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Critique de Symphonia2


Cette suite de Perfidia, qui a lancé un nouveau quatuor de Los Angeles, est diablement efficace et, je trouve, plus réussi que Perfidia. J'ai été davantage prise dans le suspens de ce roman qu'en lisant le précédent.

D'abord, le roman couvre plusieurs enquêtes différentes – ou quêtes tout court d'ailleurs – assez complexes et qui finissent par relier de nombreux personnages entre eux. Cela crée au début un effet de chaos, qui représente admirablement bien l'ambiance du roman et de l'époque. Car ce roman se déroule pendant la première guerre mondiale, après Pearl Harbor, qui crée un foutoir monstre à Los Angeles. Les américains d'origine japonaise continuent d'être enfermés dans des camps, toujours au plus grand mépris des libertés les plus fondamentales. Les fascistes pro-Hitler et les communistes se battent et tentent de prendre le dessus. le contexte historique est particulièrement explosif. Ce qui est extrêmement intéressant, car on suit chacun des camps, qui espèrent la victoire finale.
La nouveauté de ce roman est l'implication du Mexique. Los Angeles étant assez proche de la frontière mexicaine, cela nous donne un prétexte pour découvrir ce qui se passait au Mexique à ce moment-là de l'histoire. Ce qui m'était totalement inconnu, je dois l'avouer, et qui m'a beaucoup plu. Un changement de décor bienvenu qui a permis de varier le cadre des enquêtes. On y découvre donc le développement d'une organisation fascisante mexicaine, historiquement issue de l'extrême droite catholique: les sinarquistas. L'auteur nous balade ainsi entre Los Angeles et le Mexique, où Dudley Smith et plus tard Hideo Ashida vont être amenés à travailler.

Et en parlant des personnages, c'est toujours un grand plaisir de retrouver les personnages récurrents de la série et ceux que l'on a connu dans Perfidia. Dudley Smith, Bill Parker, Hideo Ashida, Kay Lake, mais aussi Buzz Meeks, dont j'ai apprécié le retour (car il apparaît dans le premier quatuor uniquement). C'est passionnant de suivre les relations qui se développent et qui évoluent entre eux. le monde policier de L.A. semble être particulièrement petit. Tout le monde se connaît, même si ce n'est que par ouï-dire. J'ai bien apprécié la venue d'un petit nouveau: Elmer, à la fois businessman et policier relativement sérieux. Je dis « relativement » car chez Ellroy, personne n'est jamais bien sous tout rapport. En tout cas, il fait un duo d'enfer avec Buzz Meeks. Les deux ont eu toute ma sympathie et mon respect quand j'ai vu qu'ils allaient chercher des noises à Dudley Smith.

Ce qui m'a frappé dans cette histoire, est que les relations entre les personnages sont beaucoup basées sur des trios: Joan, Bill et Kay. Dudley, Bill et Joan. Dudley, Bill et Hideo. Dudley, Hideo et Joan. Souvent, il y en a un qui est au milieu, pris entre deux feux. Ces relations triangulaires donnent une complexité à ces personnages et un certain suspens car ils se retrouvent tous dans des situations où ils doivent choisir un camp, de gré ou de force.
Le personnage de Dudley est encore particulièrement étonnant et réussi. Déjà dans les romans précédents, je le considérais comme mon personnage préféré. Ici, on le retrouve plus en difficulté que d'ordinaire. Il risque gros. C'est un petit changement qui peut amener un début d'empathie pour cet étrange personnage. Je le considère comme le meilleur personnage de la série car j'ai toujours une réaction ambivalente à son égard. C'est un flic pourri jusqu'au dernier point, cruel et franchement cinglé, mais il sait aussi être charmeur et sensible à certaines choses, comme la violence contre les femmes qu'il ne supporte pas. Les femmes, qui sont d'ailleurs sa plus grande faiblesse. J'ai été très touchée par le lien qu'il a su créer avec Hideo Ashida. On sent qu'il l'utilise mais qu'en même temps il l'apprécie et le traite avec bienveillance. En conséquence, une (petite) partie de moi a envie qu'il se sorte du pétrin. Surtout que dans ce livre, il y a bien d'autres « méchants » que l'on déteste assez rapidement.
Et je dois noter le retour d'un autre de mes personnages préférés: Kay Lake. J'ai été déçue au début de ne pas la voir plus présente. Mais ce n'était que temporaire car au cours du livre, on retrouve son point de vue grâce à son journal intime. J'aime beaucoup le fait d'avoir plusieurs parties, racontées de manière différente. le narrateur change, et la forme du récit change aussi. le récit est plus dynamique. Et j'aime beaucoup la façon de raconter les faits de Kay Lake, de manière très détachée, avec une pointe d'humour et de cynisme. Elle a un profil assez atypique. Et il faut dire que j'étais impatiente de savoir comment allait évoluer sa relation avec Bill Parker.

Encore une fois, James Ellroy nous régale de punchlines. J'en ai d'ailleurs collectionné quelques-unes (à lire ci-dessous). Même si ses romans sont souvent assez longs, c'est toujours un plaisir de lire un roman écrit par lui.

Bref, une suite réussie de Perfidia, qui m'a fait retrouver ce que j'avais adoré dans le premier quatuor de Los Angeles.
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