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Critique de meelly


meelly
08 septembre 2012
Depuis toujours, Marc — journaliste qui a notamment couvert la guerre de Yougoslavie — est passionné par le destin des enfants de criminels de guerre comme Gudrun, la fille de Himmler, le chef de la Gestapo, qui n'a cessé durant toute sa vie de défendre l'idéologie nazie ; ou encore Niklas Frank qui a toujours dénoncé dans son oeuvre littéraire les agissements de son père. Marc est hanté par le suicide de Anna Mladic, la fille du commandant en chef des forces serbes durant le siège de Sarajevo, accusé de génocide. Cette jeune femme, étudiante en médecine qui a toujours vénéré son père, s'est donné la mort avec le pistolet préféré de ce dernier. En 2010, alors que sa vie personnelle s'émiette, il décide de s'envoler pour Belgrade afin de comprendre qui était Anna et pourquoi elle a décidé de mettre fin à ses jours. Marc va ainsi rencontrer quelques-uns des plus proches lieutenants du Général Mladic, et comprendre que les Serbes de cette toute petite République Serbe de Bosnie estiment avoir gagné la guerre et qu'ils continuent aujourd'hui à se battre contre les Musulmans. Car ils sont convaincus d'une chose : « ils sont le dernier rempart pour protéger l'Europe de la barbarie musulmane ».

MON AVIS : C'est la première fois que je me plonge dans l'universde Lionel Duroy. Vous vous demandez sûrement comment j'ai pu passer à côté d'un tel auteur, puisque « l'hiver des hommes » est au moins le dixième roman de Lionel Duroy. Et bien figurez-vous que moi aussi, je me pose la question, et que je compte bien rattraper mon retard et lire rapidement plusieurs de ses livres ("Priez pour nous" et "Le chagrin" figurent depuis peu dans ma PAL). Vous l'aurez compris, j'ai vraiment apprécié ce livre. Pourtant, il est vrai que le sujet n'est ni simple, ni drôle. Mais Lionel Duroy possède au bout de sa plume deux qualités rares : l'empathie et l'humanité. Il ne juge jamais les personnes qu'il rencontre. Pourtant, certains d'entre eux ont commis des atrocités, d'autres les ont laissés faire. C'est ce parti-pris de ne pas juger cette empathie qui permet au lecteur de s'immerger dans l'histoire douloureuse de ces peuples, sans aucune arrière-pensée et qui lui permet de tenter, lui aussi, de comprendre. J'ai été particulièrement touchée par le thème central du livre qui approfondit le lien de filiation et la transmission de l'héritage idéologique. Comment un enfant de bourreau peut-il se construire, évoluer, grandir ? Quel choix s'offre à lui : vénérer son parent et adopter ses idées, le renier, ou choisir de ne justement pas choisir, et se donner la mort comme l'a fait Anna la fille du général Mladic. Bien sûr, l'auteur n'apporte pas de réponse, mais il offre au lecteur une magnifique scène, un dialogue imaginaire entre Anna et son père, qui explique en filigrane ce que peut ressentir un enfant de bourreau. Il est vrai que la lecture de ce livre peut parfois être ardue tant il recèle de personnages, de faits et de dates, mais ce récit mérite vraiment que l'on s'y attarde et que l'on prenne le temps de comprendre ces hommes, et leur histoire, car c'est aussi de l'histoire de l'humanité qu'il est question.
Lien : http://www.meellylit.com/
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