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Critique de franksinatra


Avec ce dernier opus, James Ellroy clôt son premier Quatuor de Los Angeles. Il revient à un récit à la première personne, comme dans le Dahlia Noir qui entame cette tétralogie et nous présente le point de vue du lieutenant des Moeurs, David Klein sur plusieurs enquêtes et la rivalité entre membres influents du LAPD.

Pour cette introspection dans les pensées du narrateur, l'auteur adopte ici un style dépouillé à l'extrême, haché, abrupt, lapidaire qui cadre parfaitement avec le rythme et l'ambiance de violence profonde du roman mais qui n'est pas toujours agréable ni facile à lire même si cette forme narrative est capable de provoquer une compréhension immédiate des choses en dehors de la logique d'une syntaxe plus classique.

Fidèle à lui-même, "le Dog" imbrique plusieurs intrigues qui se coupent et se recoupent, cambriolage chez un trafiquant de drogues arménien propriétaire de laveries, vol de fourrure dans un entrepôt, assassinat d'une famille apparemment sans histoire. Toutes ces affaires criminelles servent de toile de fond aux rivalités mortelles entre les Fédéraux et le LAPD et au sein même des différents services de police de la ville. A moins que cela soit l'inverse... car avec Ellroy, point n'est besoin de gangsters, les flics se suffisent à eux-mêmes pour mettre en place corruption, extorsions, chantages, trafics en tout genre, passages à tabac, meurtres et assassinats. Toutes ces exactions, doux euphémisme, sont le fond de commerce des forces de l'ordre de la Cité des Anges à la fin de ces années 50 où flotte un fort relent de racisme et de corruption généralisée.

Parmi les personnages de White Jazz, il n'y en a pas un pour apparaitre comme un héros positif aux valeurs morales établies et la rédemption finale de Klein parait bien entachée. Tout au long du roman, le lieutenant Klein, policier et avocat intelligent est montré comme un flic pourri et brutal qui n'hésite pas à faire supprimer son coéquipier et qui vend depuis longtemps ses talents de tueur à la pègre, ce qui lui a valu le surnom de "redresseur". le capitaine Dudley Smith reste le salopard intégral et raciste tel qu'on l'a connu dans le Grand Nulle Part et L.A. Confidential, avide de violence et de fric et Ed Huxley, le chef des Inspecteurs, qui poursuit son ascension, n'est plus l'homme probe et intègre apparu dans L.A. Confidential, dévoré par des ambitions politiques qui le poussent aux pires manigances. le reste des personnages est à l'avenant : politicards, flics ou truands, hommes ou femmes, ce sont tous des pervers sexuels, des drogués et des meurtriers. Tous sont capables des pires bassesses et compromissions pour quelques billets verts ou pour se faire élire conseiller municipal ou procureur général.

Nous sommes là au coeur d'un pessimisme foncièrement ancré chez Ellroy et cette plongée au plus profond des ténèbres humaines fait bien de James Ellroy un très grand maître du roman noir et de White Jazz une partition aux accents de bebop parfaitement maîtrisés.
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