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Critique de JBLM


JBLM
10 septembre 2022
On m'avait prévenu : "Marguerite Duras, on adore ou on déteste, y a pas d'entre deux." Au moins, maintenant, je sais à quel camp j'appartiens.

Par où commencer dans ce livre heureusement petit, où je n'ai pas franchi une seule page sans laisser échapper au moins un soupir, parfois même une exclamation d'exaspération ? D'abord, c'est le flou le plus absolu. Les personnages ne sont pas des acteurs fixes et indépendants, mais des entités qui se confondent et se séparent en permanence. Les dialogues laconiques sont invraisemblables ou n'ont aucun sens, alors que seul un personnage, qui n'est pas le narrateur, possède l'excuse de la folie. le narrateur, dont on met un temps infini à apprendre qui il est au juste, admet inventer au moins autant qu'il rapporte (on a envie de lui dire "reviens nous en parler quand tu sauras ton histoire au lieu de jouer au téléphone arabe"). L'abstrait le plus alambiqué côtoie le trivial le plus grossier, en contournant soigneusement, au lieu de l'emprunter, cet espace intermédiaire méprisable du réel. C'est extrêmement frustrant. On passe son temps à rechercher dans ce qu'on a déjà lu le référent de tel pronom, on ne le trouve pas, on espère avoir l'explication plus loin, et non, une autre énigme syntaxique, et c'est reparti ... On nage dans la mièvrerie la plus totale, avec des atermoiements absurdes de bourgeois oisifs qui se reçoivent à dîner, qui commentent leurs jardins et qui couchent ensemble avec la tête ailleurs pour pimenter la traversée de l'existence, qui se montent la tête entre eux sur des souvenirs fondés sur des "peut-être". On abuse du générique, "la vie", "le monde", "le temps", pour se donner un semblant de profondeur. On déconstruit les phrases comme si le talent de l'écrivain était proportionnel à l'imperméabilité de son style. On n'en retire rien, à part quelques jolis effets d'harmonie qui ne veulent rien dire, cachés au milieu d'agencements malheureux. de la dentelle sur la forme, de la guimauve sur le fond. Franchement, sachant que ce n'était pas un premier roman, il a été difficile (et ça l'est encore) de ne pas accuser d'imposture un écrivain bien installé dans le petit monde intellectuel parisien, qui savait que ça se vendrait de toute façon. Mais je ne veux présumer de rien.

L'incipit était au programme de l'oral de français lorsque j'ai passé mon bac il y a bientôt 10 ans. Je pense avoir gagné en maturité en tant que lecteur, et pourtant, le constat était et est toujours sans appel : je ne comprends rien à ce truc, et j'ose affirmer que l'archi-majorité des lecteurs qui se répandent en louanges n'y comprennent rien non plus. Comment peut-on seulement penser à inclure une "oeuvre" pareille dans un examen où il est déjà considéré comme remarquable de comprendre un texte structuré et explicite ?

L'antithèse absolue de ce que j'attends en littérature, le genre de livre qui vous incite à arrêter de lire. Mais j'ai vu qu'il y a de la concurrence de nos jours, donc, qui sait, dans 10 ans peut-être, je relirai cela avec un peu moins de déplaisir, sinon plus d'indulgence.
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