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Critique de Presence


L'édition 2009 de ce tome comprend les épisodes 19 à 24 de la série, ainsi que 2 histoires courtes parues dans "Vertigo : winter's edge" 2 & 3. Il fait suite à Year of the Bastard.

Jerusalem Spider est maintenant installé dans un appartement haut de gamme dans une résidence de standing, avec Yelena Rossini son assistante et Shannon Yarrow son garde du corps. Les élections présidentielles approchent à grand pas et Spider a la conviction que ses éditoriaux ne servent à rien, que les habitants de la Ville ne s'intéressent pas à la politique. Il choisit de parcourir les rues de la Ville pour retrouver l'inspiration. Shannon a découvert des images de Yelena et Spider ensemble. le président (surnommé The Beast par Spider) requière une interview. Spider et lui vont avoir une discussion à coeur ouvert dans laquelle The Beast expose son credo. Puis Spider passe à nouveau une journée dans les rues ce qui fournit l'occasion à Ellis de donner quelques détails de plus sur des caractéristiques de cette civilisation d'anticipation. Gary Callahan requière à son tour une interview avec Jerusalem, et c'est également un grand déballage franc et massif qui permet au lecteur de se situer entre Charybde et Scylla. le tome se termine avec la soirée des élections et le résultat est donné.

Difficile de savoir à la lecture de ce tome si Warren Ellis avait un plan de travail défini sur plusieurs épisodes à l'avance pour cette série. Au fil des épisodes, le lecteur découvre toujours plus d'éléments sur ce monde futuriste et sur les cycles émotionnels de Jerusalem (reportage empreint de génie, suivi de phase d'abattement, suivi d'une phase de ressourcement dans la rue, et le cycle recommence). Il n'y a donc d'autre choix que de prendre les choses comme elles viennent sans savoir si tel ou tel détail s'insère dans un canevas plus large, ou s'il s'agit d'un élément n'ayant d'importance qu'à cette place là de l'histoire. Par exemple, Ellis commence à insérer des pleines pages consacrées à ces visions de science-fiction : des vendeurs de chiens pour les restaurants, des techniciens suréquipés transformant les déchets urbains en oxygène (pour ne prendre que 2 exemples et vous laisser la surprise des autres). Ellis s'inscrit donc dans le courant cyberpunk anticipant l'application de très haute technologie dans un milieu où la plus extrême pauvreté existe toujours et est encore plus révoltante du fait du contraste induit par ces miracles technologiques.

De la même manière, le lecteur n'a d'autre choix que de prendre le fil narratif principal comme il vient. Ici, les élections présidentielles arrivent déjà à leur terme et le rôle de Spider s'éloigne complètement du postulat de départ (journalisme gonzo) pour devenir le récipiendaire des confessions des 2 candidats. Pour contrebalancer toute cette noirceur, Ellis utilise Shannon et Yelena comme soupape comique. Mais la tension créée par l'erreur de parcours de Yelena reste artificielle et a du mal à provoquer une empathie quelconque.

Pour le quatrième tome consécutif, Darick Robertson doit trouver des visuels à la hauteur de l'imagination débridée d'Ellis, et Rodney Ramos encre le plus précisément possible. Dès la première séquence ce duo prouve qu'ils sont à la hauteur du défi. Spider se promène dans un quartier populaire où il est reconnu par les uns et les autres. Robertson et Ramos donnent à chaque individu un visage différent (avec des sourires un peu trop similaires et systématiques) qui ne doit rien à une perfection plastique. Ils réussissent quelques belles expressions : la résignation lasse des porteurs de carcasses dépecées des chiens. Shannon a également droit à quelques grimaces aussi éloquentes que drôles. Toutes les trouvailles futuristes d'Ellis disposent d'une représentation qui leur permet de s'intégrer parfaitement au reste des décors et d'être pleinement compréhensibles par le lecteur. Ils sont également aussi à l'aise lors de longues séquences de conversations avec une mise en scène inventive et rythmée qui renforce le rythme des échanges, des fluctuations de position dominante, etc.

Le tome se termine avec 2 histoires courtes se déroulant pendant la période hivernale. Dans la première, Spider crie sa haine de l'esprit de Noël. Dans la seconde il dénonce le faux renouveau apporté par l'hiver et il prend part à une bataille de boules de neige qui dégénère.

Je reconnais que j'ai parfois du mal à m'adapter au rythme très particulier de cette série. D'un coté, Ellis parsème cette anticipation de dizaines de trouvailles qui vont de l'intrigant au perspicace (en passant par le poil à gratter), et le personnage de Spider Jerusalem sort des sentiers battus et des clichés. de l'autre, le fil narratif principal est bien difficile à distinguer et les épisodes passent d'un thème à l'autre, sans raison apparente.
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