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Critique de Kittiwake


Comment transformer un bête cours de physiologie, qui plus est sur une fonction peu ragoutante quand à son résultat, la digestion (on n'est pas dans le domaine noble des neuro-sciences, qui a pour objet d'étude un organe aristocratique, le cerveau), en un récit distrayant bien que sérieux, argumenté et étayé par une bibliographie récente? C'est un pari que peu peuvent tenter car il faut avoir de solides connaissances scientifiques ET un regard décalé, ET un talent d'écriture pour y réussir.C'est gagné pour le charme discret de l'intestin, puisqu'après avoir été écoulé à plus d'un million d'exemplaire en Allemagne, le livre fait un tabac en France et caracole entête des ventes depuis de nombreux mois, le bouche à oreilles (tiens un raccourci que n'a pas envisagé l'auteur) fonctionne à merveille (ce n'est pas un critère absolu, je vous l'accorde, cf Cinquante nuances….)

il y est donc question de bouffe, d'excréments, de microbes, chaque acteur du scénario étant clairement installé à sa place avec un script limpide et intelligible. Certes Giulia Enders est spécialiste de la question, mais c'est un pré-requis nécessaire et pas toujours suffisant pour écrire un essai qui tient la route. Ici, pas de lézards, hormis une simplification peut-être un peu abusive du métabolisme des graisses, tout le reste est médicalement correct, actualisé par des revues bibliographiques récentes : félicitations du jury.

Quand à la forme, le succès de librairie ne serait pas aussi retentissant si la lecture revêtait le style de nos cours de bio. A force de personnification et de métaphores, les organes qui interviennent dans le processus en deviennent des acteurs branchés et rigolos, des potes qui sont là parce qu'ils nous veulent du bien et luttent au quotidien contre les ordures que nous tentons, sciemment ou non de leur infliger.

La partie la plus croustillante, si j'ose dire est sans doute celle qui est consacrée à la flore intestinale. C'est un secteur sous les feux de la rampe des instituts de recherche, qui passionnent tout autant les chercheurs que l'industrie agro-alimentaire, qui perçoit bien là une source de profits non négligeables.

Félicitations aussi pour la traductrice, qui restitue calembours et boutades avec brio, et ajoute des notes de bas de page précisant quelques chiffres en France.

Je ne serais pas contre d'autres épisodes du genre, avec en vedette, l'appareil cardio-vasculaire, ou le système nerveux, ou encore l'appareil locomoteur. Peu importe, pour peu qu'humour et clarté des propos contribuent utilement à la formation post-universitaire ou à la formation tout court, de lecteurs ravis de s'instruite dans le plaisir.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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