AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La civilisation des moeurs (60)

On faisait un art de se moucher il y a quelques années. L’un imitait le son de la trompette, l’autre le jurement du chat ; le point de perfection consistait à ne faire ni trop de bruit ni trop peu.
Commenter  J’apprécie          70
Dans son célèbre roman la princesse de Clèves, Madame de La Fayette met dans la bouche du mari, qui sait que sa femme s’est éprise du duc de Nemours, la phrase suivante : « je ne me veux fier qu’à vous-même ; c’est le chemin que mon cœur me conseille de prendre, et la raison me le conseille aussi ; de l’humeur dont vous êtes, en vous laissant votre liberté je vous donne des bornes plus étroite que je ne pourrai vous en prescrire. » […] L’homme sait qu’il ne peut retenir sa femme de force. Il ne s’emporte pas, parce que sa femme en aime un autre, il ne se réfère pas non plus à ses droits d’époux ; l’opinion publique ne permettrait pas une telle attitude ; il s’impose une grande modération : je te laisse ta liberté, dit-il à sa femme, et je sais que ce faisant je t’assigne des limites plus étroite que si je formulais des règles et des préceptes. Autrement dit, il attend de sa femme de la même autodiscipline dont il fait preuve. C’est un exemple typique de la situation nouvelle telle qu’elle découle de l’égalité des sexes.
Commenter  J’apprécie          30
De nos jours on traiterait d’« anormale » une personne qui chercherait à satisfaire ses tendance de plaisir en brûlant vifs des chats, parce que le conditionnement normal de l’homme de notre phase de la civilisation substitue au plaisir de la vue de tels actes de peur–inculquer sous forme d’auto contraintes–qui retient l’homme de telles manifestations pulsionnelles. C’est un mécanisme psychique très simple qui provoque la transformation historique de la vie affective : des manifestations pulsionnelles ou des plaisirs considérés comme indésirables par la société sont assorties de menaces ou de châtiment qu’ils investissent de sensations de déplaisir ou à prédominance de déplaisir. Par suite du rappel incessant du déplaisir sous forme de menaces de punition et de l’accoutumance à ce rythme, la dominante déplaisante est obligatoirement associée à certains comportements qui, à l’origine, peuvent être plaisant. Ainsi, il y a tiraillements entre le déplaisir et la peur suscitée par la société–représentée aujourd’hui, mais pas toujours exclusivement, par les parents–et le plaisir caché. Ce que nous avons défini sous divers aspects comme progression du seuil de la pudeur, de la sensibilité aux expériences pénibles, des normes affectives a pu être déclenché par de tels mécanismes. Reste à examiner l’origine des structures sociales ayant déclenché ces mécanismes psychiques ainsi que la nature des contraintes extérieures qui ont provoqué la « civilisation » des manifestations affectives et du comportement.
Commenter  J’apprécie          20
...Il est à ce point utile de faire abstraction de la pudeur pour dégager le corps, que, selon l’avis de tous les médecins, serrer les fesses serait faire comme Aethon qui, chez l’épigrammiste, faisait tout son possible pour ne pas péter dans un temple, et saluait Jupiter en serrant les fesses. Ce sont les parasites et les orgueilleux qui disent : j’ai appris à serrer les fesses.
Commenter  J’apprécie          20
La notion de « civilisation » représente primitivement, au même titre que la notion de « culture », une arme de l’opposition des classes moyennes et plus spécialement de ces éléments intellectuels dans leur lutte sociale interne. Avec l’accession de la bourgeoisie aux commandes de la nation, elle devient aussi l’expression du sentiment national.
Commenter  J’apprécie          20
On ne voit pas très bien si l'opposition radicale entre "civilisation" et "nature" exprime autre chose que l'oppression des âmes "civilisées", que les déformations de l'économie psychique telles qu'elles existent dans la phase moderne de la civilisation occidentale. Le fait que l'économie psychique des "primitifs" n'est pas moins historique que celle des "civilisés", même si les premiers ont une connaissance fort limitée de leur propre histoire. L'historicité de l'évolution des hommes ignore le "point zéro", de même qu'il n'y a pas de "point zéro" de la sociabilité, c'est à dire de la solidarité sociale des humains. Chez les uns et chez les autres, il y a des interdictions et des contraintes mises en place par la société tout comme il y a, chez les uns et chez les autres, leur substrat psychique, les angoisses, les sentiments de plaisir et de déplaisir, de malaise et de ravissement, façonnés également par la société. On est donc moins clair qu'on ne le pense quand on oppose les normes des prétendus "primitifs" à celle des "civilisés" en qualifiant les premières de "naturelles", d'allant de soi, les secondes d'historico-sociales. Quand des fonctions psychiques de l'homme sont en jeu, il y a interaction indissociable entre processus naturels et processus historiques.
Commenter  J’apprécie          20
Les notions de « courtoisie » et de « civilité » subsistaient côte à côte tout au long du XVIe siècle, chacune conservant son caractère mi-chevaleresque–féodal, mi–absolutiste–curial. Dans le courant du XVIIe siècle le terme de « courtoisie » passe, en France, peu à peu de mode. [...] de la même manière, la notion de « civilité » perd progressivement, au XVIIIe siècle, sa vogue dans les milieux absolutistes de cour. [...] Dans la plupart des documents de cette époque, nous voyons [...] le terme de « civilité » céder le pas à celui de « politesse » : on a tendance à désigner le problème dans sa totalité par le terme de « humanité ».
Commenter  J’apprécie          10
On accepte le résultat comme l’expression de ses propres talents, que l’on considère comme supérieurs à ceux des autres ; personne ne semble plus intéressé aux problèmes de la « civilisation » conçu comme un processus : la conviction de leur supériorité, de la supériorité de la civilisation nationale sert de justification aux nations conquérantes et civilisatrices qui se hissent ainsi au rang de « couche supérieure » dans de vastes territoires extra-européens ; c’est de la même manière que les ancêtres de la « civilisation », à savoir la « politesse » et la « civilisée », avait servi d’assise à la prédominance de l’aristocratie de cour.
Commenter  J’apprécie          10
Contrairement à l’idée que le mot évoquait au moment de sa création, le processus de la civilisation apparaît, aux yeux des nations, comme achevé à l’intérieur de leur propre société ; les peuples se sentent essentiellement comme des apôtres chargés de transmettre aux autres, en leur qualité de porte-bannière, une civilisation existante et achevée. Du processus intérieur la conscience ne garde qu’un souvenir très vague.
Commenter  J’apprécie          10
La notion française de « civilisation » reflète la destinée sociale spécifique de la bourgeoisie française, de même que la notion de « culture » reflète celle de la bourgeoisie allemande.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (322) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3193 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}