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Critique de djathi


Quelle bonne idée j'ai eue d'avancer dans l'oeuvre de Duras ces jours-ci où la canicule force au ralenti , propice donc aux lectures d'ambiance où on prend son temps en s'installant confortablement .
Nous voilà au sein d'un groupe d'amis , jeunes intellos en couples pour la plupart en vacances estivales . C'est l'Italie . Entre mer et montagne . Il fait chaud. Les filles sont belles . On "farniente " dur et grave tout en se donnant du courage pour continuer en buvant Bitter campari sur Bitter Campari . Parce qu'il en faut du courage pour se laisser aller à être soi quelquefois dans ces parenthèses de vie que constituent les vacances qui peuvent devenir rapidement l'enfer sur terre .
Et bien sûr les tensions s'exacerbent dans ce climat de touffeur et d'inertie . On se regarde autrement . On hésite entre le délitement du couple ou remettre un petit coup de braise sur la flamme vacillante . Et puis il n'y a pas grand chose à faire dans ce village du bout du monde , à part faire l'amour ou la guerre et jouer aux boules le soir . Tout tourne au ralenti , la lassitude s'installe .
Heureusement l'arrivée de "l'homme " sur son bateau à moteur , inconnu au "bataillon" apportera une bouffée d'oxygène ainsi qu'un danger potentiel .Mais dès lors une nouvelle dynamique se crée , le désir se réveille , jalousie et séduction en fil directeur de tous les émotions qui se réveillent simultanément .
L'homme restera pourtant l'homme ....Sans identité précise . Au milieu de Sara , Jacques , Diana, Gina et Ludi . Parce que c'était lui mais que ça pourrait être un autre bien sûr .
Heureusement aussi il y a le vieux et la vieille dans la montagne . Des inconnus eux aussi , venus chercher la dépouille de leur fils mort par accidents lors d'un déminage . On se réunit autour , on cherche à comprendre le refus de la vieille de signer l'acte de décès , ça fait diversion et permet de tenir en respect ses affects de la journée ....
Peut-être pour oublier le regard de l'Homme sur Sara pour Jacques , Peut-être pour oublier sa colère , pour Gina qui semble ne plus savoir aimer Ludi autrement ,peut-être pour oublier les trahisons à répétitions de Jacques pour Sara ...Ou peut-être pas ...
Quatre journées sur un rythme languissant dans une ambiance oppressante où rien ne semble réel ...Et où l'ennuie pèse dangereusement .
Alors oui Duras s'affirme , plus encore que dans le marin de Gibraltar . Sa griffe s'émancipe : tout en gardant un classicisme dans le fond ,elle ose quelques barbarismes et solécismes savoureux , elle use de la répétition pour enraciner quelques informations " peut-être " ,' Bitter Campari " , elle déplace la psychologie des personnages de la parole à la sémiotique et c'est là son plus grand talent ....Rien n'est donné dans les normes habituelles pour le plus grand plaisir du lecteur qui aime à déchiffrer autrement que par les artifices ou codes habituels .
Alors oui je tiens ce roman pour meilleur que le marin de Gilbratar encore . L'univers DURASSIEN prend forme !
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