Citations sur Le racisme est un problème de blancs (56)
De multiples enquêtes, de sources diverses, montrent à quel point le racisme est ancré dans les mœurs de notre société. C’est donc tous ensemble que nous devons redéfinir la signification du mot raciste, les manifestations du racisme et les actions à mener pour y mettre un terme.
Si nous sommes ici, c’est parce que vous étiez là-bas. p.28-29
On exige toujours des femmes d’aujourd’hui qu’elles fassent l’effort de franchir le fossé de l’ignorance masculine et qu’elles éduquent les hommes quant à notre existence et quant à nos besoins. C’est là une vieille technique élémentaire de tous les oppresseurs, qui maintiennent les opprimés occupés des intérêts du maître. À présent, on entend dire que c’est aux femmes de couleur, malgré une résistance prodigieuse, d’éduquer les femmes blanches quant à notre existence, nos différences, nos rôles relatifs dans notre survie commune. C’est là une dérivation des énergies et une répétition tragique de la pensée raciste patriarcale.
C’est ainsi que j’ai découvert Le Deuxième Sexe, de Simone de Beauvoir. Incroyable mais vrai, ce livre m’a touchée et je me suis aperçu que j’étais totalement en phase avec cette existentialiste française, pourtant morte depuis si longtemps. Quand elle disait : « Être féminine, c’est se montrer impotente, futile, passive, docile […]. Toute affirmation d’elle-même diminue sa féminité et ses chances de séduction », c’était toute ma vie qu’elle décrivait.
« Quand des féministes voient bien le problème que pose un conseil d’administration entièrement masculin, mais pas ce qui cloche quand une série télé ne montre que des Blancs, on est en droit de se demander dans quel camp elles sont. »
La peur d’une planète noire nuit à la qualité de la fiction, et montre comment le racisme peut inhiber l’empathie. Reléguer les personnages non blancs aux rôles de seconds couteaux ou de simples figurants est une pratique si ancrée que, pour certains, tenter de s’identifier à un personnage principal à la peau noire semble totalement incongru. On nous a attribué le rôle de l’« autre », celui qui n’occupe le devant de la scène que pour illustrer la soumission ou offrir une note comique. Les Blancs sont tellement habitués à voir leur propre reflet en permanence, dans n’importe quelle représentation de l’humanité, qu’ils n’en prennent conscience que si on les en prive.
On nous dit qu’il n’est pas réaliste d’attribuer les rôles principaux à des acteurs et actrices noirs dans des œuvres de fiction. On nous répète que c’est anachronique, que cela exigerait trop d’imagination de la part du spectateur. En réalité, c’est juste qu’une frange hostile de notre société refuse de ne plus être au centre du monde, pense que tout doit être fait pour répondre à ses besoins et que les autres doivent céder à ses moindres désirs et caprices.
Pendant très longtemps, les héros de fiction les plus populaires se devaient d’être blancs, car la couleur de peau blanche était censée être universelle. Ce sont dans les films, à la télévision et dans les livres qu’on trouve l’illustration la plus criante de la couleur de peau blanche en tant que postulat par défaut. Il est juste inconcevable qu’un personnage soit noir, sans que le public présumé blanc en ait été averti. On estime qu’il est impossible de s’identifier à un personnage noir dans un rôle principal (à moins qu’il soit incarné par l’une des quelques stars hollywoodiennes noires plébiscitées par le grand public).
La liberté d’expression, c’est la libre confrontation des opinions sur la race. La liberté d’expression, ce n’est pas le droit de dire ce qu’on veut sans être contredit : les idées et les discours racistes doivent être contrés publiquement en un débat sain. Un débat que, par peur, les Blancs tentent trop souvent d’empêcher.
La liberté d’expression est l’une des pierres angulaires d’une démocratie libre et juste. Mais soyons honnêtes, et ayons le courage de réévaluer qui a le droit de parler, quand et pourquoi. Dans ce pays, les contours de la liberté d’expression seront enfin définis quand une personne pourra parler librement de racisme sans être la cible de tentatives malveillantes visant à discréditer ses arguments. Si la liberté d’expression, comme il est communément admis, comprend aussi la capacité à entendre des opinions qui nous dérangent, alors élargissons les limites de ce que l’on considère comme un débat acceptable. Je ne plaide pas pour un retour de l’intolérance à l’ancienne.