et d’un seul coup la colère me submerge. Elle fait vibrer ma voix, l'élève à des hauteurs qui ne sont pas les miennes. Je réponds que j'ai été assez patient comme ça, que je ne veux plus attendre. Que rien ne vient jamais et que je ne peux plus jouer pour des gens qui s’en foutent. Que j'ai besoin de fric et peur de perdre Anna. Une trouille pas possible. Est-ce qu'il peut comprendre ça?
Le silence retombe lourdement. Il n'y a plus le moindre bruit derrière. Ni voix ni gloussements. J'entends sa lente respiration à l’autre bout du fil. Il finit par murmurer qu’il comprend, qu’il sait bien que c’est difficile. p. 98
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On s'imaginait sur une scène immense. Public en feu et colonnes d’amplis dans le dos. Louis faisait semblant de haranguer la foule tandis que je lançais des «Bonsoir!» et des «Merci!» aux murs à chaque fin de chanson. On bossait comme des dingues. On voulait progresser, constituer un set et se produire. Le samedi était le plus beau jour de la semaine. Une fois épuisés, on rangeait les instruments, on débriefait, puis on sortait faire la fête. p. 44
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