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sur 105 notes
'Adieu Tanger' est un roman mélancolique... Alia vit à Tanger. Elle tente d'apprivoiser son corps d'adolescente et le prend régulièrement en photo afin de comprendre ce que peuvent bien y voir les hommes. Trouver sa place n'est pas facile dans cette société patriarcale. Mais un jour, ses photos sont dévoilées sur internet. Commence alors la méthodique disparition d'Alia afin d'éviter la prison.

Ce roman déborde de nostalgie. le passage de l'enfance à l'âge adulte est souvent synonyme de deuil, mais ce deuil de l'innocence s'associe normalement à une nouvelle liberté. Ici, ce n'est pas le cas. On reste empêtré dans le passé. L'ambiance est pesante, plombante. Seule une infime éclaircie semble poindre à la fin du roman. J'ai manqué d'un peu d'oxygène, sensation que doit également ressentir Alia. J'avais envie de lui prendre la main pour lui montrer où prendre une bouffée d'air.

Il ne se passe pas grand chose dans toutes ces lignes qui racontent principalement la réflexion de la protagoniste. Je pense que la construction de l'histoire ne m'a pas totalement charmé, car trop tournée vers le passé. Mais c'est peut-être parce que j'ai également connu le déracinement forcé et le mal du pays à l'adolescence que je n'ai pas aimé me retrouver dans cette ambiance. J'aurais aimé en savoir plus sur la nouvelle vie d'Alia en France. On est trop dans l'introspection pour moi. La narration à la deuxième personne du singulier durant tout le récit ne m'a pas dérangé mais pourra en perturber certains. Ce "tu" donne l'impression que nous lecteurs, sommes jugés. On se met dans la peau d'Alia face aux réprobations.

Pour finir, je salue la dénonciation de la puissance abusive masculine à travers le portrait d'une femme qui devient à la fois sale et objet de désir à l'adolescence malgré elle, d'une femme fautive, toujours et encore, que personne ne peut sauver à part elle-même.

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Le thème du premier roman de Salma El Moumni est ambitieux : le pouvoir et l'influence du regard des autres sur soi, sur les choix de sa propre vie. Alia est marocaine, vit à Tanger. Elle fréquente Quentin, un jeune garçon scolarisé comme elle dans le même lycée. Ce qui préoccupe gravement Alia, ce qui l'obsède dès le départ de ce récit, c'est la sensation qu'elle éprouve de se voir scrutée, épiée, déshabillée du regard, méprisée de ses compatriotes. Serait-ce de la paranoïa ? Alia a le sentiment qu'elle dérange, que ses tentatives d'émancipation et d'ajout d'un peu de liberté dans sa vie sont vouées à l'échec.
Alia relève ce défi en postant des photos sur la toile, ce qui est passible de l'article 483 du Code pénal marocain, qui punit l'outrage public à la pudeur d'un mois à deux ans d'emprisonnement. C'est la résolution de ce dilemme qui va occuper Alia dès sa reprise de contact avec Quentin, qui ne l'aide pas vraiment : « Il t'a toisée du regard avec ses yeux bleus liquides en mordant dans sa fajita (…) Tu as immédiatement regretté d'être venue chez lui, tu n'avais soudain plus faim, tu voulais partir. »
Mais ce qui fait l'attrait de ce roman, c'est la volonté de l'autrice de passer en revue toutes les questions liées à l'intégration, aux origines, à la double appartenance culturelle. Sans apporter ou suggérer des réponse simplistes ou définitives, Salma El Moumni décrit avec force et pertinence ces grands thèmes : « Ta vie en France se résume à essayer de ne pas paraître arabe tout en voulant te démarquer. La violence des mots se confond avec la violence des regards (…) Alors, tu regardes tes congénères et tu se sens plus étrangère encore. »
Un autre constat, plus émouvant encore, est celui du poids du regard parental et familial , ou la difficulté de vivre sans essayer d'imiter les autres, les Français « de souche » , sans être reconnue comme une membre à part entière de leur pays .Salma El Moumni nous le dit avec gravité et tendresse : « Tu n'étais plus marocaine, tu étais banlieusarde .Toujours l'ambivalence :il ne faut pas paraître trop négligée pour ne pas tomber dans le carcan des musulmanes oppressées , ni trop apprêtée , pour ne pas tomber dans celui des beurettes en quête d'attention . »
Tout est dit , et la conclusion de ce roman découle tout naturellement de cet état des lieux . On pense, à la lecture de ce très bon roman, à la trilogie de l'auteure Leïla Slimani, également marocaine, Au pays des autres, qui aborde avec beaucoup de justesse les questions de l'origine, de la discrimination, de la haine de soi. Ce premier roman a le mérite d'exposer cette question du pouvoir du regard des autres, de son intériorisation dans notre vie psychique.
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Dans les rues de Tanger, Alia se sent épiée, regardée, déshabillée. Pire, certains hommes osent lui toucher un bras, lui mettre une main aux fesses, sans scrupules.

