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Critique de cuisineetlectures


« L'immeuble Yacoubian » avait suscité des critiques dithyrambiques, et moi qui n'avais lu pour seul écrivain égyptien que Naguib Mafouz, j'avais alors découvert avec bonheur cet auteur talentueux.

Alaa El Aswany est un auteur engagé qui publie des chroniques dans la presse égyptienne et participe à des débats à la télévision et à la lecture de « Chicago », on s'aperçoit à quel point il a su cerner avec lucidité les grands maux de la société égyptienne quelques années avant que le printemps arabe ne vienne lui donner raison.

Cet ancien dentiste a étudié à Chicago et ce n'est donc pas par hasard qu'il situe son histoire dans cette ville au sein de la faculté de médecine dans le département d'histologie.

L'intrigue se situe après les attentats terroristes du 11 septembre et Safouat Chaker qui s'occupe de la sécurité à l'ambassade égyptienne, a du pain sur la planche, le président égyptien viendra bientôt en visite officiel, aucun faux pas ne sera tolérer, ni aucun fauteurs de troubles…

Des enseignants d'origines égyptiennes établis en Amérique depuis de nombreuses années croisent le chemin de jeunes étudiants. Au sein de ce microcosme des rapports de pouvoir se jouent, des histoires d'amour se terminent, d'autres naissent, des plaies que l'on croyait fermés s'ouvrent béantes…

On constate à quel point la corruption, le poids des traditions et de la religion gâchent toute une jeunesse prometteuse étouffée au sein d'une société asphyxiée par les interdits, même à des centaines de kilomètres de l'Égypte.
Aux dimensions politiques, s'ajoutent une autre composante, plus intime, celle de la douleur de l'exil. Comme le disait l'écrivain d'origine égyptienne, Gilbert Sinoué, au cours de l'émission « La grande librairie » en décembre 2012, « on a besoin de retrouver ses racines ». On parle du mot intégration, il faut s'intégrer mais je me demande jusqu'à quel point on ne bascule pas vers la désintégration ». Alaa El Aswany lui donne raison, plusieurs personnages se brûleront les ailes en ouvrant les yeux sur le bilan de leurs existences en Amérique.

Les personnages se débattent dans leurs contradictions, leurs désirs, la tension monte doucement, l'intrigue est prenante.

Le constat de ces jeunesses perdues laisse un goût amer, mais ce qui est certain c'est que dans de nombreuses années, on lira encore l'oeuvre d'Alaa El Aswany pour l'acuité avec laquelle il a restitué les états d'âme de son pays grâce à son merveilleux talent littéraire.
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