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Critique de michelangelo


La seconde guerre mondiale est terminée. Cela n'empêche pas quelques ondes de choc dont nos héros, et Marie la première (l'orpheline du Bois des Loups), vont subir le contrecoup. Délation, lapidation des collaborateurs, vengeances, tickets de rationnement, vont être le lot commun pendant quelques années encore.
Marie est installée à Aubazine, tout près de l'orphelinat où elle a grandi. Son second mari, le docteur Mesnier, est un homme aimant et respecté de toute la population. Les enfants de Marie ont grandi et sont engagés dans leur projet de vie individuel. Pourtant, Marie ne peut résister au charme de la petite orpheline Mélina qui ressemble tant à cette amie intime perdue tragiquement pendant l'Occupation, Léonie.
C'est avec plaisir qu'on suit l'histoire de cette famille, de ces lieux si parfaitement décrits. Marie a gagné en maturité. La vieille Nanette, sa mère adoptive, veille sur tous avec son bon sens et ses répliques bourrues mais dénuées de méchanceté. le docteur Mesnier est le parfait notable et brave homme qui plaît tant à Marie. Les enfants font des choix de vie personnels et seule la belle mais troublante Mathilde empruntera les chemins les plus tortueux. Marie est de plus en plus sensible à l'appel de la religion et se montre très pratiquante. Toute la famille va à la messe le dimanche et la prière est un passage obligé pour aider à résoudre bien des problèmes. La saga n'évite pas un conformisme de bon aloi, probablement assez normal à une époque où, comme toujours après un cataclysme, on part à la recherche de valeurs sûres pour repartir sur le chemin de la vie d'un pas assuré.
L'auteure est experte dans l'art de raconter une histoire dense avec des personnages attachants et hauts en couleur. Parfois le trait est un peu caricatural, mais le lecteur prend un réel plaisir à suivre l'évolution des uns et des autres au fil du temps. Ces personnages nous deviennent proches, tout comme dans la série de l'écrivain canadien Michel David, La Poussière du Temps. le tourbillon de l'Histoire façonne les individus autant que les rencontres et les méfaits du temps qui passe. Les actes posés attendent une réponse, une rédemption ou une punition (justice divine ou humaine).
La force de ce genre de littérature est évidemment de projeter le lecteur dans un univers où il ne peut que s'identifier. L'émotion jaillit alors et parfois la larme n'est pas loin pour les plus sensibles. C'est une lecture facile, même s'il faut, pour arriver à l'épilogue, parcourir plus de huit-cents pages qu'on déguste avec une forme de plaisir égoïste, replié sur soi pendant de longues heures délicieuses.
Les détracteurs auront beau jeu de prétendre que ce roman en deux parties joue sur la sensiblerie, les clichés, la pauvreté du style. Je pourrais leur répondre que l'écriture est multiple et que sans être une grande oeuvre littéraire, cette saga familiale parle à tous un langage universel, celui de l'Humanité qui nait, vit, souffre et meurt. Il est donc possible de trouver entre les lignes des réponses ou des pistes à nos propres problématiques pathétiquement humaines.
Le succès de Marie-Bernadette Dupuy est bien là. Elle nous présente un miroir devant lequel chacun peut se regarder s'il le souhaite. Puis s'interroger, transposer et peut-être résoudre certaines énigmes qui relèvent de choses plus complexes que de l'apparence.
Quant au style, il revêt bien des facettes, et la richesse du phrasé n'a d'autre intérêt que de servir un vrai contenu. A ce titre, Marie-Bernadette Dupuy nous sert une prose où jaillit parfois une poésie limpide et cristalline comme une eau de source qui crépite sur les galets parfaitement polis du ruisseau fougueux qu'elle a fait naître tout en jouant avec les éclats de lumière du soleil, seul maître du temps.

Michelangelo 5/03/2021

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