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Critique de willymjg


Aux premières pages, je me suis arrêté. C'est trop bon...
Mon fauteuil de lecture, une bonne lumière, une ambiance feutrée pour mieux faire connaissance avec tout ce petit monde qui se met en place. Au loin, les chants d'oiseaux des campagnes de la Brie. Je reprends depuis les premières lignes, car l'écriture est si belle, le plaisir de relire cette belle prose s'invite naturellement....
La poignante, terrible, confession de l'abbé Ducret nous fauche par surprise. Nous fauche... comme le blé mûr de la jeunesse qui entend avec nous l'incroyable révélation...
Lucie et Fabian demeurèrent abasourdis un long moment…
Le lecteur, tout aussi anéanti par ce qui vient d'être découvert, se laisse envelopper par la prose de Vincent Engel. « Animés d'une foi véritable, nous sûmes qu'il n'y avait d'autre voie que dans le pardon et la soumission à un destin dont la finalité nous échappait… ». Je peux dès présent vous assurer que Vincent Engel manie l'art de la fauche mieux que le vieux fermier tanné par une longue vie de labeur sous le soleil des étés successifs.
Les parents de Gustave Morgan auraient souhaité qu'il devînt un brillant avocat. S'il en avait le diplôme et le titre, Gustave n'exerçait guère. Il avait certes ouvert un cabinet et reçu quelques clients dont il s'était occupé avec compétence. Mais ce labeur l'ennuyait.
Nous poursuivons les tribulations de Fabian, le conteur du récit, qui vient d'entrer au service du nommé Gustave, jeune homme riche et dont il deviendra le conseiller.
Poursuivant mon petit bonhomme de chemin dans cette campagne bucolique, un coup de faux sournois siffle à nouveau pour raser au plus près encore le pied de blé ayant échappé au faucheur.
Vincent Engel manie finement sa plume, comme le mousquetaire manie son fleuret. Précise, délicate, efficace dans la mise à mort.
SSSSssssss... La grande faucheuse vient de siffler sans pitié. Imprévisible, sans appel. Mais qui manie donc cet instrument de mort ?
Nous nous retournons..., seul un écrivain au regard doux, à la chevelure drue nous sourit, nous charme par son habituelle qualité d'écriture. Alors qu'au fin fond de l'oeil, nous ne voyons pas que le cerveau est en train de commander à toute une armada de mots de nous asséner le coup final ? Non ! Vincent Engel, plus retors que ses personnages, nous manipulera de page en page. Machiavel n'est qu'un pâle reflet de notre écrivain. Portée par la présentation des faits décrits, notre infiltration dans la vie des protagonistes nous invite à prendre fait et cause pour ces tristes orphelins. Alors que, par plaisir d'une jouissive manipulation, Vincent Engel nous voile derrière ce miroir sans tain l'âme perverse des personnages dont la survie ne tient qu'à la haine, rampant dans la fange de la vengeance. Car au cours de ses pérégrinations, Gustave Morgan rencontrera la jeune Marie, qui usant des charmes d'une poitrine où « se dressent avec arrogance des tétons glorieux sur la butte d'une jeunesse victorieuse », fera couler le poison de ses paroles avec une délectation elle aussi machiavélique…
Une fois encore, l'écriture de Vincent Engel aura annihilé en moi toute prudence, alors que je suis bercé par l'ondulation de phrases ciselées de mots précis, aux choix judicieux. Tant et si bien que je me suis retrouvé en fin de récit plus abasourdi encore. Il ne faut pas nécessairement parcourir les mers pour se laisser mener en bateau. Un surprenant et magnifique Engel !
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