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EAN : 9782715242760
192 pages
Le Mercure de France (14/01/2016)
3.49/5   114 notes
Résumé :
Claire est une trentenaire comblée. Diplômée d’une grande école, elle occupe un beau poste dans un groupe agro-alimentaire où elle construit sa carrière avec talent. Avec Antonin, cadre dans la finance, elle forme un couple qui est l’image du bonheur parfait. Trop peut-être.

Soudain, Claire vacille. Au bureau, sa supérieure hiérarchique lui tourne ostensiblement le dos, de nouvelles recrues empiètent sur ses dossiers, elle se sent peu à peu évinc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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Claire est une jeune femme à qui tout sourit : très bonne élève, elle a réussi "L'école" et a intégré un poste au service marketing d'une grande entreprise française. Elle vit en couple avec Antonin, lui aussi trader aux dents longues, dans un grand appartement ou luxe et classe sont de mises. Mais ce rythme soutenu entre performance et dépassement de soi va se rompre brusquement lorsque la responsable De Claire la remplace par une nouvelle recrue. Claire se retrouve alors "placardisée" et son monde s'écroule...
Stéphanie Dupays signe ici un premier roman cinglant. le monde de l'entreprise est décrit avec réalisme, et son écriture dévoile avec talent la difficulté de rester au sommet, coûte que coûte. le vocabulaire du marketing quitte peu à peu le bureau et s'immisce dans la vie quotidienne, preuve que la frontière pour ces jeunes cadres s'est totalement effacée...
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Claire, originaire d'Agen, est montée à Paris pour faire la meilleure école de commerce de France, puis a trouvé un travail conforme à ses désirs dans l'entreprise leader du secteur agro-alimentaire Nutribel. Elle vit avec Antonin, un trader en métaux lui aussi brillant, dans un superbe appartement haussmannien. Tout lui réussit donc, jusqu'à ce qu'un jour… ● Ce roman se lit d'une traite. le style, sans fioriture, est au service de l'efficacité narrative. ● L'univers des jeunes diplômés des meilleures grandes écoles est très bien rendu, de même que l'aporie de leurs existences et leur aliénation, une servitude toute volontaire au service d'entreprises qui sous couvert de bienveillance, les exploitent sans vergogne et avec leur consentement. ● Malgré une fin inattendue, le roman n'échappe pas, malheureusement, à la caricature, notamment lors du repas qui réunit les parents de Claire et ceux d'Antonin. Une approche un peu plus subtile n'aurait pas nui à ce roman qui malgré cela m'a beaucoup plu.
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Un roman réaliste et acide, très bien vu sur le monde de l'entreprise, sur l'entreprise parisienne, la multinationale qui dévore ses jeunes recrues.
Les recrues sortent de l'Ecole, y sont formées dans le même moule, et y rencontrent souvent leur conjoint. Pour les "provinciaux" comme Claire, agenaise, c'est encore un peu plus difficile de s'adapter. Il faut connaître et apprendre par coeur les codes sociaux parisiens et élitistes, très précis, et s'y conformer à la lettre.

Les lettres justement, Claire qui aimait les mots et les livres, Claire l'agenaise va s'en éloigner sans même s'en rendre compte. Elle ne lit plus, elle parade avec son ami et évolue uniquement dans ce petit cercle issu de l'Ecole.
Elle mène une brillante carrière, un plan de carrière parfait, sauf qu'un jour ... elle n'a pas prévu la jalousie de sa chef, enfin maman de jumeaux, lessivée, et qui va rapidement la placardiser.

