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Critique de Presence


Cette histoire constitue la dernière partie de la trilogie appelée Ultimate Galactus. Il vaut mieux avoir lu les 2 autres parties avant pour comprendre d'où sort Philip Lawson, ou qu'elle est cette vision à laquelle il est fait référence. L'intégralité de la trilogie a été rééditée dans Ultimate Galactus trilogy. le présent tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2006, écrits par Warren Ellis, dessinés et encrés par Brandon Peterson, avec une mise en couleurs réalisée par Justin Ponsor, avec l'aide de Paul Mounts pour l'épisode 1, et de Jason Keith pour l'épisode 5.

Le récit commence dans le Triskelion, le quartier général des équipes de surhumain au service de la défense nationale, sous l'égide du S.H.I.E.L.D., agence d'espionnage dirigée par Nick Fury. Sam Wilson est rejoint par carol Danvers et Philip Lawson. Ensemble, ils accueillent Red Richards et Susan Storm, et sont rejoints par Nick Fury. Richards est venu pour rendre compte des informations qu'il a pu extraire de Vision. Pour cela, il projette une simulation 3D des événements qui vont probablement survenir avec l'arrivée de Gah Lak Tus. Il commence par préciser que le premier effet sera dû à sa taille. Il estime la taille de Gah Lak Tus à environ 150 000 kilomètres de diamètre, ce qui fait que son champ de gravité entrerait en compétition avec celui de la Terre.

Mais d'après ses projections, Reed Richards estime que Gah Lak Tus commencera par attaquer en émettant des ondes psychiques pour affoler les populations, pour provoquer des émeutes, des meurtres, des suicides collectifs, etc. Puis, il est vraisemblable que Gah Lak Tus déploierait des armes à différents endroits de la planète pour répandre un virus aérien, virus qui s'attaque aux chairs et qui les rongent. Après s'être ainsi débarrassé de toute vie humaine, il pourrait alors percer la croûte terrestre afin d'accéder aux énergies thermiques du noyau et les aspirer comme un vampire, pour faire le plein et pouvoir réaliser son voyage suivant. de son côté, Misty Knight (une détective privée) est embauchée par Edward Shaeffer pour retrouver sa femme, enrôlée dans une secte. Cela la conduit sur la piste d'une certaine Heather Douglas, une jeune femme chauve et très dangereuse.

Il était temps ! de toutes les manières, Warren Ellis ne pouvait plus faire autrement sans faire mentir le titre : le lecteur découvre enfin la version Ultimate de Galactus, et assiste à sa première tentative de descente sur Terre. Il était temps ! Cette minisérie a enfin droit à un seul et unique artiste pour tous les 5 épisodes, contrairement aux 2 premières. Dès les premières pages, le lecteur apprécie la pertinence du choix de Brandon Peterson pour mettre en images cette histoire. Il se conforme à la charte graphique de la ligne Ultimate, qui veut des dessins plus réalistes que ceux des comics Marvel traditionnels, et une esthétique différente. Pour remplir cette deuxième exigence, Brandon Peterson utilise un truc tout simple : il applique par endroit l'équivalent de trames mécanographiées, (mais réalisées à l'infographie) pour rendre compte des ombres portées plus ou moins denses en fonction de l'intensité de l'éclairage. Ajoutées à des dessins descriptifs et propres sur eux, ces trames confèrent une identité visuelle particulière aux dessins, effectivement différente des comics de superhéros habituels.

Arrivé à cette dernière partie, le lecteur sait bien que les scénarios de Warren Ellis sont assez exigeants vis-à-vis des artistes. Il leur réserve souvent des pages dépourvues de texte, que ce soient des dialogues ou des cellules narratives, charge au dessinateur de raconter tout seul la scène. Cette dernière partie n'échappe pas la règle et Brandon Peterson se retrouve à raconter une course-poursuite mouvementée entre Misty Knight et Heather Douglas pendant 6 pages, un affrontement de 7 pages entre Misty Knight et un envoyé de Gah Lak Tus, puis un autre affrontement entre Ultimates et un autre envoyé, et encore l'affrontement final entre les défenseurs de la Terre et Gah Lak Tus. Les dessins nets et précis impressionnent le lecteur par leur qualité de reportage pris sur le vif, mais aussi par le sens de la mise en scène permettant de rendre compte de la vivacité des mouvements, et de la force des coups. Brandon Peterson sait aussi construire un plan de prise de vues de manière à raconter en montrant, à enchaîner les différents moments sur la base d'une cohérence spatiale logique (la course-poursuite entre Misty Knight et Heather Douglas, dans une cage d'escalier), combiné avec un réel sens du spectacle (par exemple quand le premier envoyé de Gah Lak Tus encaisse coup après coup).

