AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bruno_Cm


Je suis assez étonné, je ne pensais pas du tout que la psychanalyse jouait un rôle, même quelconque, dans la toute-petite-enfance en difficulté... Enfin, c'est en France que l'action se passe, pays psychanalyste s'il en est... Je m'amuse de voir que certaines règles du cadre anaytique semblent absolues et d'autres moins, ça m'a toujours amusé de voir que ces dogmes -selon ou selon- peuvent se modifier et -selon ou selon- c'est un sacrilège...

De même que l'empêchement d'agir dans la réalité quitte à ce que ça fasse perdre du temps, voire même soit dangereux est pierre angulaire... C'est énervant... « Il me semble aussi que la plus grande responsabilité que l'on puisse exercer vis-à-vis d'un enfant est d'assumer sa position. Il est donc exclu pour moi d'intervenir directement en prenant contact avec tel ou tel membre de l'administration (certains analystes ressentent cela comme une frustration et passent outre alors qu'il s'agit d'une castration à assumer. »

Ce qui est aussi énervant c'est toujours cette incroyable prétention qu'à la psychanalyse à se croire la seule à donner du sens, du sens aux mots, au verbe, au parler, au symbolique... A vrai dire la psychanalyse est en fait un petite sémiotique, sans plus. Qui forte de son grand âge se croit limite omnisciente et infaillible dans ce qu'elle dit. Hormis, rares exceptions, la vieillesse est pour moi naufrage, et souvent n'est au mieux qu'un combat sur des archaïsmes par peur du présent qui bondit et vole trop vite.


Etonnant, et tellement rare, une critique à l'adresse de Boris Cyrulnik, le mec « intouchable » de ces dernières décennies : « [Cyrulnik] en arrive à la conclusion que ce premier "sourire" est déterminé par une sécrétion bio-électrique du cerveau, un neuropeptide. La mère, pas folle, manifeste la joie que provoque chez elle ce sourire qu'elle n'attribue pas, pauvre ignorante, à une "sécrétion de neuropeptide" ! Avant de conclure sur les excellents effets de cet adultomorphisme (qui va, entre autres, modifier le rythme biologique du bébé), Boris Cyrulnik n'en remarque pas moins "qu'elle fait un contresens". Mais qui fait un contresens ? Qui peut affirmer qu'il est plus "vrai" de dire : "Le premier sourire est déterminé par la sécrétion d'un neuropeptide" que : "Mon bébé m'a souri dès qu'il est né ?" Dire que la biologie est façonnée par la parole est une chose, mais dire que la biologie est en elle-même porteuse de sens en est une autre. Au mieux, les deux "interprétation" coexistent : tout dépend de l'observateur... et de ce que l'on observe. »


Sinon, Caroline Eliacheff fait ici un livre très intéressant, ses idées et actes et comptes-rendus sont bien formulés, bien faits, et on sent son humanité. Rien à dire. Belle personne. Qu'est-ce qu'elle aurait pu encore mieux faire sans ses carcans. Enfin, soit.

Elle précise ; « Comme il est matériellement impossible de raconter une cure in extenso, j'ai pris garde de ne pas sélectionner ce qui me mettrait en valeur... Si le psychanalyste ne peut se substituer aux parents d'un enfant dans la réalité, il ne doit pas non plus se faire considérer comme un magicien ! Il m'a semblé qu'il n'était pas inutile de montrer que même, et peut-être surtout, un analyste doit être capable de dire à un enfant (et aux lecteurs) qu'il n'est pas infaillible. »


Je retiens qu'il est plus qu'important de dire les faits aux enfants même tout-petits, car ils comprennent ou savent quelque chose. Et que ça impacte clairement leur vie présente et leur avenir. Dire le passé, le digérer, sans le déféquer n'importe comment ou le vomir et passer à autre chose. Espérons.

Dramatique sinon ce constat de la situation de cette époque et qui sans doute n'est pas très différente maintenant en ce qui concerne l'adoption, la déchéance des droits parentaux, les familles d'accueil, la justice, le temps que tout ça prend, et qui empêche toute sérénité. Dramatique.


Le mot de la fin, de l'auteure :

Pour être psychanalyste, avec les tout-petits, il faut considérer chaque enfant comme un être humain à part entière, susceptible d'être autonome dans son désir bien avant d'être autonome dans la réalité, sans assimiler au néant manque d'expérience et incapacité à parler. En portant la parole au sens propre et au sens figuré) le psychanalyste est un médiateur de la fonction symbolique, sans laquelle la vie ne serait pas humaine.



Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}