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Critique de Raleigh


Le seul livre d'Umberto Ecco qu'il m'ait été donné de lire jusqu'à présent et, je dois dire, une belle surprise. Acheté il y a 15 ans (la couverture m'avait tapé à l'oeil), tout juste retrouvé au fin fond de ma bibliothèque. Quelle étonnante plongée dans l'univers mental et culturel du XVIIe siècle! La fresque est fascinante, qui mêle considérations de "grande politique européenne" avec une peinture souvent humoristique des tribulations du jeune Roberto de la Grive entre son Italie natale et ce que l'on appelle l'île de Salomon. le point de départ de l'aventure est éminemment philosophique et scientifique, et tente de rendre compte du bouleversement de long terme qu'ont amené les Grandes Découvertes et les progrès de l'astronomie dans le renouvellement de la vision du monde, de Dieu et de l'homme. C'est du moins l'arrière-plan de ce voyage initiatique pour le jeune Roberto, qui se retrouve malgré lui embarqué à l'autre bout du monde pour essayer de percer les mystères de la "science des méridiens", dont on affirme qu'elle doit donner à celui qui la connaît la domination sur les océans du monde. Cette mission est aussi une quête intime du héros, prisonnier de ses passions, de ses rêves et de ses folies, et qui doit trouver au bout du monde des réponses sur sa propre existence. L'ouvrage est certes érudit, mais il rend compte avec beaucoup de justesse, je pense, de la manière dont on concevait la science et le sentiment religieux à cette époque: les amateurs d'histoire et de théologie se régaleront, les autres peuvent en trouver la lecture un peu plus difficile. Pour autant, ce récit est souvent très sautillant et léger, pétri d'ironie, parfois cruel et triste aussi, plein de personnages hauts en couleur. C'est la grande élégance de ce texte, je trouve: être capable de rendre compte d'un monde mental fort éloigné du nôtre avec beaucoup de vraisemblance, tout en bâtissant une histoire somme toute invraisemblable, pleine de poésie et de folie. Il faut également saluer, je crois, le travail de la traductrice, car il n'est certainement pas simple de traduire un ouvrage où la réflexion sur le langage, les mots et l'origine du "verbe" est permanente.
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