Citations sur Une aventure monumentale (16)
J'ai ainsi compris ce qui me touchait tant chez Mérimée : il avait renoncé à son œuvre pour sauver vos monuments tandis que Hugo, son rival de jeunesse, devenait un monument lui-même.
Ils vont se retrouver dans deux situations que tout oppose. Chacun d'un côté de la barricade, Hugo avec les insurgés, Mérimée avec la garde nationale. Hugo combattant de la liberté, Mérimée défenseur de l'ordre. Hugo républicain, Mérimée réactionnaire. Hugo en poète offensif, Mérimée en bourgeois conservateur. Et finalement, l'un proscrit, l'autre favori officiel du nouveau régime...
Jusqu'en 1848, pourtant, j'aurais été incapable de faire la différence entre leurs opinions.
« Un jour Prosper me demanda : - Vous n'avez donc aucun scrupule à dépouiller notre patrimoine ? - Aucun, mon ami ! Je n'allais pas me justifier en lui racontant que c'était pour moi le seul moyen de financer ma liberté. - Enfin, Emily, une personne qui a un sens artistique comme vous ! Fit-il espérant m'amadouer. Vous ne pourriez pas trouver une autre activité ? - Hélas, je ne sais rien faire d'autre ! Répondis-je sur le même ton. Et puis mes spoliations sont peu de chose à côté de ce que vous avez dérobé en Égypte ou en Italie, avec votre Napoléon... - C'était un butin de guerre ! - Le mien a le mérite d'être pacifique ! »
Avec ce livre (Notre-Dame-de-Paris), il (Victor Hugo) avait créé un mythe. Une cathédrale de poésie. Hugo avait imposé la puissance de ses images. Il s'était approprié le monument en le réinventant. La fiction avait pris le pas sur la réalité.
"Il y a deux choses dans un édifice : son usage et sa beauté ! Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde ! C'est donc dépasser son droit que de le détruire !"
J'arrivais trop tard, hélas, pour piller la Grèce ou l'Italie. Depuis plusieurs décennies, leurs plus belles antiquités étaient parties. Mais pour la France, c'était juste le bon moment.
Victor, qui à quinze ans, écrivait son premier roman en quinze jours, mettra dix-sept ans pour achever celui-ci. (Les Misérables) Ou plutôt pour le compléter. En adjoignant de nouvelles parties et de larges ajouts. D'un côté, cette intrigue très romanesque, riche en rebondissements… Et de l'autre, insérés dans le corps du texte, de longs plaidoyers qui dénoncent la misère et semblent s'adresser à des hommes politiques autant qu'au simple lecteur…
Haussmann n'y vas pas de main morte. Et il n'est pas du genre à infléchir son tracé pour éviter un édifice. C'est l'homme de la ligne droite ! Il perce direct et large.
Dans beaucoup de villes, les édiles voulaient installer les gares au cœur de leurs citées. Et pour offrir cet emblème du progrès à leurs concitoyens, ils étaient prêts à abattre tous les édifices qui faisaient obstacle.
En 1841, à sa quatrième, il (Victor Hugo) est enfin élu de justesse. Et bientôt, sur sa lancée, il entre, en effet, à la Chambre des pairs. Il y rejoint Lamartine, son aîné et son ami, qui s'y trouvait jusque-là très isolé. Victor se sent proche de ses prises de position : contre la peine de mort, pour l'éducation gratuite, pour la séparation de l'Eglise et de l'Etat… Quand on lui demande de quel parti il est, Lamartine répond avec fierté : le parti social.