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Critique de Herve-Lionel


N°1851 – Mars 2024.

Le vice-consul – Marguerite Duras- Gallimard.

Ce roman est raconté par un narrateur anonyme et par l'écrivain Peter Morgan mais c'est avant tout une galerie de portraits. Nous sommes à Calcutta en 1930 au début de la mousson et l'ombre d'une mendiante plane sur tout ce récit. Cela correspond à un épisode obsédant dont Marguerite Duras a été le témoin dans sa jeunesse, la vente de son enfants par une femme trop pauvre pour le nourrir. La mendiante se mêle aux lépreux de Calcutta où se termine son long et misérable voyage à pied.
Le vice-consul ensuite, c'est à dire le consul en second , Jean-Marc de H., individu solitaire, précédemment en poste à Lahore, déplacé à Calcutta dans l'attente d'une nouvelle affectation. Cette mesure, de nature disciplinaire, lui a été imposée pour avoir ouvert le feu sans raison sur des lépreux dans les jardins de Shalimar. Il a reconnu les faits mais ne les explique pas. L'ambassadeur Stretter est en charge de ce dossier difficile que défend sans grandes convictions Charles Rossett.
Personnage mystérieux que ce vice-consul, esseulé certes mais surtout différent des autres européens dans cette région de l'Asie. Il parle beaucoup, surtout quand il est saoul et prétend être vierge, c'est à dire que malgré ses quarante ans il n'a jamais touché une femme. Il est surtout fasciné par Anne-Marie Stretter, l'épouse de l'ambassadeur de France. Je me suis demandé pourquoi cette femme était à ce point fascinante. Plus jeune que son mari qui était conciliant, elle le suivait dans ses différents postes et sa situation d'épouse lui donnait une aura particulière qui s'ajoutait à sa beauté et à son maintient qui la faisaient être le point de mire de tous les hommes. Ils la regardaient avec l'envie de la posséder parce que c'est souvent ainsi que réagissent les mâles. Ils le faisaient d'autant plus aisément que sa réputation la précédait, celle d'une femme qui, lorsqu'elle croisait un homme jeune et inconnu, n'avait de cesse que de le mettre dans son lit pour une unique étreinte, une femme libre face à un mari complaisant et résigné, écrivain frustré qui a cessé d'écrire sur les injonctions de son épouse, désireuse sans doute qu'il ne lui vole pas la vedette, d'autant que ses rides commencent à se voir sous le fard et que, l'ennui s'insinue dans sa vie malgré ses toquades et les réceptions arrosées de l'ambassade. Il a obéi parce qu'il est désireux de la garder auprès de lui pour le rassurer. C'est la deuxième femme de ce roman et elle entretient cette cour autour d'elle. Cela la flatte d'être ainsi entourée d'hommes. C'est donc de cette femme que le vice-consul a entraperçue de loin au début et dont il est épris mais une bonne dose de timidité le fait se tenir loin d'elle qui attendrait sûrement autre chose à l'exception d'une danse. Il s'en tiendra au fantasme qu'elle lui inspire, en souffrira sans pouvoir faire autrement et pourtant il a une réelle attirance pour elle. Pour ma part je le tiens pour un personnage relativement secondaire contrairement à ce que le titre laisserait à penser. Il est, administrativement un agent secondaire ce qui répond à son rôle auprès d'Anne-Marie. Pour moi le vrai personnage de ce roman est Anne-Marie Stretter, à la fois complexe et contradictoire qui est entourée d'une sorte de halo de mystère puisqu'à son sujet on ne sait pas autre chose que des on-dits..
Charles Rossett est un jeune fonctionnaire nouvellement arrivé et qui, évidemment fait partie des adorateurs d'Anne-Marie et deviendra comme d'autres peut-être un de ses éphémères amants ? de cela nous ne sauront rien tout comme de cette sordide affaire qui a valu au vice-consul son déplacement à Calcutta. Il devrait sans doute y avoir une enquête judiciaire mais on n'en parle même pas. Tout cela m'a laissé un peu sur ma faim tout comme le style que je ne goûte guère. C'est sans doute l'émanation des thèmes chers au « Nouveau roman » qui a voulu remettre en cause les bases traditionnelles du roman classique.
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