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Critique de Delphine-Olympe


Vous vous en doutez aisément, c'est le film d'Anne Fontaine récemment sorti en salles qui m'a donné envie de lire ce roman. de Jean Echenoz, je n'avais jusqu'à présent lu qu'un seul titre, qui m'avait laissée sur ma faim (je ne sais même lequel c'était, c'est dire…). Mais j'avais envie de rester dans l'atmosphère de ce film délicat, aussi ai-je suivi les conseils qui m'avaient été donnés par quelques lectrices de confiance… Bien m'en a pris !

Le livre que l'écrivain consacre à Ravel se concentre sur les dix dernières années de son existence : de la veille de son départ pour une tournée triomphale sur le continent américain à sa mort, soit de 1928 à 1937. Mais ce n'est pas tant le récit des événements marquants de son existence qui nous est proposé que le portrait impressionniste d'un homme peu ordinaire. En quelques pages - le livre est bref et, pour peu que vous l'ouvriez un dimanche, comme ce fut mon cas, vous le terminerez dans la journée - Echenoz parvient à nous offrir une image très nette, mais aussi extrêmement subtile du personnage étonnant que fut Ravel.

Par petites touches, dans une prose simple et élégante, opérant à l'occasion quelques brefs retours dans le temps, Echenoz révèle son tempérament, sa détermination, son élégance, ses blessures intimes, cet improbable mélange de rudesse et d'affabilité, de raffinement et de rugosité. de la même manière, il relate ses tentatives restées vaines de remporter le prix de Rome, l'acharnement que cet ancien réformé mit à obtenir son incorporation dans les troupes envoyées sur le front de la Grande Guerre, les conditions de la création du Boléro, son incapacité chronique à trouver le sommeil et les assauts croissants d'une maladie qui attaqua son système cérébral et l'empêcha de continuer à composer jusqu'à son décès consécutif à l'intervention chirurgicale par laquelle on tenta de le soigner.

L'attachement et la tendresse d'Echenoz à l'égard de son personnage sont si manifestes qu'ils suscitent chez le lecteur un profond sentiment d'empathie. Rien de théâtral, pourtant. Tout se joue dans de menus détails, dans l'évocation d'une humeur passagère, dans une simple remarque, dans le choix d'un mot qui vient éclairer une scène. Pourtant, lorsqu'on referme la dernière page du roman, on ne peut qu'être étreint par l'émotion.

J'ignore quelles ont été les sources d'inspiration d'Anne Fontaine pour écrire le scénario de son film et le réaliser, mais elle avait certainement lu ce livre. J'y ai retrouvé une même construction, une même atmosphère intimiste, une même approche impressionniste, une même attention portée aux silences et aux détails permettant de révéler une personnalité. Phénomène étonnant, ayant lu le livre quarante-huit heures après avoir vu le film, de nombreuses images de celui-ci me réapparaissaient à la lecture des mots d'Echenoz. Un splendide doublé, en somme.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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