Stéphanie Dupays vous présente son ouvrage "Comme elle l'imagine" aux éditions Mercure de France.
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Elle avait l’impression de lire quelque chose qu’elle n’avait jamais lu, quelque chose qu’elle aurait voulu écrire si elle en avait eu le talent.
Le DRH lui demande pourquoi elle a inscrit « Littérature » dans la case Loisir de son CV. Claire désamorce immédiatement la présomption d’intellectualisme car dans l’entreprise s’adonner à une activité aussi inutile que la lecture vous classe dans la catégorie des intellectuels non assimilables à la chaîne de production : « La narration est au cœur du marketing. Les consommateurs n’achètent pas du soda, du café, de la lessive, ils achètent une belle histoire. »
Derrière chaque employé se trouve un successeur formé pour prendre la relève qui n'attend que le moment opportun pour s'épanouir.
Au printemps précédent, Laure s’était inscrite sur Facebook, sous la pression amicale de Nico, le collègue féru d’ « humanités numériques » qui avait construit la page Internet du labo de lettres. Elle avait reconnu que oui, c’était pratique, et avait commencé à trouver exaltantes ces communautés électives se rassemblant autour d’un centre d’intérêt. L’alibi culturel, c’était le prétexte qu’elle avançait pour justifier les heures qu’elle passait désormais à naviguer de page en page. Mais Laure était assez lucide sur elle-même pour savoir que la vraie raison de son addiction naissante aux réseaux sociaux était ailleurs : Facebook matérialisait ce fantasme inavouable, écouter derrière les portes et pénétrer dans la vie des gens.
A vingt ans, le célibat n'était qu'une étape qu'un avenir plein de promesses reléguerait au rang des souvenirs un peu pénibles; à trente, être célibataire commençait à devenir moins enviable, presque incongru. A presque quarante, Laure semblait entendre se former dans la tête de ses amis les pensées interrogatrices? "Qu'est ce qui cloche chez elle ?" ou réprobatrices "Quand va-t-elle enfin grandir ?"
Monter aux archives
c'est descendre
descendre
descendre
aux fonds/ Au fond
comme un scaphandrier
cherche dans les eaux noires
le vaisseau noyé
arrache à la nuit tenace
mille débris infimes
ramène sur le rivage les fragments d'une vie
éparse
Quel que soit l’âge ou la classe sociale, l’état amoureux transformait n’importe quelle femme en linguiste méticuleuse et le moindre message en énoncé à interpréter.
Ecrire est : la seule manière de regarder la réalité en face sans qu’elle s’abatte sur moi comme une maison en flammes la seule manière de retourner ce qui est perdu dans les décombres .
Avait-on déjà étudié les conséquences d'une exposition prolongée à la littérature de la passion ? Ce motif de l'amour souffrance qui irriguait toute la littérature, de Racine aux déballages auto-fictionnels contemporains, quelles traces laissaient-ils dans le psychisme du lecteur ? Quand on avait récité " Ce n'st plus une ardeur dans mes veines cachée : C'est Vénus toute entière à sa proie attachée" en classe de seconde en rougissant devant le garçon secrètement convoité, quand on avait frémi en lisant "la femme abandonnée' dans une vieille édition de poche trouvée l'été de ses quinze ans, pouvait-on réussir sa vie sentimentale ? Un collègue flaubertien allait jusqu'à défendre l'idée que l'auteur se sauve en inoculant sa propre mélancolie au lecteur , c'était certainement excessif.
Mais peut-on parler de cuisine sans évoquer autrui, tant les plaisirs de la table sont liés à la sociabilité ?