Payot - Marque Page - Gilbert Sinoué - A l'aube du monde
"notre existence s'écoule en quelques jours. Elle passe comme le vent du désert. Aussi, tant qu'il te restera un souffle de vie, il y a deux jours dont il ne faudra jamais t'inquiéter : le jour qui n'est pas venu, et celui qui est passé…"
... que sont les dogmes, sinon la volonté d’autrui de nous imposer sa pensée ?
(Averroès)
La nature demeure.
Les hommes passent.
Le temps guérit de tous les maux à condition d’oublier la cause de notre mal.
Le temps passe vite pour celui qui réfléchit, il est interminable pour celui qui désire.
«Je suis parce que tu me regardes.» Si l'on cesse de poser son regard sur l'autre, on le tue. Ignorer le reste du monde, c'est le priver du droit à la vie.
La vie est une immense tragédie, mon ami. L'auteur en est Dieu, les acteurs vous et moi. Le souffleur, hélas, s'appelle Satan.
En 1898, un petit éditeur de l'Illinois, M.F. Mansfield, publiait un roman de l'écrivain Morgan Robertson intitulé Futility. On note ce passage :" Le SS Titan était la plus grande embarcation voguant sur les flots et la plus prestigieuse création de l'homme. Toutes les sciences et tous les corps de métiers connus de notre civilisation avaient contribué à sa construction et assuraient sa maintenance...Insubmersible, indestructible, il transportait le nombre minimum de chaloupes exigé par la loi."
Ces lignes décrivent presque mot pour mot la tragédie du Titanic [...]
Précisons qu'en 1898, date de la parution du roman de Robertson, la technologie ne permettait pas d'envisager un tel batiment. C'était donc pure spéculation. [...]
Le naufrage du Titanic a causé la perte de 2 224 passagers; il n'y avait que vingt canots de sauvetage à bord. Soit la moitié du nombre requis.
p88
Un homme est pareil à un navire : il y a des moments où c'est le vent qui décide, ou la mer, ou autre chose encore d imprévisible qui le contraint à modifier sa route, à subir la tempête ou à s encalminer.
‒ Lorsque nous disons que nous aimons, qu'est-ce que cela veut dire ? Simplement, que nous possédons. Puisque dès l'instant que nous perdons la personne aimée nous nous sentons perdus, vides de tout. En réalité, en disant que nous aimons, nous ne faisons que légaliser un sentiment de possession.