AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de chrisdevoreusedelivres


Coup de coeur absolu !
J'avais lu « Brillante » le premier roman de l'autrice qui était très bon dans un autre genre (une satire féroce du monde du travail), mais ce nouveau roman (récit ?) est immense. Stéphanie Dupays renouvelle le genre du secret de famille qui a fait couler beaucoup d'encre.
Le livre commence par une déflagration : l'autrice apprend que la belle légende qu'on lui avait racontée sur son arrière-grand-mère morte de chagrin « le coeur brisé » après la perte de son mari est fausse : l'aïeule a survécu cachée dans un asile pendant 40 ans. Elle en perd sa voix, ne comprend pas pourquoi cette histoire la touche autant. Des années après, le fantôme de cette femme la suit toujours et quand grâce à un heureux hasard elle se trouve à l'asile où son arrière-grand-mère a été enfermée elle reprend l'enquête. Ce qui est très fort c'est qu'elle parvient à mêler de façon très naturelle des genres différents : un récit intime bouleversant, des moments de désarroi poétiques et une enquête captivante et instructive sur le fonctionnement des asiles, l'enfermement et le secret. Parfois même l'autodérision de l'autrice tire un sourire.
Prenant appui à la fois que les poèmes et sur les archives, elle avance avec acharnement dans les sables mouvants de la mémoire familiale. Elle traite des questions profondes qui m'ont fait réfléchir longtemps après la lecture : de quoi hérite-t-on ? La souffrance se transmet-elle aux générations suivantes ? Comment se libérer du passé ?
Tout est juste, subtil et bouleversant et ça se lit comme un thriller. le livre est magnifiquement écrit, j'ai souligné plein de phrases que j'ai envie d'apprendre par coeur.
« Ta tête contre les murs
rêve des nuages
Puis l'automne
Puis l'hiver
chaque journée semblable à la précédente
tu doutes qu'un jour la neige puisse fondre
le printemps revenir »
« Des décennies après j'ai peur du noir
et je m'acharne à défoncer
les portes fermées »
Cette douceur, cette beauté dans l'écriture rendent le livre apaisant et lumineux malgré la profondeur de son sujet. L'humour discret aussi est bienvenu, face à l'horreur de cette histoire c'est une arme dont l'autrice fait usage.
Je pleure rarement en lisant mais l'écriture sublime et intense de Stéphanie Dupays m'a fait fondre plusieurs fois (les poèmes en vers et le chapitre final sont bouleversants).
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}