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Citations sur Les femmes de droite (30)

En fait, avoir des enfants peut signifier plus de violence et de dépendance ; cela peut aggraver la situation financière d'une femme d'une famille ; cela peut affecter la santé d'une femme ou la compromettre d'une foule d'autres façons; mais avoir des enfants demeure la seule contribution sociale créditée aux femmes - c'est l'assise même de leur valeur sociale. Malgré tous les sourires publics de mamans heureuses, les mamans vivent en privé de sombres prises de conscience. Une de celles-ci est particulièrement inquiétante: sans les enfants, je ne vaux pas grand-chose. Elle est en fait plus dramatique, beaucoup plus terrifiante: sans les enfants, je n'existe pas.
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Si l'on s'en tient au cadre de la domination masculine, les femmes ont de bonnes raisons d'adhérer au judaïsme conservateur ou de droite ou orthodoxe ou d'adhérer au christianisme conservateur ou de droite ou fondamentaliste ou orthodoxe; et, dans le cadre de la domination masculine, les femmes ont de bonnes raisons d'haïr l'homosexualité, tant masculine que féminine.
Les femmes sont interchangeables en tant qu'objets sexuels; elles sont un brin moins jetables en tant que mères. Les femmes n'ont de dignité et de valeur qu'au titre de mères: c'est une dignité relative et une valeur bien faible, mais c'est tout ce que l'on offre aux femmes en tant que femmes. Avoir des enfants est la meilleure chose que peut faire une femme pour obtenir du respect et être assurée d'une place.
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Une autre discipline est essentielle à la pratique du féminisme et à son intégrité théorique : le constat ferme, sobre et soutenu du fait que les femmes forment une classe et partagent une condition commune. Il ne s'agit pas là d'un quelconque processus psychologique d'identification aux femmes parce qu'elles sont merveilleuses, ni de I'insupportable assertion qu'il n'existe pas de différences majeures et menaçantes entre les femmes. Ce n'est ni une injonction libérale à passer sous silence ce qui est cruel, méprisable ou stupide chez des femmes, ni l'impératif de fermer les yeux sur des idées ou allégeances politiques dangereuses chez elles. Cela ne signifie pas les femmes d'abord, les femmes meilleures, uniquemernt les femmes. Mais cela signifie que le sort de chaque femme - quelles que soient ses opinions politiques, sa personnalité, ses valeurs ou ses qualités - est lié au sort de l'ensemble des femmes, que cela lui plaise ou non. A un premier niveau, cela signifie que le sort de toute femme est lié au sort de femmes qu'elle n'apprécie pas personnellement. A un autre niveau que son sort est lié au sort de femmes qu'elle déteste au plan politique et moral.
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L'antiféminisme qui s'appuie sur la domination masculine naturelle soutient aussi que c'est naturellement que les hommes dominent le gouvernement, la politique, l'économie, la culture, l'État et la politique militaire, et que les hommes affirment naturellement leur domination en ayant entre les mains toutes les institutions sociales et politiques. Une femme-alibi ici ou là n'empêche en rien les clubs de pouvoir presque exclusivement masculins d'écraser efficacement tout espoir de véritable autorité ou influence pour les femmes. Une femme à la Cour suprême, une autre au Sénat, une première ministre, une cheffe d'État occasionnelle constituent moins des modèles qu'une rebuffade pour les femmes économiquement démoralisées, qui sont censées accepter ces alibis comme exenples de ce qu'elles pourraient être elles aussi si seulement elles étaient différentes - meilleures, plus intelligentes, plus riches, plus jolies, pas si empotées. Les femmes-alibis doivent multiplier les précautions pour ne pas offenser la conception masculine de la féminité, mais leur visibilité a inévitablement cet effet. Elles s'en tiennent donc au discours convenu sur la féminité, tout en supportant les critiques, puisque de toute évidence, elles ne sont pas au foyer en train de se faire baiser. La femme qui n'est pas une femme-alibi subit surtout de leur part une certaine condescendance, qu'elle ressent de façon aigüe et répétée puisqu'on désigne toujours ces femmes pour lui prouver que sa situation n'est pas le fait d'une société qui l'exclut.