Alors, pour comprendre ce que voient ces hommes quand ils la regardent, elle décide de se prendre en photo en petite tenue.

Sauf que ces clichés intimes n'avaient évidemment pas vocation à être publiés. Et pourtant, Quentin, le petit copain mal intentionné s'est permis de le faire. Au Maroc, ce genre de photos est condamné par l'article 483. Alia risque la prison.

Au lycée, débute un harcèlement quotidien. Ses parents ne sont pas vraiment présents, et ils ne doivent pas être mis au courant pour les clichés. Alia a tellement honte. Alors, le bac en poche, elle fuit Tanger et se retrouve à Lyon et elle aura du mal à s'en remettre.

"Adieu Tanger " de Salma el Moumni publié aux Editions Grasset est un livre écrit à la deuxième personne; un roman fort et poignant sur la féminité et sur la relation au corps au Maroc. " L'odeur du cuir des vieux taxis jaunes contre ton dos, qui te traînaient d'une rue à l'autre avec leurs ceintures coupées et les chansons amazighes à la radio, interrompant les discussions quotidiennes. le muezzin qui ponctue les journées en cinq temps. La fébrilité. Tu repenses au Maroc comme si tu en avais été privée. »

On apprécie la puissance des thèmes abordés (la complexité des relations entre les hommes et les femmes, et l'importance de l'éducation et l'entourage dans leur développement, sentiment de devenir apatride lorsque votre pays vous rejette ainsi que la substance des protagonistes en présence dans ce roman.

La jeune romancière évoque ces problématiques, qui semble la toucher au plus profond d'elle, avec passion et conviction, comme un besoin et une urgence de les exposer aux yeux de tous.

Une belle découverte de cette rentrée littéraire !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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À Tanger, les jeunes femmes sont des proies pour des hommes, qui les déshabillent du regard. Pour tenter de comprendre, Alia commence à se photographier nue avec son smartphone. Elle en parle à son ami Ilias qui la met en garde : afficher sa nudité est puni par la loi marocaine.
Peu après, Alia a une liaison avec Quentin, un jeune français de son lycée. Après leur rupture, le jeune homme se venge en publiant les photos sur Internet. La jeune femme est contrainte de s'exiler à Lyon pour fuir la justice de son pays. Mais son passé la rattrape...

Intolérance judiciaire, d'origine religieuse, concupiscence des hommes, frustrés par la même religion, cyber harcèlement, on trouve tout cela dans ce roman qui sent le vécu. À côté, les questions d'une jeune femme qui s'interroge sur ce qu'elle est et sur l'image qu'elle envoie aux autres ont bien peu de poids.
N'oublions pas que, de près ou de loin, subir l'envie et la frustration des hommes est le quotidien vécu par une grande majorité des jeunes femmes. Des expériences déjà particulièrement traumatisantes auxquelles l'homme moderne a ajouté le harcèlement de masse, via Internet.
Alors quand l'image du père se fissure, incapable de s'appliquer à lui-même ce qu'il prône pour les autres...
Ce n'est pas le portrait d'un monde accueillant que nous dresse l'autrice !

