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Citations sur Adieu Tanger (42)

Violente appréhension de ne pouvoir te démarquer des Maghrébines d'ici, de voir ton passé t'échapper, comme la fois où un type t'avait singée en répétant tes mots avec un accent de banlieue caricatural.
Tu n'étais plus marocaine, tu étais banlieu-sarde. Toujours l'ambivalence: il ne faut pas paraître trop négligée pour ne pas tomber dans le carcan des musulmanes oppressées, ni trop apprêtée, pour ne pas tomber dans celui des beurettes en quête d'attention. Ce mot te fait vomir, ce mot qui n'a pas de sens, qui n'existe que dans le beau pays des Lumières, qu'ils tentent tant bien que mal de faire rimer avec intégration réussie. Non, tu n'es pas des leurs, ni des Maghrébins de France, ni des Blancs de France. Doucement, tu t'es glissée dans l'abîme de l'interstice.
(P. 67)
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Ta vie en France se résume à essayer de ne pas paraître arabe tout en voulant te démarquer.
La violence des mots se confond avec la violence des regards. Ceux qui réussissent à quitter le pays forment l'élite, surtout lorsqu'il s'agit de faire des études. Alors tu regardes tes congénères, et tu te sens plus étrangère encore.
Ta vie en France se résume à être arabe sans le paraître.
(P. 66)
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Tu es tombée sur une campagne publicitaire marocaine sur internet, qui voulait sensibiliser au cyberharcèlement sexuel.
[…] La campagne montrait une jeune femme qui pleurait, le visage caché dos à son écran, où des messages pullulaient, nauséa-bonds. Ces mots, tu les as tous déjà enten-dus, lus, par centaines, depuis des années. Tu pourrais presque dire que tu y es habituée.
La campagne s'adressait exclusivement aux femmes et annonçait : « Pour éviter ce genre de situations, évitez d'envoyer des photos de vous. »
(P. 61)
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Impossible de détourner l'attention de tes propres yeux. C'est une vision effrayante, de confronter ton regard qui te juge, gui te voir dans ta nudité. On ne peut pas s'enfuir de soi-même, et cette pensée signifie l'insoutenable.
(P. 50)
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Le lendemain, ta mère t'avait défendu de lui parler, jugé trop voyou.
Depuis, tu continuais de le voir, en cachette, parce qu'il était interdit et parce qu'il était libre. Il te fascinait, te plaisait, t'intimidait.
L'écouter parler de sa vie t'ouvrait un champ de possibilités que tu n'imaginais pas, pas là-bas, pas au Maroc, pas aussi près de toi.
(P. 45)
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Lui sait qu'il partira, qu'il rentrera un jour chez lui, que ce pays n'est qu'une parenthèse; il l'est pour tous ceux qui ont les moyens de le quit-ter, devenant alors une prison pour les autres.
(P. 23)
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Quelqu'un t'a sifflée, et les manches trop longues malgré le soleil ont commencé à te peser. Tu as traversé brutalement afin d'éviter qu'ils te touchent et tu n'as pas vu la voiture qui passait. Les conducteurs accélèrent souvent quand ils voient une fille traverser, par provocation. Mais cette fois, en colère, tu t'es arrêtée devant le véhicule, fixant l'homme au volant. Tu n'as pas eu peur de te faire renverser. Une lassitude s'est emparée de toi.
Les pneus ont crissé et il a sorti la tête de sa voiture, en criant. Cet homme vêtu de blanc t'a dit que tu cherchais les problèmes, habillée comme ça en plus. Lui portait du blanc parce qu'il allait prier. L'ironie de la situation t'a agacée, alors tu le lui as dit. Ton sac est tombé de tes épaules quand il s'est précipité vers toi, laissant sa portière ouverte, et tu as tenté de le repousser avant de te mettre à courir, laissant derrière toi ses insultes et ses mains.
(P. 11)
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Au hasard des rues vides, comme le sont tous les quartiers au Maroc le vendredi midi, jour sacré, quelques hommes se baladaient en cos-tume, alors que d'autres sortaient en jellaba; la banque et la mosquée ne sont jamais bien loin.
(P. 10)
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Ta colère, elle, était intacte.
Tu aurais aimé qu’il suffise d’en parler pour t’en séparer, mais elle ne partait jamais.
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De ta féminité, tu ne tirais que la honte des seins naissants qu’il fallait couvrir, des règles qu’il fallait camoufler en faisant couler l’eau du robinet pour cacher au père le bruit de la serviette hygiénique arrachée de son emballage, de tes fesses rondes qu’il fallait couvrir de chemises longues, de manteaux longs, de sacs à dos pendants.
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