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Critique de Catilina38


Depuis trois albums le duo Eacersall/Scala nous ravit par des histoires particulièrement immersives et cinématographiques dans le monde de la police dont est issu le second. Une sorte de pendant BD d'Olivier Marchal au cinéma et contrairement à celui-ci nos deux scénaristes ont l'intelligence de varier les sujets puisque après les indic dans GoSt111 et la police criminelle dans Cristal17 nous voilà transporté dans l'univers des « nourrices », ces habitants des Quartiers qui gardent discrètement les cargaisons de drogue, d'armes ou d'argent pour le compte des dealers.

Avec une mise en scène sèche comportant peu de dialogues mais redoutablement efficaces pour faire monter la tension par de simplex cadrages, ils happent le lecteur qui peut être dubitatif eu commencement de la lecture avec le risque de déjà vu. Intelligemment ils font changer le regard sur cette femme qui semble pas bien maline en tombant dans les pièges insolubles de la banlieue (mariage africain imposé, mari évaporé, incapacité à gérer l'argent, heures passées devant des imbécilités TV,…) avant de nous montrer qu'avec ses moyens et sa détermination elle tentera de renverser la double mâchoire de son contact dans la police et de du caïd par qui tout a commencé. Comme dans tout récit social les auteurs nous parlent bien sur de la réalité de ces quartiers hors de la République (le truand rappelle fort à propos « ici la loi c'est moi ») où les paliers des barres d'immeubles font se croiser islamistes oppresseurs de compagnes, dealers, vieillards miséreux et femmes seules avec enfants. En tissant des liens entre les personnages, le scénario permet de parler aussi d'entraide et d'une forme de liberté qui ne dépend pas du niveau scolaire mais bien de la force de caractère.

Réalistes, crédibles dans sa froide description d'un quotidien bien loin de nous, Eacersall et Scala parviennent à l'équilibre entre récit policier plein de tension et de suspens au travers de regards perçants, et description anthropologique de cet infra-monde où la police exploite les exploités et où la morale est bien moins exigeante au regard des difficultés matérielles. Les splendides dessins réalistes à l'aquarelle participent grandement à la qualité de l'album avec une maîtrise des éclairages saisissants et les limites inhérentes à cette technique (encrages très légers et manque de précision sur certaines scènes).

Avec son titre intrigant et sa couverture fort réussie, les trois auteurs réussissent avec A mourir entre les bras de ma nourrice un nouveau carton passionnant à lire, qui assume la dureté réaliste sans sombrer dans le misérabilisme.

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Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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