Marguerite Duras a l'habitude d'écrire des livres courts et "
Le marin de Gibraltar" est une exception. J'aime beaucoup ce roman de voyage dans lequel revient des thèmes chers à mon auteure préférée. le cadre d'abord avec l'Italie sous le soleil, la difficulté des rapports amoureux, le bal et les milieux populaires, le ministère des colonies où elle a elle-même travaillé...
Exceptionnellement le narrateur est un homme. Dans la première partie du roman il est en vacances à Florence avec sa compagne Jacqueline qu'il a connu au travail puisqu'il partage le même bureau du service de l'état civil au ministère des colonies. C'est l'occasion pour le jeune homme de 32 ans de prendre de grandes décisions qui vont changer sa vie.
Il rencontre un ouvrier qui va lui proposer d'aller au bord de la mer. C'est là qu'il va quitter Jacqueline et partir avec Anna, richissime veuve qui voyage sur son yacht à la recherche du marin de Gibraltar, amour perdu et quête de sa vie.
Marguerite Duras a l'art de nous faire prendre conscience du temps qui passe
En quelques heures la vie du narrateur va être bouleversée. Elle sait aussi raconter les moments où il ne se passe rien. Mais Anna n'est pas une bourgeoise oisive, elle veut mener sa vie comme elle l'entend.
En Fonction des informations reçues par ses anciens navigateurs (car c'est aussi une histoire de marins), ils vont faire des escales pour tenter de retrouver
le marin de Gibraltar : Sète, Tanger puis le Dahomey à l'époque où le Bénin était encore une colonie française.
Dans cette quête, on retrouve aussi le rapport amoureux à trois. le fait que
Marguerite Duras ait partagé sa vie avec Dionys, son amant, alors qu'elle était encore mariée à
Robert Antelme y est pour quelque chose.
Le narrateur va aimer cette femme même si elle est à la recherche d'un autre. Grâce à elle, il veut écrire un roman américain.
Pourtant la dernière partie de ce roman a un peu rompue le charme. Les personnages quittent le bateau pour se retrouver sur la terre ferme en Afrique. de là la narration est totalement transformée.
Beuverie dans les bars et discussions burlesques entre les sauriens et la chasse aux koudous.
J'ai trouvé que la recherche du marin de Gibraltar devenait secondaire, même si on retrouve l'humour de
Marguerite Duras. C'est comme une mise en abyme avec un livre dans le livre. J'ai eu le sentiment que toute cette partie avait été rajoutée d'autant plus qu'elle fait référence à
Ernest Hemingway que
Duras admire. D'ailleurs elle dit qu'elle a écrit ce roman pour lui, en référence à « Green Hills of Africa » récit romancé et autobiographique publié par
Hemingway en 1935.
Et puis, la fin est magnifique comme je m'y attendais.
Lu en juin 2018