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Les filles de la gauche contre-culturelle avaient tort: pas à propos des droits civiques ou de la guerre du Vietnam ou de l'impérialisme amérikain, mais à propos du sexe et des hommes. Le silence des mères dissimulait sans doute un savoir réel ,brutal, dépourvu de sentimentalisme sur les hommes et sur le coït, et la bruyante sexualité des filles dissimulait une ignorance romantique.
Les temps ont changé. Le silence a été rompu -ou du moins, certains pans du silence. Les femmes de droite qui défendent la famille traditionnelle occupent la place publique: elles parlent fort et elles sont nombreuses. Elles dénoncent tout spécialement l'avortenment légal, qu'elles abhorrent; et ce qu'elles en disent reflète ce qu'elles savent au sujet du sexe. Elles savent des choses terribles. Elles dénoncent systématiquement l'avortement parce qu'il est selon elles inextricablement lié à l'avilissement sexuel des femmes. Il serait naïf de penser qu'elles ont simplement raté le train des années soixante: elles ont tiré des leçons de ce qu'elles ont vu. Elles ont vu le cynisme des hommes utilisant l'avortement pour baiser plus facilement les femmes - d'abord l'utilisation politique de cet enjeu puis, après la légalisation, le recours concret à l'intervention médicale. Quand l'avortement a été légalisé, elles ont vu un mouvement social de masse visant à garantir aux hommes, à leurs conditions, l'accès sexuel à toutes les femmes - soit le déferlement de la pornographie; et oui, elles relient ces deux enjeux, et pas en raison de quelque hystérie. L'avortement, disent-elles, prospère dans une société pornographique ; la pornographie prospère dans ce qu'elles appellent une société de l'avortement. Ce qu'elles veulent dire, c'est que les deux réduisent les femmes à la baise.
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L'intelligence sexuelle serait sans doute plus semblable à lintelligence morale qu'à quoi que ce soit d'autre: un argument que les femmes tentent de faire valoir depuis des siècles. Mais, comme aucune intelligence n'est respectée chez une femme, condamnée au moralisme du fait d'être définie comme incapable d'intelligence morale, simple objet sexuel à utiliser, le sens que donnent les femmes à cette comparaison des intelligences morale et sexuelle demeure incompris. L'intelligence sexuelle s'affirme au moyen de l'intégrité sexuelle, une dimension éthique et pratique interdite aux femmes. L'intelligence sexuelle devrait être ancrée d'abord et surtout dans la possession légitime par la femme de son propre corps; or, les femmes existent pour être possédées par d'autres, à savoir les hommes, alors que la possession de son propre corps devrait être absolue et entière pour que l'intelligene sépanouisse dans le monde de l'action. L'intelligence sexuelle devrait, à l'instar de lintelligence morale, affronter les grandes ques tions de la cruauté et de la tendresse; là où l'intelligence morale doit se mesurer aux questions du bien et du mal, l'intelligence sexuelle devrait se mesurer à celles de domination et de soumission.
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Woodhull était convaincue que l'accès au marché de l'emploi libérerait les femmes de la coercition sexuelle. Elle avait tort ; le marché de l'emploi est devenu, par la volonté des hommes, un autre lieu pour l'intimidation sexuelle, une autre aire de danger pour des femmes déjà aux prises avec trop de dangers. Woolf misait sur l'instruction et l'art. Elle aussi avait tort. Les hommes effacent les oeuvres ; la misogynie les déforme ; l'intelligence des femmes est encore punie et méprisée.
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Si la force n’était pas essentielle, elle ne serait pas endémique
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Quand ils discutent des prétendues origines biologiques de la domination masculine, les mecs peuvent se permettre de se comparer à des babouins et à des insectes tandis qu'ils écrivent des livres et enseignent à l'université. Un professeur de Harvard ne refuse pas d'être titularisé sous prétexte qu'un babouin n'y a jamais eu droit.

- Les femmes de droite, p. 53
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Dans le marché de l'emploi, le harcèlement sexuel fixe irréversiblement le statut inférieur des femmes. Elles sont le sexe ; même quand elles font du classement ou tapent à la machine, les femmes sont le sexe. La violence débilitante, insidieuse du harcèlement sexuel règne sur le marché de l'emploi. Elle fait partie de presque tous les milieux de travail. Les femmes s'écrasent ; elles temporisent ; elles se soumettent ; elles abandonnent ; les rares femmes suffisamment braves luttent et se retrouvent piégées devant les tribunaux, souvent sans emploi, durant des années.
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