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Critique de MaudeElyther


En premier lieu, je remercie très chaleureusement les Éditions Les Moutons Électriques pour leur confiance concernant l'envoi ce service presse ! Élisabeth Ebory est une autrice dont je suis les publications de très près, et son dernier est l'une des sorties livresques que j'attendais le plus cette année (oui, rien que ça ^^).

Avec La Famille de l'Hiver et le Roi-Fée, Élisabeth marque un retour féerique, au seuil de la rentrée littéraire qui envahit les librairies. Vous recherchez un souffle de fraîcheur ? Ce roman regorge de dépaysement, des beautés de la nature, les fées vont vous éblouir, vous laissez perplexes ou encore vous agacer, mais la chaleur du foyer de Madame fleure bon la verveine. Alors, installez-vous, le chat de Cheshire sur les genoux, et laissez-vous emporter par cette histoire épique, emplie de passion, de magie perdue, d'amitié et d'amour !
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Plongeon dans l'univers de la féerie !

Quelle joie de m'être plongée dans le dernier roman d'Élisabeth Ebory ! le monde féerique lui sied si bien et, ici, elle nous gâte avec un joli pavé. Nous faisons la connaissance d'Orégane et de Marcus, liés par une intime amitié. La première est une fée qui ignore ses racines et le second, un trentenaire homosexuel rejeté par le XXème siècle. Grâce à la réussite d'un sort lancé par Orégane, apprentie sorcière, voilà les amis qui trouvent une employeuse dans le Sidh, le royaume des fées. Si Marcus y voit là l'occasion de fuir la haine à son encontre en même temps que trouver le héros qui le sauve dans ses rêves, Orégane quant à elle compte renouer avec ses racines et découvrir son peuple.
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Un Sidh instable au sombre passé

C'est ainsi que le duo entre au service de Madame, une Banshee qui ouvre des chemins entre les mondes. Ils deviennent les précepteurs de son fils aîné, Joseph, tandis que la nourrice, Juno, s'occupe du petit dernier, Frantz. À l'issue d'une escapade hors de la demeure, Marcus va se rendre compte de l'instabilité qui règne parmi les fées. Entre Sean LeavesOfAlder alias le Roi-Fée récrié, la menace du brouillard-qui-rit et la figure du Marchand de sable, c'est tout un passé terrible qui ne cicatrice pas dans les coeurs et les esprits.

De plus, l'on découvre un système monétaire en berne. Celui-ci est basé sur les coques des fleurs de pastel desquelles est extraite l'encre magique, or cette magie est perdue, malgré les efforts des sorciers pour y remédier. En parallèle, le Marchand de sable fait apparaître des étoiles colorées, et certains en récoltent dans le but de les utiliser comme monnaie.

Sean n'est pas aimé, il est même présenté comme le meilleur ennemi de Madame, et pourtant ne bâtit-il pas un équilibre dans le monde instable dans lequel cohabitent les fées ? Il a créé la deuxième loi, qui interdit le cannibalisme, pour plus de sécurité et d'entente. Il semble avoir de bonnes intentions, mais alors pourquoi ment-il ?
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Le monde des fées selon Élisabeth

S'inspirant de plusieurs mythologies et folklores (bretons, slaves, irlandais, celtiques), Élisabeth Ebory tisse son Sidh sur un passé sombre et tortionnaire qui a conduit les fées à s'exiler sous terre, dans un tertre, en outre de leur avoir arraché nombre de leurs enfants. Aussi demeure cette latence haineuse, méfiante. L'on sent les préjugés des fées à l'encontre des sorciers, qui dressent les dragons et cherchent à retrouver la magie de l'encre.

Toutefois, lorsque Marcus s'aventure dans le Tertre, il découvre une joyeuse populace : tavernes, boutiques, marchands… Corifaè montre son Hall gigantesque, ses maisons en bordure de mer, aux toits de coquillages. Et que dire des plaines bleues non loin de la demeure de Madame ? D'ailleurs celle-ci propose aussi ses étrangetés et mystères : de Piotr, le domovoï qui s'occupe de chauffer le foyer, au jardin entretenu par Juno, la porcelaine-fée qui se répare d'elle-même côtoie un chat Cheshire.
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Séjour tumultueux

Ne pensez pas prendre trop rapidement vos aises dans la routine de nos deux amis, bien qu'elle soit ponctuée de découvertes féeriques ! Entre les révélations que révèle à Orégane le testament de son infâme grand-père, la promesse que les deux précepteurs ont faite à Joseph, le combat du Marchand de sable et le chaos que sème le brouillard-qui-rit, leur séjour sera plus que tumultueux.

