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Critique de MaminouG


Malgré ses seules 140 pages, je n'ai pas lu le premier roman d'Elisa Shua Dusapin "Hiver à Sokcho", aussi rapidement que je l'imaginais. Les phrases sont courtes, les mots sont simples et je me suis laissée envahir par un calme, une sérénité, un besoin de respiration.
Sokcho est une petite ville de Corée du Sud, proche de la frontière avec sa voisine du Nord. C'est l'hiver, il fait froid et il ne se passe rien dans cette station balnéaire. Rien, si ce n'est une rencontre : celle d'une jeune franco-coréenne et d'un dessinateur de bandes dessinées venu chercher l'inspiration depuis sa Normandie natale. Ainsi annoncé, le sujet semble bien fade, trop banal, quelque peu éculé et pourtant…
C'est un roman sur le fil, toujours aux confins du non-dit. L'amour reste en filigrane, jamais évoqué et pourtant présent, surtout ce désir que l'on devine entre Yan, le dessinateur et la narratrice. Rien n'est dit non plus des conflits politiques, juste suggérés lors d'une balade. Les dialogues se suivent sans fin, tout n'est pas dit des différences de culture, les mots restent en suspens et les gestes arrêtés.
Il m'est tellement difficile de dire pourquoi j'ai tant aimé ce récit. Il est difficile de trouver les mots pour traduire cette boule dans la gorge devant tant de beauté. Les mots, les phrases pour dire les lignes, celles des dessins de Yann, celles de la frontière au loin entre le Nord et le sud, juste aperçue d'un promontoire, celle du bord de la plage, celle invisible des origines, celles des poissons découpés en lamelle. Et puis il y a le silence, la lenteur, le froid et le gel, tout cela relayé par une écriture coruscante. le corps est évoqué, souvent, chaque partie, sans jamais aller au-delà. le texte baigne dans un halo, une brume matinale, derrière une mousseline qui en estompe les contours. Une dentelle enveloppe les personnages qui vaquent pudiques, fragiles et muets.
Et quand le poisson est prêt, l'hôte est déjà parti, s'est évaporé. Seul un carnet de croquis est resté.
Brillantissime !
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