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Critique de Chestakova


Mathias Enard est un écrivain de l'universel. A partir d'un territoire qu'il connait bien , où plongent ses racines: les Deux Sèvres, il réussit à emmener le lecteur dans un panoramique étourdissant qui balaye les siècles, dans la polyphonie de la langue et des cultures. Une profonde unité s'affirme alors, qui relie aujourd'hui à hier, et chaque manifestation de vie en porte les traces.
Le livre s'ouvre sur la carte détaillée de ce territoire des Deux Sèvres, entre Niort et l'océan, au fil de la Sèvre Niortaise qui draine avec ses affluents le beau marais poitevin. Sitôt la carte examinée, le lecteur ne manque pas de remarquer la dédicace qui ouvre le roman:
 « Aux penseurs sauvages »
Dès lors il est averti que derrière les pas de David Manzon, ethnographe parisien en quête de matériau d'étude dans cette campagne profonde, rien ne saurait s'arrêter à la surface des choses vues. L'installation de David Manzon dans le marais structure la première partie du roman, solidement inscrite dans le quotidien et ses petites misères, avec le seul décalage d'un humour résolu. Avec virtuosité l'auteur progressivement nous fait passer de l'autre coté du miroir, par la force de l'imagination et les magies du langage: la grande chaîne de l'universel traverse alors les hommes et les bêtes, car la vie se reforme à l'infini dans des réincarnations diverses, jusqu'aux créatures les plus minuscules et quasi insignifiantes à nos yeux d'humain. La célébration de la vie trouve alors son paroxysme dans le banquet annuel des fossoyeurs qui fait renouer le récit avec les hautes heures rabelaisiennes de ce pays, tant par la langue et la délectation du langage que par l'avalanche des saveurs.
Un roman virevoltant, étourdissant, réjouissant.
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