Claire perd pied et la force du roman est de dépeindre une évolution réaliste lors de cette placardisation, et après. Claire peine à s'ouvrir, ce serait faire partie des losers, ce serait reconnaître son échec. Même aux amis, même à sa soeur, elle a du mal à avouer sa défaite. Elle va pourtant revoir sa soeur, et réfléchir, faire une pause ...
Brillant et à lire !
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De l'art de la satire...
Chez Nutribel, grosse (vilain mot) entreprise d'agro-alimentaire, on est beaux, on est jeunes, on est dynamique, on performe, on est minces parce qu'on ne mange surtout pas les produits maison, et on recrute des jeunes cadres, des jeunes "chefs de projet" sortis des meilleures écoles de commerce...Le top 5 des "Parisiennes" (style HEC, ESSEC...), des jeunes super motivés, au cerveau bien lavé et prêts à tout sacrifier à leur entreprise pour un bon salaire et quelques médailles en chocolat, du genre "vous êtes les meilleurs !! Youpi ! C'est vous l'avenir de la France qui travaille, qui se lève, qui bouge ! Youpihhh!! " Bizarrement, passé 27 ans, ces profils ont disparu du paysage, et se sont transformés...On va voir en quoi.
Bref, la jeune Claire, caricature complète dont il vaut mieux rire que pleurer de ce genre de créatures jeunes et motivées, vit son destin grandiose à Nutribel. Elle sort de l'Ecole (avatar d'HEC), où elle a rencontré son copain, Antonin, cheval de course dressé à la réussite sociale par sa famille de bonne bourgeoisie parisienne. Claire, elle, a un défaut de fabrication: c'est une provinciale d'Agen...Elle n'est pas tout à fait du sérail, elle a réussi ses études à la force du poignet. Les amis de ce couple brillant sont des amis de promo, qui se retrouvent fréquemment pour comparer leurs réussites et leurs divers "projets", projets professionnels, projets vacances, projets mariages, projets enfants etc...Tout doit être parfait. Stéphanie Dupays, l'auteure, manie à la perfection la novlang de ces bébés robots.
Chez Nutribel, c'est génial, Claire est sur un projet top, Love your Health, en anglais bien sûr, pour que l'image de l'entreprise reflète les préoccupations santé de la clientèle, pardon, du consommateur. Sa n+1, le jour de la présentation, doit s'absenter rapidement pour bébé malade, et Claire la remplace au pied levé...Avec un trop super Power Point en trois D, elle impressionne le numéro 2 de la boîte, qui n'a qu'un mot à la bouche : "brillante !" Oups ! La chef De Claire, revenue entre temps, a entendu...D'abord, Claire jubile, elle croit que la chef va être contente pour elle...Pauvre Claire...Elle n'a pas appris à l'Ecole que derrière un cadre trop dynamique de Nutribel de plus de 27 ans se cache un être humain, du genre prêt à tout s'il se sent mis en danger par des petits jeunes...Claire va avoir de gros soucis...
C'est un roman qui se lit vite mais qui reste dans la tête, car derrière la caricature se cache la triste réalité d'un certain monde du travail, ici présenté à la manière de 1984 d'Orwell. Big Brother (Nutribel) est partout, il s'insinue dans vos vies et vous surveille continuellement par mails et portables, dont les jeunes cadres ne décrochent jamais. Ces jeunes cadres sont présentés comme des robots ayant perdu quasiment tout lien avec les valeurs de base, amitié (tout est rivalité, aucune faiblesse admise), amour (relation fondée sur le mensonge et la non-connaissance de l'autre), reniement de sa famille (trop plouc pour Claire) etc...Une voix off récitant des sloggans publicitaires ponctue le livre, ainsi que les discours du PDG de Nutribel et du directeur de l'Ecole, tout à fait assimilables à des discours de propagande dictatoriale, et les gamins qui crient : youpihh ! Ils travaillent du matin au soir et n'ont que de petits week ends pleins de mails, mais c'est pas grave : youpihh !!
Quelque chose comme un cauchemar, finalement, avec de plus en plus de petites pilules pour Claire, comme dans le Meilleur des Mondes...
Une version bling-bling et plus satirique d'Extension du Domaine de la Lutte, mais soulevant les mêmes problèmes de la souffrance au travail et plus globalement existentielle de la femme et de l'homme modernes. Et c'est pas trop top.
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Brillante... le titre s'applique autant à l'héroïne, une jeune femme intelligente et douée à qui tout réussit, qu'à sa vie parisienne clinquante au sein d'un microcosme privilégié et formaté, voire même qu'à l'histoire dans son entier, qui raconte (brillamment) les petites mesquineries et les grandes souffrances d'un certain monde du travail...

Ce livre me parle d'autant plus que je me reconnais un peu en Claire. Comme elle, j'ai fréquenté « L'Ecole » alors que je venais de province et ne connaissais pas les codes de la bourgeoisie parisienne. Comme elle, j'ai été fière d'avoir un bon job et d'être débordée. Comme elle, j'ai eu des difficultés (pas les mêmes) et me suis sentie complexée face à mes anciens camarades qui tous réussissaient (ou le cachaient).

La description de ce monde fait d'apparences, où toute faiblesse se doit d'être dissimulée, m'a semblé juste. de même pour la cruauté et la concurrence impitoyable qui règnent parfois en entreprise. Ou encore pour la dégringolade De Claire qui perd toute son identité en même temps que les missions clés de son job.