Les compétences narratives de Brandon Peterson sont évidemment plus apparentes quand il doit se charger de raconter tout seul une séquence, mais elles sont tout autant présentes dans les autres scènes. le lecteur apprécie qu'il ne donne pas une morphologie de culturiste à tous les personnages sans distinction, et qu'il adapte les tenues vestimentaires en fonction des protagonistes et de leurs occupations. Charles Xavier a un corps d'individu en bonne santé, mais sans musculature surdéveloppée. Heather Douglas est élancée et svelte, à nouveau sans donner l'impression de passer 4 heures par jour dans une salle de gym. Jeanne de Wolfe porte les marques de son âge sur son visage et sa silhouette. Bien qu'ils soient humanoïdes, les envoyés de Gah Lak Tus dégagent une étrangeté attestant qu'ils ne sont pas apparentés à l'humanité, toujours sans tomber dans les stéréotypes visuels propres aux superhéros. L'artiste reproduit avec exactitude l'apparence déjà établie des personnages récurrents de l'univers Ultimate, qu'il s'agisse de Susan Storm, de Nick Fury ou de l'armure d'Iron Man.

Au fil des épisodes, le lecteur apprécie la qualité du jeu d'acteurs des protagonistes civils, leurs expressions de visage et leurs postures naturelles. Il remarque que Brandon Peterson sait aussi bien rendre compte des destructions occasionnées par les affrontements physiques, que mettre en scène un mouvement de foule complexe, ou décrire les ravages du virus sur la chair humaine, sans tomber dans le gore bon marché. Cerise sur le gâteau : l'artiste ne sacrifie jamais les décors. Il ajuste le niveau de détails de leur représentation en fonction de la nature de la séquence, mais il n'y a pas de page avec uniquement des arrière-plans vides qui provoqueraient une diminution gênante du degré d'immersion du lecteur. Que ce soit pendant les scènes de dialogue ou de combat, Peterson fait en sorte de rappeler les caractéristiques de chaque endroit, bien aidé par Justin Ponsor quand il s'agit d'un combat aérien, sur fond de ciel avec des nuages.

Alors que son niveau d'attente est assez élevé, le lecteur se retrouve rasséréné par la qualité des dessins, et donc dans une bonne disposition d'esprit pour découvrir ce troisième acte. Comme dans les 2 premières parties, Warren Ellis profite de la liberté donnée par le cadre de l'univers Ultimate pour réinventer des personnages, et s'approprier des noms déjà connus. le lecteur retrouve sa nouvelle version de Mahr Vell. Il découvre Jeanne de Wolfe, toujours capitaine de police, mais plus réaliste que dans la série Peter Parker the spectacular Spider-Man. Il attend le scénariste au tournant pour sa version de Galactus et de son héraut. le scénariste se montre joueur en commençant par faire monter le suspense. Il ne montre pas d'emblée Gah Lak Tus, mais met en scène Reed Richards en train d'exposer ses déductions. Cela donne lieu à une scène de fin du monde, assez convaincante du fait des dessins de Brandon Anderson, et de l'efficacité du scénario de Richards.

Dans le même temps, Warren Ellis donne au lecteur ce qu'il attend : Nick Fury en train d'organiser les défenses et la contre-attaque, anticipant l'arrivée effective de Gah Lak Tus. Dans le même temps, Warren Ellis prend le lecteur par surprise avec ce qui semble être une digression pour gagner du temps : l'enquête de Misty Knight. Effectivement, il aurait pu présenter ce fil narratif d'une autre manière, mais cela lui permet aussi de montrer l'un des aspects de l'arrivée de Gah Lak Tus, au niveau d'un individu (presque) normal. Ce fil narratif montre la situation à partir d'un autre point de vue, complémentaire par rapport à celui de la force de frappe en train de se préparer sous les ordres de Fury. En outre, cela confirme au lecteur que Warren Ellis ne va pas laisser passer l'occasion de mettre à jour le concept de Galactus. Après avoir modifié en profondeur la nature de Vision, il fait de même pour Heather Douglas. Il reprend le concept de héraut, mais en en modifiant sa fonction et sa mission. Enfin, le lecteur découvre Gah Lak Tus. Il apprécie le potentiel de cette nouvelle version, du concept, même si la brièveté du récit ne permet pas d'en explorer toutes les facettes. Effectivement, Warren Ellis s'est approprié le concept et l'a revu à sa sauce de manière intelligente et convaincante.

Enfin le troisième acte de cette trilogie, et le dévoilement de Gah Lak Tus. Warrren Ellis mène à son terme l'histoire de la première venue de Galactus, version Ultimate, sans rien perdre de la force du concept imaginé par Jack Kirby et Stan Lee, dans une version adaptée à l'univers Ultimate. Il bénéficie d'un artiste de bon niveau pour cette dernière, qui en plus assure la totalité de la narration, pour tous les épisodes. Après 2 parties un peu en deçà de ses attentes, le lecteur savoure ce dernier acte solide, divertissant et inventif.
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