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Critique de Krissie78


Nous sommes en décembre 1955 à Montgomery – Alabama. Rosa Parks, 42 ans, fatiguée d'une longue journée de travail, refuse d'obéir à un chauffeur de bus qui lui demande de céder sa place à un blanc. Elle est arrêtée. Cette militante des droits civiques ne sait pas qu'elle vient d'accomplir un des gestes fondateurs de la fin de la ségrégation aux USA.

Dans un livre extrêmement documenté Eugène Ebodé nous livre une histoire romancée du célèbre acte de résistance, et nous fait partager les combats, les doutes, les espoirs et les peurs d'une des figures emblématiques de la lutte pour les droits civiques. Il nous plonge dans les pensées de cette femme humble, cultivée, exemplaire, adepte de la non-violence, qui vit modestement avec sa mère malade et son mari. Elle ne fut pas la première à refuser de céder son siège, refusant d'obéir aux iniques lois de Jim Crow. Mais ce geste non prémédité elle le fit à un moment où tous les éléments convergeaient pour lui donner toute sa puissance : le jeune pasteur Martin Luther King Junior venait d'être nommé dans une église de la ville et la population était prête à accueillir sa parole et à s'engager dans un combat politique et juste.

Le roman nous permet de suivre plus particulièrement les premiers jours de la mise en place de ce boycott des bus qui dura 380 jours et fit plier l'Etat d'Alabama, la Cour Suprême jugeant anticonstitutionnelle la politique de ségrégation alors en vigueur dans l'Etat d'Alabama. On découvre un Martin Luther King un peu hésitant mais qui prend confiance face aux autres membres locaux du NAACP, plus anciens et plus aguerri à la confrontation avec les forces policières, politiques et judiciaires de la ville et face à un public lassé des mesures injustes subies quotidiennement, de la ségrégation dans les bus, restaurants et lieux publics jusqu'aux entraves d'une administration locale pour empêcher les noirs de s'inscrire sur les listes électorales.

Le grand travail de recherche de l'auteur permet non seulement une description précise de l'ambiance qui régnait dans le sud en 1955, mais il nous met au coeur des difficultés économiques, politiques et sociales de la communauté noire, laisse planer l'ombre d'Edgar Hoover et du maccarthysme, se fait écho du retentissement national et international de ce procès historique.

L'autre intérêt de ce roman est de donner corps et parole à Douglas White, cet homme qui n'avait rien demandé et pour lequel le chauffeur de bus demanda à Rosa de se lever. L'auteur en dresse un portrait étonnant et touchant. Rosa garda longtemps le secret sur ce pied-de-nez de l'histoire qui fit d'un noir à la peau blanche le second acteur malgré lui de ce combat essentiel.

Si parfois le style m'a paru un peu verbeux, plus particulièrement dans les dialogues entre Rosa et son mari, l'ensemble bénéficie d'un style fluide qui rend la lecture agréable. J'ai aussi apprécié les nombreuses références musicales qui renforcent l'ambiance d'une époque et le côté optimiste et positif de cette page de l'histoire du sud des USA, marquée par « la petite couturière qui a fait vaciller Jim Crow sur son socle ». Mais plus de 60 ans plus tard cette nation a-t-elle tiré un trait sur son passé ségrégationniste ? C'est un autre débat.
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