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EAN : 9782246863274
512 pages
Grasset (11/10/2017)
4/5   15 notes
Résumé :

" Je commence une chronique . Cela m'est déjà arrivé quelques fois et j'ai toujours eu la force de m’arrêter au cours de la première année . Le rendez-vous hebdomadaire corrode . Cette fois , je m'arrêterais peut-être avant , je fais juste un essai . "
Avec ses mots , Umberto Eco inaugure en 1985 , sa chronique " la bustina di Minerva " ( la pochette de Minerve ) , qu'il tiendra dans le journal " l'Espresso " pendant plus de 30 ans , jusqu'à la veil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai beau avoir essayé de prendre tout mon temps, voilà, la dernière chronique est lue...

Umberto Eco m'a régalée avec ses nombreuses "Bustine" qu'il écrit pour le bimensuel L'Espresso. Celles-ci s'étalent ici entre 2000 et 2015. L'auteur étant mort en février 2016, ce sont les dernières.

Avec intelligence et une culture incommensurable, avec une grande acuité d'observation et sa touche d'ironie et d'humour, Umberto Eco s'attèle aux traits et caractéristiques de notre société liquide : mass-média, téléphones portables, réseaux sociaux - où plusieurs comptes sont ouverts à son nom, lui qui refuse de s'inscrire sur Facebook, Twitter et compagnie -, Internet, la télé-réalité, la politique, Berlusconi, ... Rien ou presque n'échappe à son oeil et à sa curiosité. Si une note nostalgique ponctue parfois ses propos, il ne se place pas pour autant dans une position réfractaire "c'était mieux avant".

Homme de lettres, humaniste et amoureux du savoir, de la culture et de l'art, il n'hésite pas à appeler un chat un chat, et un crétin un crétin. La médiocrité et la vulgarité ne trouve pas grâce à ses yeux, mais avec toute la précision que ce fabuleux sémioticien donne en définition à ces termes. Lu sans nuance, il peut parfois paraître d'un élitisme exacerbé - c'est d'ailleurs le reproche souvent fait à ses romans pour leur manque d'accessibilité (à noter que ses Bustine sont tout à fait accessibles). Pourtant, dans ces chroniques, ce n'est pas la misère intellectuelle et culturelle due des causes souvent socio-économiques qu'il fustige mais bien l'absence de tout discernement, de tout raisonnement critique qui font gober n'importe quoi. Ses textes sur les théories du complot et ses partisans ainsi que sur les tenants d'une platitude de la Terre autour de laquelle tournerait le Soleil (et hélas il y en a encore plus qu'on ne pense) en sont des exemples frappants.

Après, subjectivité et opinions obligent, je ne partage pas tous ses avis ici présentés. Ce qui d'ailleurs ne devait absolument pas être son but. J'admire la qualité de ses argumentations, la profondeur de ses vues et de sa culture et son style qui m'enchante. Nombre de ses chroniques m'ont donné à réfléchir sur notre contemporanéité et son évolution, envie de creuser certains point par des lectures supplémentaires et m'ont apporté d'autres connaissances, ce qui est toujours bon.

Je ne peux donc que recommander cet excellent recueil du regretté Umberto Eco. Il offre à réfléchir mais aussi à sourire, beaucoup, des travers qu'on prend avec les nouvelles technologies, de la bêtise qu'on trouve répandue un peu partout depuis les réseaux sociaux jusque dans la bouche des présidents, mais aussi de l'auteur lui-même qui ne recule pas devant l'autodérision.
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Rédigées par Umberto Eco entre 2000 et 2015, ces chroniques de deux à trois pages publiées initialement pour le journal italien l'Espresso dans la rubrique "La Bustina de Minerva" et reprises dans le présent livre peuvent aussi bien se lire d'un seul bloc (ce que j'ai fait) qu'en piochant les chroniques une à une quand vous avez quelques minutes devant vous. On y parle de notre société moderne occidentale avec ses qualités, ses mérites, ses progrès mais surtout avec les innombrables défauts et paradoxes qui les accompagnent.


On retrouvera (entre autres) dans Chroniques d'une société liquide les thèmes liés aux nouvelles technologies, aux conflits de générations, à la religion, à la politique et à la société du spectacle. Umberto Eco fait comme à son habitude preuve de son érudition et de son discernement mais aussi (et c'est en parti ce qui rend le livre très fluide et aisé à lire) d'un brin d'humour et de malice. de plus, et contrairement à quelques textes un peu "brumeux" parus dans d'autres ouvrages, ces chroniques sont très accessibles et les 500 pages du livre sont très vites dévorées par le lecteur. Les réflexions sont aussi d'une grande actualité, non seulement car beaucoup de textes sont relativement jeunes (l'ouvrage s'arrête en 2015, Umberto Eco étant décédé début 2016) mais surtout parce qu'on s'aperçoit que les grands sujets de notre époque n'ont pas tellement changés et que ce que le "Professore" écrivait en 2000 est toujours aussi vrai (sinon davantage) en 2020. En outre, si, souvent, l'écrivain fustige avec justesse la bêtise et l'égoïsme de ses contemporains, il ne tombe jamais dans la diabolisation outrancière ni dans la nostalgie béate.


Difficile de trouver des défauts à ce livre, que j'ai beaucoup aimé, mais sa plus grande limite est finalement celle imposé par son format même. Dans des chroniques de deux à trois pages on peut dire bien des choses drôles et savantes mais comme le sémiologue lui-même le fait remarquer dans son texte sur Twitter, il est certaines grandes idées qu'on ne peut développer dans un espace réduit. Ce qui n'est pas si grave puisque les aficionados d'Eco pourront aussi lire ses textes plus longs et davantage développés dans des livres comme Construire l'ennemi ou Cinq questions de morale (disponibles comme toujours chez Grasset en neuf ou d'occasion).