Pour autant, la fin m'a laissée sur ma faim. Elle est certes plausible mais un peu trop pessimiste à mon goût. Car même la jeunesse dorée peut gagner en humanité et en personnalité au fur et à mesure qu'elle grandit et mûrit... non ?
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critiques presse (1)
Culturebox
18 janvier 2016
Un premier roman convaincant.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Le DRH lui demande pourquoi elle a inscrit « Littérature » dans la case Loisir de son CV. Claire désamorce immédiatement la présomption d’intellectualisme car dans l’entreprise s’adonner à une activité aussi inutile que la lecture vous classe dans la catégorie des intellectuels non assimilables à la chaîne de production : « La narration est au cœur du marketing. Les consommateurs n’achètent pas du soda, du café, de la lessive, ils achètent une belle histoire. »
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Claire tire Antonin par la manche : « Viens je vais te présenter quelqu’un. » Voici Thomas Lefranc qui s’avance vers eux. Lui aussi a fait l’École, une année plus tôt. Il serre la main d’Antonin, embrasse Claire. « Belle performance, tu peux être fier d’elle. » Le champagne n’a jamais semblé aussi délicieux à la jeune femme. Thomas continue de plus belle. « Elle ne t’a pas encore dit ? Cet après-midi Claire a présenté à toute la boîte le projet Love your health, devant tous les big boss de Nutribel. Elle a tapé dans l’œil de Frédéric Feld, le n°2 de la boîte. » Non, elle ne le lui avait pas dit. Elle souhaitait attendre le moment idéal pour ménager ses effets. Finalement, c’est peut-être mieux ainsi : c’est si jouissif d’entendre un collègue vanter sa performance à l’être aimé ! L’image qu’un couple projette sur autrui, ça compte beaucoup et elle croque résolument la coque caramélisée d’un bonbon foie gras framboise. Très bel équilibre entre l’onctueux et l’acide.
À quelques pas, le directeur financier explique à un groupe de hocheurs de têtes, chiffres à l’appui, comment la France peut retrouver la croissance. Tout en s’appuyant d’une main sur le buffet pour soulager son dos mis à mal par la cambrure excessive imposée par ses escarpins, Claire attrape un petit-four au design futuriste. En un coup d’œil, elle sélectionne celui qui présente le moins de risque social : pas d’herbe qui se coincerait dans l’émail, pas d’architecture alambiquée susceptible de glisser et tacher, pas de saumon qui laisse l’haleine chargée. Toujours tout contrôler. Et vérifier de temps à autre sur son miroir en ouvrant discrètement son sac à main. Tout va bien. Elle échange un regard de connivence avec Antonin. Comme une douce mélopée, leur parviennent les échos de la voix du directeur financier qui continue à créer du PIB, à remettre la France au travail et à résorber la dette. Ils ont à peine vingt-cinq ans et le monde leur appartient. (p. 10-11)
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Chez Nutribel, le management a réussi ce tour de force : le salarié va de son plein gré au-delà de la relation contractuelle avec le groupe, le surmoi a remplacé le contremaître, la passion pour l’entreprise le pousse à s’investir avec une intensité infiniment supérieure à ce qu’il aurait fait sous la contrainte. Le salarié donne tout à l’entreprise car il s’identifie totalement à elle, se fond en elle. Il n’est pas contre l’entreprise, il est l’entreprise. Plus elle avance dans son étude, plus Claire pense que les cadres épuisés constituent le cœur de cible. Et parmi ceux-ci, une catégorie retient son attention : la jeune femme active, l’équilibriste qui veut tout, les enfants et la carrière, le mari et l’amant, les responsabilités sans renoncer aux soirées entre copines. La working girl cumulant une vie professionnelle intense et la gestion de l’entreprise familiale est une cible de choix pour Nutribel.
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"Et toi ça va ? Tu as l'air fatiguée, trop de travail ?" Claire hésite. "Oui, comme toujours." Elle n'ose pas faire tomber le masque. "Nous préparions un week-end à Copenhague. Antonin va faire une mission là-bas. Sa boîte envisage une fusac et je le rejoins un week-end. - Une quoi ? - Une fusion-acquisition." Claire répond à mi-voix. Elle n'aurait pas dû employer cette abréviation qui souligne qu'elle et sa sœur ne vivent plus dans le même monde. Un monde où la langue n'a plus d'importance, où toute l'activité est orientée vers le présent et l'opérationnel. C'est peut-être ça, l'usage des mots, qui les a le plus séparées. Juliette se moquait sans cesse des expressions importées de l'entreprise contaminant le langage de sa sœur. Comme ce jour où Claire lui a proposé de "débriefer" la séance de ciné devant un verre. Juliette était partie dans un fou-rire : "Non, non, on va pas débriefer, on va simplement papoter."
"Une no man's langue", disait-elle. Claire fait attention aux mots qu'elle choisit mais elle finit toujours par commettre une erreur. "Performer", "impacter", "meeting" sortent de sa bouche inévitablement. C'est irrépressible. "Céder sur les mots, c'est céder sur les choses", Juliette prononce souvent cette phrase. Claire trouve la citation sentencieuse. Mais en y repensant, elle se dit qu'elle a raison, les mots ne sont pas anodins. Employer dans la vie de tous les jours le vocabulaire du marketing, c'est se réduire à n'être qu'un cadre de Nutribel dans tous les moments de sa vie. "Gérer" sa vie, "se mettre sur le marché" pour qualifier l'état de recherche amoureuse, l'entreprise modèle nos paroles et nos comportements.
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Les règles du jeu ont changé. L’enjeu ne se situe plus dans les matières scolaires. À l’École, tous les étudiants admis seront diplômés et les notes ne sont pas communiquées aux employeurs potentiels. Au contact d’Antonin, Claire comprend qu’elle s’est trompée de cible. Ce ne sont plus les examens qui départagent les futurs aspirants à l’emploi. Sur le campus, le bon élève sérieux doit opérer sa mue en professionnel sociable et compétent. Le savoir-être compte plus que le savoir, et il ne s’apprend pas sur les bancs des amphis, mais dans les « assoces », les fêtes du jeudi soir – les Pow – ou l’élection du Bureau des élèves. La compétition s’est déplacée de l’excellence scolaire à l’habileté sociale.
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Stéphanie Dupays vous présente son ouvrage "Comme elle l'imagine" aux éditions Mercure de France.
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