AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de La-page-qui-marque


Nathalie vient de terminer ses études de costumière. Elle a obtenu un petit contrat auprès d'un trio de barre russe. Elle arrive à Vladivostok et rencontre Anton et Nino les porteurs ainsi qu'Anna la voltigeuse. Il y a aussi Léon, le chorégraphe. Elle découvre le milieu si particulier du cirque avec ses codes et ses règles. La barre russe est une discipline extrêmement risquée qui nécessite une parfaite coordination des trois membres. Anna doit avoir une confiance totale en ses porteurs car sa vie en dépend. Nino et Anton sont les meilleurs dans le domaine et ils espèrent remporter le concours internationale d'Oulan-Oude en visant quatre triples sauts périlleux sans descendre de la barre. C'est pour cet événement qu'ils ont besoin des talents de costumière de Nathalie.

La barre russe est un numéro extrêmement dangereux. Il s'agit d'une barre de trois mètres de long tenue par deux porteurs et sur laquelle un acrobate effectue des sauts périlleux. Ce dernier n'est pas assuré donc il doit faire entièrement confiance en ses porteurs et en lui même.

Seul dans un cirque vide aux odeurs d'animaux pourtant absents, les personnages vont tenter de composer le numéro parfait. Au fil des jours Nathalie découvre leur histoire, les liens qui les unissent mais surtout les silences qui les entourent. L'autrice montre la difficulté de comprendre les autres et de se faire comprendre par les autres. Elle rend très bien compte des silences, des non-dits et des phrases assassines qui polluent notre rapport aux autres. Les différences de culture et les blessures du passé de chacun viennent contrarier les rapports entre eux. Il faut décoder le mutisme et les colères, accepter les failles des autres. Entre les cinq personnages se développent des formes de liens très divers. A l'image de la barre si étroite, ils avancent sur un fil ténu pour maintenir la cohésion entre eux. Animés par un objectif commun, il y a néanmoins des moments de grâce où ils arrivent a coordonner leur énergie pour leur spectacle. Ce qui les relit, une recherche de performance et de beauté, est finalement plus fort que les différences et leur incompréhension.

L'écriture d'Elisa Shua Dusapin est en suspens. Elle n'en dit jamais trop mais juste assez pour que le lecteur saisisse l'enjeu. Il y a une forme de pureté aussi dans son écriture qui semble aérée. Tel Anna qui saute sans effort apparent, ses mots semblent couler d'eux même. C'est très beau.

L'ambiance du cirque nous est décrite de manière très différente des représentations que l'on en a. Il y a les paillettes, les lumières, la musique et les sourires forcés mais il y a aussi la sueur, les répétitions et la solitude des artistes. Loin de leur famille toute une saison il doivent composer avec la promiscuité forcée.

Un très beau roman qui me donne envie de découvrir les précédents écrits de l'autrice.

Merci aux édition Zoé pour cet envoi.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}