Soudain j'ai senti son corps se détendre, ses muscles s'abandonner. Son cœur ne battait plus, elle était immobile, la bouche ouverte, ses yeux me regardaient fixement. J'ai regardé sans y croire cette femme merveilleuse. Sa main reposait sans vie dans la mienne : mon rêve n'était plus.
J'ai fait semblant de ne pas avoir retrouver Halina. J'ai fait comme si elle était toujours en vie. Et que j'étais toujours à sa recherche.
Et je savais que j'étais engagé Nevers med amis, ma famille, tous ceux qui m'ont été chers. Il est trop tard pour leur sauver la vie, mais il n'est pas trop tard pour sauver leur mémoire.
Pourtant j'avais envie d'oublier. Je voulais une vie normale, un travail, un foyer et une famille, le bonheur tranquille dont avait rêvé Halina, le genre de vie que les Allemands avaient éloigné de moi quand je n'avais que treize ans.
J'étais libre, j'étais libéré, j'avais survécu.
Malgré eux et grâce à eux, nous allons continuer.
Avec des livres comme papa.
Avec du courage comme Rudy.
Avec de l'amour comme Halina.
Avec l'innocence et la bonté comme Hela.
Avec la foi et avec Dieu comme grand-mère.
J'en fais le serment.
Moi, le survivant.
Halina, tu m'as donné une raison pour continuer. Parce que je désirais si ardemment, si passionnément, te caresser, respirer ton parfum, t'enlacer pour que tu sois une part de moi.
Mais j'étais seul. Pas de retrouvailles pour moi. J'avais envie de pleurer. Je voulais prendre quelqu'un dans mes bras. N'importe qui. Je ne voulais pas rester seul. Je n'y étais pas préparé. J'avais lutté seul. Combattu seul. Je ne voulais pas vivre seul et en paix. Cela ne me semblait pas juste.
Je savais que je n'oublierais jamais le passé. Mais il ma fallait un avenir.
Ils ont attrapé mon ancien pantalon et s'apprêtaient à le brûler quand je les arrêtés. J'ai arraché le numéro : P14461. Je savais que je m'en séparerais jamais, que je n'oublierais jamais.
La sensation de liberté était si étrange, si différente.Plus que tout autre chose, c'est mon avenir qu'on avait libéré.