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Critique de Presence


Depuis Utopia (en VO), les X-Men sont bien installé sur leur île au large de San Francisco et ils collaborent avec les services municipaux. La police de San Francisco fait appel à eux pour examiner un corps carbonisé qui lévitent à un peu plus d'un mètre du sol. L'équipe qui répond à cette demande est constituée de Cyclops, Beast, Emma Frost, Storm, Wolverine et Armor (Hisako Ichiki). En se servant de leurs pouvoirs, les X-Men déterminent que la victime a été assassinée par le tueur qu'elle poursuivait. Qui plus est, Hank McCoy découvre que le cadavre est celui d'un mutant qui ne fait pas partie des 198 recensés suite à M Day. La suite de leur enquête les emmène en Inde dans une décharge à ciel ouvert d'un genre très particulier, puis en Chine dans une région encore plus particulière et pour finir dans le domaine d'un vieil ami.

Ce tome regroupe les épisodes 25 à 30 de la série "Astonishing X-Men", initialement parus en 2008/2009. Cette histoire peut être lue indépendamment des tomes précédents. Il ne comprend pas les 2 épisodes spéciaux "Astonishing X-Men : ghost boxes" 1 & 2 qui sont présents dans l'édition VO.

Après la conclusion catastrophique et ridicule des épisodes de Joss Whedon et John Cassaday (dans Invincible), les éditeurs de Marvel confie cette série des X-Men à Warren Ellis qui sait que ses épisodes seront illustrés par Simone Bianchi, illustrateur atypique déjà remarqué dans la minisérie du Shinning Knight dans Seven Soldiers of Victory - Étranges aventures, et dans une histoire de Wolverine (Évolution).

Pour mettre en valeur cet illustrateur, Warren Ellis concocte une histoire sur mesure en ayant recours à son dispositif de prédilection : les univers parallèles (utilisés avec brio dans Authority et Planetary). Il construit son récit sur la base d'une enquête pour déterminer l'identité du défunt, celle de son meurtrier et leurs intentions réciproques. Ce moteur confère une dynamique très efficace aux péripéties. Pour ma part, j'ai été happé par ce récit et satisfait des différents rebondissements, ainsi que de la résolution finale. Il est également difficile de résister à la rouerie de Warren Ellis qui taquine gentiment l'importance toute relative de la continuité des X-Men en introduisant 2 nouvelles branches de mutants, mais sans pour autant se moquer.

Et puis, il y a les illustrations. Magnifique ! Je n'ai qu'un seul regret : que Marvel n'ait pas édité cet ouvrage dans un format plus grand. Simone Bianchi a bénéficié de tout le temps nécessaire pour peaufiner chaque case de chaque planche. Ses compositions de planches sont inventives tout en restant lisibles. Il personnalise l'apparence de chaque individu, à commencer par les X-Men, avec un sens esthétique très affirmé et un oeil pour le détail pertinent confondant de maîtrise. Ororo a droit à un costume qui combine sa majesté royale avec la sauvagerie des forces de la nature qu'elle peut déchaîner. Emma Frost a enfin une tenue hors de prix qui correspond à sa condition sociale et à ses charmes physiques, sans pour autant la faire ressembler à une prostituée bas de gamme. Quant aux détails, il faut lire ses pages pour contempler sa capacité à insérer des détails mémorables utilisés avec intelligence et parcimonie, pour qu'ils soient à la fois inoubliables, sans être lassant. Par exemple, Hisako enfile des pantoufles affublées d'un visage (gros yeux + bouche) à leur extrémité. Ce gag visuel n'est pas nouveau, mais ici il est exécuté avec une perspicacité surnaturelle. Non seulement le visage ainsi constitué au bout de chaque chausson présente un aspect visuel comique, mais en plus leur placement dans les 2 pages correspondantes décuple leur force comique.

Warren Ellis en grand professionnel a écrit plusieurs scènes pour mettre en valeur les points forts de Bianchi, en particulier des doubles pages dédiées aux paysages. J'ai cru être ramené à l'époque mythique de Métal Hurlant avec des illustrateurs devenus légendaires déployant les trésors de leur savoir faire pour retranscrire les mondes hallucinants créés par leur imagination débridée. le spectacle offert propulse le lecteur dans un monde onirique pleinement abouti et parfaitement composé. le niveau d'imagination et d'originalité propulse ces images dans la catégorie exceptionnelle des illustrations inoubliables. La puissance d'évocation de cet illustrateur est magnifiée par la technique qu'il utilise : le lavis. Il s'agit d'une technique de peinture consistant à n'utiliser qu'une seule couleur (à l'aquarelle ou à l'encre de Chine) qui sera diluée pour obtenir différentes intensités de couleur. Juste pour montrer qu'il n'est pas parfait, je ne comprends pas pourquoi il tient tellement à doter Wolverine de griffes qui sont plus longues que son avant bras dans lequel elles sont censées rentrer. Mais il s'agit d'un détail au regard de l'ensemble.

Ce tome bénéficie d'illustrations exceptionnelles pour une histoire originale, même si elle ne transcende pas les limites du genre.
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