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Critique de kuroineko


J'ai beau avoir essayé de prendre tout mon temps, voilà, la dernière chronique est lue...

Umberto Eco m'a régalée avec ses nombreuses "Bustine" qu'il écrit pour le bimensuel L'Espresso. Celles-ci s'étalent ici entre 2000 et 2015. L'auteur étant mort en février 2016, ce sont les dernières.

Avec intelligence et une culture incommensurable, avec une grande acuité d'observation et sa touche d'ironie et d'humour, Umberto Eco s'attèle aux traits et caractéristiques de notre société liquide : mass-média, téléphones portables, réseaux sociaux - où plusieurs comptes sont ouverts à son nom, lui qui refuse de s'inscrire sur Facebook, Twitter et compagnie -, Internet, la télé-réalité, la politique, Berlusconi, ... Rien ou presque n'échappe à son oeil et à sa curiosité. Si une note nostalgique ponctue parfois ses propos, il ne se place pas pour autant dans une position réfractaire "c'était mieux avant".

Homme de lettres, humaniste et amoureux du savoir, de la culture et de l'art, il n'hésite pas à appeler un chat un chat, et un crétin un crétin. La médiocrité et la vulgarité ne trouve pas grâce à ses yeux, mais avec toute la précision que ce fabuleux sémioticien donne en définition à ces termes. Lu sans nuance, il peut parfois paraître d'un élitisme exacerbé - c'est d'ailleurs le reproche souvent fait à ses romans pour leur manque d'accessibilité (à noter que ses Bustine sont tout à fait accessibles). Pourtant, dans ces chroniques, ce n'est pas la misère intellectuelle et culturelle due des causes souvent socio-économiques qu'il fustige mais bien l'absence de tout discernement, de tout raisonnement critique qui font gober n'importe quoi. Ses textes sur les théories du complot et ses partisans ainsi que sur les tenants d'une platitude de la Terre autour de laquelle tournerait le Soleil (et hélas il y en a encore plus qu'on ne pense) en sont des exemples frappants.

Après, subjectivité et opinions obligent, je ne partage pas tous ses avis ici présentés. Ce qui d'ailleurs ne devait absolument pas être son but. J'admire la qualité de ses argumentations, la profondeur de ses vues et de sa culture et son style qui m'enchante. Nombre de ses chroniques m'ont donné à réfléchir sur notre contemporanéité et son évolution, envie de creuser certains point par des lectures supplémentaires et m'ont apporté d'autres connaissances, ce qui est toujours bon.

Je ne peux donc que recommander cet excellent recueil du regretté Umberto Eco. Il offre à réfléchir mais aussi à sourire, beaucoup, des travers qu'on prend avec les nouvelles technologies, de la bêtise qu'on trouve répandue un peu partout depuis les réseaux sociaux jusque dans la bouche des présidents, mais aussi de l'auteur lui-même qui ne recule pas devant l'autodérision.
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