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EAN : 9782413006985
160 pages
Delcourt Littérature (11/04/2018)
4.25/5   66 notes
Résumé :
Le monde de Jean, c’est Pierre, le fils qu’il a élevé seul. Depuis presque vingt ans, il maraude chaque nuit à bord de son taxi, pour ne pas perdre une miette de son fils. Il lui a aussi transmis son goût pour la plongée, ces moments magiques où ensemble ils descendent se fondre dans les nuances du monde, où la pression disparaît et le cœur s’efface. Mais depuis quelque temps, Pierre est fatigué. Trop fatigué. Il a beau passer son temps à le regarder, Jean n’a pas v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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Derrière ce titre qui évoque ce paradoxe de la physique quantique, en vertu duquel un chat peut être à la fois mort et vivant, se cache une autre réalité, bien tangible celle-là. le fils du narrateur vit ses derniers jours. La tumeur dont il est atteint est trop évoluée et a déjà essaimé , réduisant à néant l'espoir de guérison. Et pour un homme qui a déjà perdu sa compagne dans des circonstances qui laisseront à jamais planer le doute, c'est quasi insurmontable.

Dit comme ça, c'est plombant. Et pourtant, les confidences que l'on reçoit, ne le sont pas. Parce que cet homme, même après avoir perdu tout espoir, consacre son énergie à rendre les derniers jours de son fils plus lumineux, allant jusqu'à mettre en place un simulacre de rencontre avec une éditeur, tant ce fils rêvait de voir publier ce roman qu'il venait d'achever.

Bien sur, il y a de la révolte, mais elle n'est pas conduite par la recherche d'un responsable, voire d'un coupable. le deuil se passera d'un bouc émissaire.


Loin d'une acceptation, d'un fatalisme, le combat ne cesse que lorsque l'étincelle s'éteint. Avec une fin ambiguë que chacun interprétera à sa façon.


C'est un récit de deuil pudique, questionnant, et porté par une écriture à la fois simple et lumineuse. Un cri d'amour éperdu, devenu urgent dans cette course contre la maladie.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Martin Dumont raconte … l'histoire d'un père aux abois, l'histoire d'un homme qui avait pour dessein de fonder une famille, d'un homme doux, compréhensif, bienveillant, qui apprend la fugacité du bonheur, un père qui a fait le deuil d'une vie de couple et s'est dévoué à son fils, Pierre, pour quelques années heureuses...


Mais Pierre est malade, une de ces terribles maladies que la médecine n'a pas les moyens de maîtriser.
Le deuil, il le vit avant : deuil d'un fils qui lui apportera les moments heureux que tout un chacun est en droit d'espérer.


On assistera à son combat, son questionnement, son impuissance à soulager Pierre, et enfin ce pieux mensonge qui pourrait lui assurer une mort heureuse : l'édition d'un premier livre qui ferait de lui un grand écrivain. Un choix : lui conserver au moins ce rêve et adoucir sa fin de vie. Choix qui prête à discussions avec des arguments recevables de la part de chaque personnage en fonction de son vécu.

Belle réflexion sur l'accompagnement des malades en fin de vie, intelligente description des états d'esprit d'un être humain qui passe par une épreuve réveillant toutes sortes de sentiments, de contradictions, sur l'impuissance à communiquer de l'entourage dans de telles circonstances.


Un roman poignant et laissera dans la tête du lecteur, quelques questions et et lui donnera l'occasion d'interpréter la fin selon son besoin d'apaisement.

Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Tout mensonge est-il bon à dire ?

Et dire que ce premier roman, paru en 2018, aurait pu être condamné à l'oubli! Ç'aurait été dommage, tant l'histoire de ce père confronté au cancer de son fils est prenante et émouvante.