Je dois dire, en conclusion, que j'ai particulièrement apprécié ce livre fluide, intelligent et drôle qui offre tout ce qu'on peut attendre de lui. Je le recommande sans hésiter.
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Voilà un essai qui se lit aisément. On peut le lire à la suite ou picorer....

Umberto Eco nous fait part de ses pensées sur différents sujets, dont la plupart sont toujours d'actualités. Certains le sont même plus que jamais. Il évoque ainsi le cas du blasphème et des caricatures. Qu'en penserait il aujourd'hui où montrer un tableau nu est considéré comme offensant...

Contrairement à d'autres auteurs qui en évoquant ces mêmes sujets sont dans le mode "avant tout était mieux". Ce n'est pas le cas de Eco qui évoque / convoque le passé pour montrer comment les choses évoluent (ou pas)..

Quelle érudition...

La dernière note est pour conseiller aux médias d'évoluer et d'aider à séparer le grain de l'ivraie dans les sites internet. Cette recommandation reste plus que jamais d'actualité.

Et que dire de ses commentaires sur Berlusconi. Eco est mort quelques mois avant l'élection de Trump... Sinon il aurait pu dire que l'Italie avait devancer les US sur ce terrain. Sachant que la France est généralement dans le sillage... Est ce Hanouna que l'avenir nous réserve ou un autre polémiste?



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Ce livre posthume est une compilation de chroniques qu'Umberto Eco a écrit pour un journal pendant plus de trente ans.

Assez courtes (une ou deux pages), elles commencent toujours par un fait anodin : une décision politique inattendue, un scandale médiatique, la dernière bourde de Berlusconi, ou même le lancement d'une nouvelle émission de télé-réalité.

L'auteur nous détricote alors ce fait, et nous explique de quelle grande tendance historique ou philosophique il est le symptôme. On connaît l'érudition de l'auteur, et on ne sera donc pas si surpris que ça de le voir citer un moine bénédictin du XVIIe siècle pour éclairer un fait d'actualité (mais enfin… un peu quand même).

Avec le recul, je pense que j'ai lu ce livre trop rapidement, et l'enchaînement des sujets a donné un côté un peu répétitif. J'aurais dû, comme les lecteurs de l'Espresso, me contenter d'en picorer une chaque matin avec mon café.
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Le concept en soi de société liquide m'a parlé d'emblée, comme une image reflétant l'éloignement des hommes, même provenant d'une société unique, et de la frustration qu'il génère.
Pourtant je suis attaché à une vision assez cyclique de la vie, et il me semble qu'ici Umberto Eco compare le temps de sa jeunesse à l'actualité en une frise assez linéaire.
Il fait dès lors de multiples constats, mais sans pointer la permanence de ce qu'il y a d'humain en tout ça. Et l'ensemble a l'air désabusé. Comme s'il reflétait sans le dire la façon d'un homme de documenter la naissance de sa propre nostalgie.
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critiques presse (1)
LePoint
09 octobre 2017
Disparu en 2016, il était aussi un éditorialiste implacable. Ses "Chroniques d'une société liquide" paraissent à titre posthume. Reviens, c'est trop bon !
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Bien entendu, cette campagne [du politically correct] pour la purification du langage a produit son propre fondamentalisme, jusqu'aux cas les plus voyants où certaines féministes avaient proposé de ne plus dire history (qui, en raison du pronom his, faisait penser que l'histoire était《à lui》, mais au contraire herstory, histoire à elle - en ignorant évidemment l'étymologie gréco-latine du terme, qui n'implique aucune référence de genre).

"Fesse-mathieu", 2004
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[L]a tendance [du politically correct] a pris des aspects néo-conservateurs ou franchement réactionnaires. Si l'on décide d'appeler les personnes en fauteuil roulant non plus handicapés ou inaptes mais "diversement aptes", ensuite on ne construit plus de rampes d'accès aux lieux publics, et l'on a hypocritement refoulé le mot, mais pas le problème. On dira la même chose de la substitution de "chômeur" par "non-travailler à temps indéfini" ou de "licencié" par "en transition programmée entre changements de carrière". Qui sait pourquoi un banquier n'a pas honte de sa définition et n'insiste pas pour qu'on l'appelle "opérateur dans le domaine de l'épargne". Si l'on change votre nom, c'est pour oublier que quelque chose ne fonctionne pas dans la chose même.
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[E]n 1996 Prodi venait de gagner les élections et pour la première fois, la gauche accédait au pouvoir. Grande fête, je crois, sur la piazza del Popolo, foule délirante. Tandis que D'Alema se dirigeait vers le podium, une femme l'avait attrapé par le bras en criant : « Camarade Massimo, maintenant oui, qu'on va être une opposition forte ! »

Fin de l'histoire mais pas de la malédiction dont elle était le symptôme. La militante avait compris que son parti avait gagné, pas qu'il était obligé de gouverner, et elle ne pouvait concevoir un parti qui serait obligé de dire oui à un tas de choses, car elle l'avait toujours conçu comme une force héroïque et têtue qui disait non à tout.
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(sur les réseaux sociaux)... pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, ceux qui sont épiés collaborent avec ceux qui les épient pour leur faciliter le travail, et tirent de cette capitulation un motif de satisfaction car quelqu'un les voit pendant qu'ils existent, et peu importe si parfois ils existent en tant que criminels ou imbéciles.
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Quand des masses énormes se pressent aux frontières de notre monde pour entrer, on ne peut faire semblant de penser que la décision de les admettre ou pas dépend de nous.
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