La colère et les blessures intérieures de Marcus se rappellent constamment à lui, animant les miroirs, quant à Orégane, elle est bouleversée par le testament de son grand-père, qui révèle des parts sombres du passé qui a conduit les fées à l'exil. L'on comprend pourquoi Sean ment pour établir l'équilibre. Et pourtant la guéguerre du Roi-Fée avec le Marchand de sable va précipiter les choses. du pays des morts à un autre royaume (que je me contente de nommer ainsi pour ne pas spoiler l'intrigue ^^), d'un odieux enlèvement jusqu'aux rondes de reconnaissance pour délivrer le souffre-douleur, nous tremblons pour les personnages, en même temps que leurs amitiés et leurs amours nous réchauffent le coeur.
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Poésie et images

En m'aventurant dans cet univers, j'ai été surprise par la taille des chapitres, en effet, ils sont courts, alors que le genre suggérait des chapitres plus longs. La raison est que l'autrice raconte de manière concise : elle nous entraîne sans fioriture, sans longueur, dans son récit. Toutefois, ne vous y trompez pas : actions, émotions, rebondissements, descriptions, world building sont bien présents. Élisabeth déploie son écriture ciselée, empreinte de poésie et d'images ; ainsi se développent son univers, ses personnages, son intrigue. Et cela contribue à mettre en valeur de jolies thématiques : la beauté simple de la nature, la famille, l'amitié, l'amour. La magie réside en grande partie là.
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Et l'hiver ?

J'ai évoqué la famille et le Roi-Fée, il reste l'hiver utilisé lui-aussi dans le titre du roman. On se doute qu'il est attaché à Madame bien qu'on ne le voit pas dans un premier temps. Lorsque la situation sombre dans l'urgence, la saison hiémale s'abat sans prévenir, la neige recouvre les champs de pastel, les légumes de Juno, elle crépite aux fenêtres. Alors que dans un autre univers, elle côtoie les flammes, ici elle arbore par moments la délicatesse de la dentelle, elle rehausse la chaleur et le réconfort du foyer de Madame. Pour moi, elle symbolise aussi ici la cicatrisation.

À l'image des nombreux jours sombres qui se sont abattus, l'hiver montre épines et crocs, personnifiant la rudesse et la cruauté. Il est incontrôlable, tout comme le pernicieux personnage encapuchonné d'un autre royaume qui sort de sa retraite, appâté par le chaos. Autrefois, les fées étaient prisonnières : et si leurs tortionnaires resurgissaient ?
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Un conte moderne teinté d'ombres

Le passé est sombre, il teinte de ténèbres une part des personnages, les tourmentant, tandis que Marcus recherche la guérison, Orégane, sa place, Sean, la rédemption, Judicael, le pardon, même Cernièῆ (le beau fée aux bois de cerf) cherche amende honorable… En quête d'eux-mêmes, ils vont devoir lutter contre leur passé, tout en combattant contre des forces qui les dépassent et contre lesquelles ils ne sont peut-être pas prêts.

Si le Sidh doit ses aspects anglais au Roi-Fée, notre actualité comme nos émotions sont diluées dans l'encre qui a rédigé La Famille de l'Hiver et le Roi-Fée. Ainsi les lecteurices s'attachent avec force aux personnages, s'en amourachent (team Judicael !), s'identifient à eux, à leur passion, leurs blessures, leur colère, leurs brisures… N'oublions pas l'essentiel : « Quel que soit l'orage que tu braves, je t'assure que tu peux le chasser. Tu es le soleil qui dissipe la nuit. »
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En bref : Précipitez-vous sur le dernier roman d'Élisabeth Ebory ! En sus du magnifique objet-livre proposé par les Moutons Électriques et illustré par Melchior Ascaride, La Famille de l'Hiver et le Roi-Fée va vous transporter en territoire féerique et plus encore. Entre quête de soi et aventures périlleuses, équilibre précaire se bâtissant sur un sombre passé et résidus de préjugés, venez rejoindre Marcus et Orégane qui partent à la découverte du Sidh. Vous allez succomber aux attachants héros (et plus si affinités), vous tremblerez pour eux, vos émotions seront mises à rude épreuve. Je vous préviens : vous choierez ce récit comme enfant votre doudou.
Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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