On pourrait résumer ce court roman en disant que Jean, le narrateur, n'a pas eu de chance. En épousant Lucille, il savait que sa femme était sensible et fragile. «Pas triste, non, mais mélancolique. Oui, j'aime bien ce mot. Mélancolique. Les médecins ne l'ont pas dit pareil. «Une maladie». Ça portait un nom dont je n'ai pas voulu me souvenir. Un souci dans la tête, quelque chose d'invisible en fin de compte.» Et quelques mois après avoir mis au monde leur fils Pierre, un accident de voiture lui coûte la vie. Un décès qui va hanter Jean, qui se rattache alors à l'éducation de son fils, aménageant ses horaires de chauffeur de taxi pour être plus près de lui. Les vacances qu'ils passent ensemble à faire de la plongée les rapprochent indéniablement. Rêvant d'un avenir heureux pour sa progéniture, il lui laisse choisir sa vocation. Pierre délaisse ses cours de biologie à l'université pour un club de théâtre et pour écrire. Il imagine déjà son oeuvre publiée.
C'est alors que survient un nouveau drame. Après des examens consécutifs à une fatigue inhabituelle, les médecins constatent que les résultats des analyses ne sont pas bons: «C'est une tumeur. Il est trop tôt pour en dire l'état d'avancement, mais il faut vite régir.» le cancer du pancréas, l'un de ceux qu'il est difficile de guérir, gagne du terrain jour après jour.
Pour lui remonter le moral, Jean le laisse espérer une réponse positive à l'envoi de son manuscrit. «J'étais si fatigué d'être ce type, cette moitié d'homme, ravagé de peur et de chagrin. Et puis cette culpabilité, un truc qui n'en finissait plus . Il fallait bien que ça s'arrête. J'avais menti, d'accord; mais ce n'était pas ma faute. On me forçait. Pierre, ses yeux, sa souffrance placardée partout.»
Dès lors Martin Dumont va réussir un vrai tour de force, donner à ce roman si chargé en émotion une dimension métaphysique. Interroger le mal et le bien, le mensonge et la vérité. Dans les choix que l'on fait qu'est ce qui est raisonnable et qu'est ce qui est juste? En mettant ainsi en lumière l'énigmatique titre de son roman. le paradoxe de Schrödinger est une expérience scientifique – qui n'a jamais été tentée – et dans laquelle, comme nous l'explique Wikipédia «un chat est enfermé dans une boîte avec un dispositif qui tue l'animal dès qu'il détecte la désintégration d'un atome d'un corps radioactif». Cette expérience est censée démontrer que tant que la boîte n'est pas ouverte le chat peut être à la fois mort et vivant et par extrapolation qu'il en est de même de la physique quantique. À chacun alors de tout reconsidérer, selon le point de vue dans lequel on se place. Pour Philippe, la vie qu'il imagine est sans doute plus facile à vivre que celle qui le fait tant souffrir. Et pour le lecteur?


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Un premier roman d'excellence, le mensonge peut-il être utile ? Une question qu'il est bon de se poser si ce n'est déjà fait. Martin Dumont nous dévoile avec délicatesse et humilité les liens entre un père et son fils, tout cet amour qui déborde à s'en étouffer. Il développe ce sujet tel un marionnettiste, dans l'ombre de ses personnages sans jamais se mettre en avant, ce qui fait de lui un écrivains qui mérite de côtoyer les hauteurs. Je recommande fortement ce livre.
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Est-ce que toutes les vérités sont bonnes à dire? Peut-on parfois cacher la vérité pour le bien de ceux que l'on aime?

Suite au départ précipité de Lucille, Paul a élevé seul Pierre qui est devenu un jeune homme adorant les sciences et l'écriture. Les années passant, le père et le fils, très complices, ont développé des passions communes et un goût pour la plongée.  Un week-end, lors d'une virée en mer, Pierre, qui semble fatigué depuis quelques semaines va voir sa vie basculer en l'espace de quelques instants... Malgré la terrible découverte, les deux hommes affronteront ensemble la situation, chacun à leur manière...

Ce premier roman très poétique et plein de délicatesse est un véritable hommage d'un amour paternel d'un père pour son fils. C'est avec beaucoup de pudeur que Martin Dumont aborde des thèmes difficiles, et, de part sa plume, nous offre un récit bouleversant et qui, comme dans le cas du
chat de Schrödinguer, nous laisse face à de nombreux questionnement et incertitudes.

