Je ne veut pas savoir quel salaud Peter a été. Je ne veux pas savoir quel bourreau loge en lui. On est tous susceptibles de tuer avant d'embrasser la tête de son enfant.
On est toujours rattrapé. Où qu'on aille, quoi qu'on fasse, la vie vient vous saisir par le col et vous enseigner qu'on ne se dérobe pas.
C'est une décision l'amour. Le ciel peut être une couverture de plomb ou l'écho du large, c'est à nous de choisir.
Les hostilités sont comme des maladies contagieuses, un virus difficile à endiguer.
Je crois que c'est ce qu'on voit chez l'autre quand on l'aime vraiment, sa part d'enfance, ce qui n'a pas été corrompu.
Elle a toujours eu l'amour inquiet. "C'est dur, tu sais, de te savoir en danger." Je lui dois bien ça, prendre le temps de dédramatiser les infos, la guerre télévisuelle. "Ils ne montrent que le pire Maman, tu le sais depuis le temps." Elle ne s'habitue pas, elle laisse la lumière du couloir allumée comme lorsque j'étais petite, mes fantômes la rassurent, ils peuplent sa solitude quand je suis sur le terrain.
C'est rassurant un corps, les pieds bien ancrés dans la terre, des mains pour saisir son destin. Ne dit-on pas "à bras-le-corps" comme s'il nous enjoignait d'empoigner nos vies ?
La solitude noyée dans le travail. Je n'espère pas l'amour, les humanitaires n'en ont pas le luxe, je le sais.
Je déteste dire au revoir, voir les autres s'éloigner, fermer la porte sur eux. Je cours toujours après le dernier moment, je cherche à les retenir, fixer leur présence. Ce serait formidable de réussir à s'attacher à l'aura des êtres aimés. Ils continueraient à flotter discrètement autour de nous jusqu'au retour de leur propriétaire. On disposerait d'eux selon notre bon vouloir, nos besoins.
On est ensemble, quelque part dans le monde, c'est le concept.