J'ai été touché par l'histoire d'Alia, un condensé réussi de ce que vivent sans doute beaucoup trop de jeunes filles, pas uniquement dans les pays musulmans.
J'ai été perturbé par la forme de la narration, et tout particulièrement l'utilisation de la deuxième personne, le "tu" et le "vous".
Bien sûr, cela crée de la distance entre le lecteur et l'héroïne, genre "ce qu'elle vit dans le roman n'est pas exactement la vraie vie ; cela ne peut pas vous arriver ainsi." Encore que... Il faudrait poser la question à certaines.
J'ai également trouvé que cela donnait un ton accusateur, style "si tu n'étais pas sortie des sentiers battus, rien de tout cela se serait arrivé." J'aurais préféré une écriture à la première personne : "j'ai fait une bêtise en laissant mon petit-ami consulter mes photos" n'a pas la violence d'un "tu as fait une bêtise en laissant ton petit-ami..."
Mais c'est le choix de Salma El Moumni, et il lui appartient. Elle a du talent et nous surprendra sans doute encore avec son prochain roman.
Je remercie Lecteurs.com et Grasset de m'avoir proposé de lire ce livre.
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A Tanger, une jeune femme Alia est quotidiennement regardée par les hommes. Pas un regard sain, mais un regard appuyé et dérangeant. Pour comprendre elle décide de se photographier dans de nombreuses postures, plutôt osées, avec son téléphone.
Lorsqu'elle rencontre Quentin, un français, elle ne lui dit rien. Mais lui devine et trouve ses photos, qui finissent par être diffusées sur les réseaux sociaux. Des diffusions sur les réseaux qui risquent de lui coûter très cher. C'est interdit à Tanger de posséder de telles photos de soi. C'est la loi qui veut ça. Alors pour fuir l'éventuelle sanction elle attend ses 18 ans et part en France, à Lyon, pour qu'on l'oublie et fuir le scandale qui prend de l'ampleur.

Premier roman de Salma El Moumni, marocaine, écrit avec une narration extérieure, le "tu".
On y ressent sa relation spéciale aux hommes et à son père. Un père contre qui elle doit faire face aux absences répétées, aux pulsions colérique et la domination patriarcale ultra forte.
Nous sont decrits aussi les pouvoirs de destruction du regard des hommes sur elle.

Mais peut on fuir toute sa vie ? Faut il affronter le passé pour tourner la page? Quel poids porter et quel poids assumer?
Autant de questions soulevées dans ce roman de la rentrée littéraire.
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Des thématiques dures mais nécessaires, portées par une plume qui parvient à être aussi incisive que poétique, font de ce roman un texte percutant et important.

J'ai été saisi par la justesse avec laquelle l'auteure réussit à évoquer de nombreux sujets d'actualités : la relation des femmes à leur propre corps, la difficulté à l'apprivoiser et à se l'approprier dans une société qui tend à en faire un objet de masse, mais aussi la complexité des relations entre les hommes et les femmes, et l'importance de l'éducation et l'entourage dans leur développement. Les réflexions développées sur les sociétés marocaines et françaises sont également bien amenées et permettent au lecteur de s'interroger plus généralement sur la place de la femme et sur le rapport à la sexualité des femmes au XXIe siècle.

Je regrette simplement cette narration à la deuxième personne du singulier qui, si j'en comprends l'intérêt et l'adéquation avec le fond du récit, n'a contribué qu'à me maintenir à distance de ma lecture et des émotions de l'héroïne.
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Bonsoir,
Rentrée littéraire chez Editions Grasset et Fasquelle avec Adieu Tanger de Salma El Moumni. Un premier roman sur la féminité, les interdits, les regards de l'autre et les interdits souvent religieux. La fuite sera-t-elle une solution ?
Un premier roman d'une très belle plume, Je suis malheureusement passée à côté. Mais je suis sure que cette autrice aura un grand succès.
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Premier roman magnifique, très envoûtant et sensuel. Certains passages sont vertigineux. Un livre très attachant qu on quitte avec tristesse et dont les phrases continuent à raisonner et vous accompagner...une très belle découverte de cette rentrée littéraire. Il nous reste plus qu à attendre le prochain roman de Salma El Moumni.
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Alia aime Tanger, sa ville, celle de sa famille, celle où elle a rencontré Quentin , le beau français aux boucles blondes, l'expatrié qui fréquente le même lycée qu'elle.
Dans sa vie, Alia cherche l'amour et le regard du père, mais fuit celui de tous ces hommes qui la déshabillent du regard. Chaque jour elle cherche à comprendre pourquoi ils le font, ce qu'ils voient, ce qu'ils veulent, ce qu'ils détestent, ce qu'ils fuient, ce qui les attire.
Et chaque jour, pour tenter de comprendre ces regards intrusifs posés sur elle, elle se prend en photo dans le silence et le secret de sa chambre.
Photos de plus en plus intimes, déshabillées, inavouables mais rendues possibles car à elle seule destinées.