Après la lecture de "Tant qu'il reste des îles" dans le cadre des 68premièresfois, c'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé l'univers magique et mystérieux de la mer, fil conducteur cher à Martin Dumont

J'espère pouvoir retrouver rapidement l'auteur dans un troisième ouvrage.

#item 58
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critiques presse (1)
Actualitte
19 juin 2018
Le chien de Schrödinger plonge au fond du cœur d’un père. Un monde d’hommes aux prises avec l’amour et la mort. La douce violence que chaque être humain est voué à affronter.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
Il y a quelqu’un derrière le mur.
Je ne crois pas que je dormais. Je somnolais, peut-être. Je suis allongé sur le dos, je n’ai pas ouvert les yeux.
Le parquet grince, on s’approche lentement de la chambre. Je ne suis pas sûr. Peut-être que je rêve encore.
Les pas s’éloignent vers la cuisine. Les secondes s’égrènent et je ne perçois plus le moindre son.
Et si ce n’était pas Pierre?
C’est possible, après tout ; il pourrait s’agir d’un cambrioleur. Un type habile et bien entraîné – je n’ai pas relevé de bruit particulier. Il aura crocheté la serrure puis ouvert doucement.
C’est facile de vérifier. Je me lève et je vais voir. Je peux même me contenter d’appeler: Pierre répondra s’il m’entend. Le voleur, lui, prendra plutôt la fuite. Dans les deux cas, je dissipe le doute.
Pour savoir, il me suffit d’agir.
Alors pourquoi est-ce que je reste là?
C’est étrange, cette impression ; j’ai le sentiment que je gâcherais tout. Parce qu’il y a un équilibre. Au fond, c’est presque un jeu : derrière le mur, il y a quelqu’un qui marche. Ce n’est pas Pierre, ce n’est pas un cambrioleur ; c’est comme s’ils se superposaient. Oui, c’est ça. Tant que je ne m’en assure pas, c’est un peu des deux.
J’ai fini par me redresser. Mes réflexions me semblaient stupides. Peut-être que l’idée d’un cambrioleur avait fini par m’inquiéter, je ne sais pas. Disons simplement que j’avais envie de voir mon fils.
Je suis sorti du lit et j’ai regardé l’heure. Je n’avais presque pas dormi. J’ai soupiré en pensant que je le payerai en fin de nuit.
En sortant de la chambre, j’ai aperçu Pierre. Il s’installait sur le balcon. Il avait posé des gâteaux et un verre de lait sur la petite table en fer.
Pierre a vingt ans, il ne manque jamais un seul goûter. Quand je lui fais remarquer, il hausse les épaules en souriant.
Je me suis servi un café dans la cuisine – je déteste le lait. Les biscuits, j’ai toujours aimé ça, mais lui mange des trucs trop sucrés pour moi. Le temps de le rejoindre, il avait déjà fini la moitié du paquet.
« Salut papa. »
Il m’a souri, un gâteau entre les dents, puis il m’a demandé comment s’était passée ma journée.
Le matin, j’avais chargé plusieurs clients à l’aéroport. Direction le centre-ville. La plupart n’avaient pas lâché leur téléphone ; les autres avaient dormi, tête appuyée contre la vitre. Je ne suis plus surpris de les entendre ronfler à peine installés sur la banquette. En début d’après-midi, j’étais rentré et je m’étais couché.
Ce n’était pas intéressant, alors j’ai simplement répondu «bien» et je lui ai retourné la question.
Pierre est étudiant, en troisième année de biologie. Il m’a détaillé son emploi du temps. Après le déjeuner, il est allé au club théâtre. Je dis «club», c’est pour marquer la distinction. Pierre ne va jamais voir de spectacles, il préfère jouer. C’est comme ça depuis qu’il est petit.
Il y a passé l’après-midi. Je ne comprends pas pourquoi il n’a jamais cours. Quelquefois, je demande des explications mais il se braque. Il dit que je ne suis jamais allé à l’université. « Tu ne peux pas comprendre. »
Sa troupe prépare une nouvelle représentation. « Une œuvre originale », il précise. Il en est l’auteur.
