AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de brijouII


Trois heures… c'est le temps mis pour dévorer cette histoire, à la fois tableau d'une bourgeoisie hypocrite et coincée qui tourne au policier de façon quasiment imperceptible ; c'est là que se situe probablement toute l'adresse de son auteur pour qui il s'agit là d'une première oeuvre.
Madame, la belle quarantaine, est distinguée ; elle a un mari, deux grands enfants , une belle-mère insupportable, un beau-frère cynique, un bel appartement dans le XVII ème. Madame a à son service Henriette qui lui voue un respect et une fidélité sans faille. Madame tient une petite boutique de cadeaux.Madame vit , cela lui suffit. Sa vie est règlée, organisée, automatique, sans question. de tout manière dans ce milieu là on ne se plaint pas.
Monsieur, la belle cinquantaine, vit à côté de Madame ; il a une maîtresse depuis de nombreuses années ; mais cela personne ne le sait ;dans ce milieu là on tient çà pour soi. Monsieur a une vie règlée comme papier à musique : parti à huit heures, rentré à huit heures ; halte chez sa maîtresse trois fois par jour.Polo tous les samedis. Monsieur ne fait plus l'amour à Madame depuis… quand exactement… il y a si longtemps.
Virginie, la fille, mal dans sa peau ; fragile, sensible, vulnérable ; elle aime sa mère d'une façon irrégulière,par pulsion, par à coup,… Virginie cache un secret, une blessure, une meurtrissure,… mais de çà dans ce milieu là on n'en parle pas ; ça ne se fait pas.
Thomas, le fils, n'aime pas son père, mais chérit sa mère.Thomas est homo ; mais cela non plus personne ne le sait ; dans ce milieu là…
Bonne-Maman est une peste de première ; elle fait règner un ordre d'une autre époque; « il faut tenir son rang » ; elle déteste sa bru, une fille de la province ; elle déteste sa petite-fille, une malade nerveuse ; elle déteste son petit-fils ; mais elle vénère ses deux fils.
Voilà le tableau de famille dressé.Classique et conventionnel à souhait.
Et puis soudain tout cela va voler en éclat :
Madame va (enfin) rencontrer l'amour ; celui qu'on n'espère plus surtout passé quarante ans ; l'amour qu'on fait en plein après-midi, dans l'arrière-boutique, à même le sol, l'amour passionnel, sensuel, érotique,… Madame va se découvrir, elle va enfin vivre. Son amant c'est Olivier, prof de fac.Il a trente ans, il est beau, il fait si bien l'amour et il aime Catherine Salernes, Madame.
Cela aurait pu durer longtemps… Mais il y un un grain de sable dans la mécanique… un petit employé de banque amère, sec, impuissant, aigri, …
Il voue une admiration à Madame, jusqu'au jour il découvre qu'après tout c'est une « salope » comme toutes les autres.
Alors tout s'arrête et … commence le roman policier au bout de 122 pages ( le roman en compte 236).
Toute l'habilité de ce tout jeune auteur est de transformer un tableau de société en un roman policier haletant ; tant de secrets, tant d'énigmes à résoudre, avant que tout ne s'écroule définitivement, irrémédiablement.
En fin de compte c'est Catherine Salernes qui va voir toute sa vie éclater en mille morceaux , il ne lui restera plus que ses yeux pour en contempler les éclats…
Mais au moins elle aura vécu l'Amour, et cela n'en valait-il pas la peine ? Quelqu'en fut le prix à payer.
Excellent roman que celui de Dominique Dyens ; on n'est pas loin d'une Agatha Christie ; c'est un grand roman, haletant, il nous tient et ne nous lache plus.
Un vrai plaisir de lire un auteur que ne m'aurait pas tenté fait en d'autres temps. Merci pour cette découverte.18/20 à coup sûr.
Commenter  J’apprécie          81



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}