Jusqu'à la trahison ultime, jusqu'au jour où elles sont postées sur Instagram par celui en qui elle avait toute confiance.

Mais au Maroc publier ce genre de photo est punissable par la loi. Un outrage à la pudeur involontaire qui la contraint à quitter le pays pour s'installer à Lyon.
Là, il faut se récréer une vie, des relations, trouver un travail, et accepter le départ forcé vers l'étranger qui sans cesse la rejette et la cantonne au seul rôle de marocaine émigrée.

Chaque jour est synonyme de souffrance, chaque jour elle cherche l'amour d'un père qu'elle n'a jamais eu, aurait-il fallu être né garçon pour avoir l'heur de lui plaire... Aurait-il fallu être autre ? Ou son plus grand défaut est-il d'être si semblable à celui qui l'ignore dans ses aspirations, ses envies, ses attentes.

Roman sur l'exil, sur le manque cruel de reconnaissance et d'amour d'un père envers sa fille, qui hante toute une vie de jeune fille, de jeune femme, et trace des blessures indélébiles, quel que soit l'avenir qu'elle se forge.
L'écriture à la deuxième personne parfois lassante à lire, montre la distance entre le temps présent, celui de l'exil en France et l'enfance et l'adolescence qu'il a fallu fuir pour se reconstruire ailleurs, comme un autre moi auquel la narratrice s'adresse pour mieux la comprendre, la soutenir, l'aider à avancer, loin de Tanger, à jamais.

https://domiclire.wordpress.com/2023/08/30/adieu-tanger-salma-el-moumni/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Alia est lycéenne à Tanger, parce qu'elle se sent en permanence déshabillée du regard des hommes, huée et insultée, elle commence à se prendre en photo afin tenter d'apercevoir ce que l'autre voit de ce corps qui semble poser problème. Comme toute fille en pays musulman, elle n'intéresse pas son père car fille, et sa mère ne la valorise pas davantage. Alors que ses photos étaient sensées restées privées, elle se retrouvent mise en ligne.
« Quiconque par son état de nudité volontaire ou par l'obscénité de ses gestes ou de ses actes, commet un outrage public à la pudeur est puni de l'emprisonnement d'un mois à deux ans »
Menacée par l'article 383 du code pénal marocain Alia n'a plus d'autre choix que de fuir son pays. C'est à Lyon qu'elle va terminer sa scolarité. Elle pensait y trouver la sérénité, mais son passé la rattrape. Revenir ou pas à Tanger ?
Ce premier roman est une sorte de journal écrit à la seconde personne ; l'héroïne semble se parler, se prendre à témoin. D'un prime abord c'est assez déroutant, puis le mode narratif laisse oublier, car rattrapé par une certaine violence dont le corps féminin est le centre névralgique du roman. Salma El Moumni traitre de beaucoup de sujet dans ce premier roman : l'adolescence prise en étau, coincée entre le désir légitime d'émancipation, la culpabilité de décevoir les parents, et une trop lente évolution des meurs et coutumes du pays, l'omniprésence de la religion ; mais tout cela semble quelque peu brouillonné ; en outre le propos n'a rien d'apaisé.
Une lecture intéressante de par sa construction, mais en demi-teinte pour moi pour ce que j'en ai ressenti et ce que j'en retiendrai !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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