Pierre aime beaucoup écrire. Je ne sais plus de quand ça date. Plus jeune, il remplissait des carnets entiers.
Il me parle de la pièce et je hoche la tête parce qu’il m’a déjà raconté dix fois l’intrigue. Il a les yeux qui brillent quand il récite les scènes. La révolte, l’amitié, la peur et la justice. L’amour aussi. Il y a de tout dans son machin.
«Tu vois, papa? Tu devrais la lire!»
Je n’ai aucune excuse. Il m’a imprimé le texte le mois dernier. J’ai promis et, depuis, il est posé sur ma table de nuit.
Il me décrit les répétitions. Il joue de ses mains, s’accompagne de mouvements exagérés. Il rit un peu mais son visage se durcit lorsqu’il évoque les premiers rôles – un couple, si j’ai bien compris.
«Il est pas au niveau, le type.»
La fille, par contre ; un talent monstre. Il la voit déjà au cinéma. Je la devine jolie : cheveux longs, sourire d’ange, bonne élève. Mon Pierrot tombe toujours amoureux des premières de sa classe.
Je le pensais lancé sur elle, mais voilà qu’il repique sur le comédien. Cette fois, c’est plus virulent. Mauvaise diction, jeu caricatural. La grosse tête avec ça.
«Il se prend pour une star!»
Un sourire m’échappe. Pierre rougit. Il dit «Ouais, bon d’accord. Je suis jaloux», et il se met à rire.
Après ça, il débarrasse. Ses joues paraissent un peu creusées. C’est comme s’il était fatigué tout à coup, légèrement fébrile. Je demande et il dit que non, que tout va bien. «C’est presque le week-end. C’est normal d’être un peu crevé.» Je n’insiste pas.
On est jeudi, alors il sort. Je n’ai même pas demandé. C’est la même chose toutes les semaines, j’ai l’habitude.
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J'ai marché jusqu'à la plage. À vrai dire, c'était plutôt une crique, un bazar de sable: des roches plantées un peu partout. L'écume fouettait l'ensemble avec acharnement. J'ai écouté les vagues se fracasser. Je les voyais à peine. Une nuit sans lune était tombée, du pétrole sur l'horizon. J'ai inspiré l'odeur de la marée. J'ai compris à quel point ça me manquait, cette histoire d'embruns. J'ai pensé qu'un jour j'y reviendrai à toute cette flotte.
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Avec sa maladie, Lucille s'était coupée du monde. Beaucoup lui avaient tourné le dos, mais la mort aplanit sûrement les choses. Les morts sont tous de braves types chantait quelqu'un.
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J'ai raconté l'histoire du livre. J'ai essayé d'expliquer ça en gardant mon calme. mais les mots m'ont échappé. C'était étrange ; je ne contrôlais plus mes phrases. C'était comme écouter un autre type. Je me suis demandé si je devenais fou.
Je voulais me taire. Mes lèvres continuaient de remuer. J'entendais ma voix, elle venait de loin. Elle s'élevait dans le salon, elle rebondissait contre les murs. Il y avait ces accents trop aigus qui m'échappent quand je m'énerve : c'était assourdissant.
J'ai compris que cétait ça qui m'était arrivé, un peu plus tôt, devant l'éditrice en chemise blanche. L'indépendance de ma bouche et la démission du reste. Un pont. De la poitrine jusqu'a la langue, Un flot de paroles qui s'empilaient devant moi. C'était difficile à supporter. Est-ce qu'il voulait entendre ça, François ?
En fait, c'était trop tard. J'étais désolé mais je n'y pouvais rien. Je n'avais pas de prise. Ça se jouait ailleurs, au niveau des tripes. Il y avait une force, elle décidait de passer outre. La pudeur, la réserve et toutes ces choses que l'on s'impose ; elle n'en avait plus rien à foutre. Elle faisait hurler mon âme et moi je subissais aussi.
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Je me faisais du mal, j'en avais besoin. J'avais envie d'appuyer comme on appuie sur une plaie. Juste pour la vue du sang. Est-ce que j'avais raté quelque chose ? J'étais son père ; les parents doivent pouvoir décrocher la lune.
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