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Critique de Presence


Ce tome est le sixième de la série, il regroupe les épisodes 34 à 40, ainsi que le numéro spécial consacré à Herr Starr intitulé "One man's war". Il fait suite à Preacher Dixie Fried: Featuring Cassidy : Blood & Whiskey : A Tale from the Good Old Days.

Le tome commence par l'épisode consacré à Herr Starr : tout débute par une prise d'otages dans un avion. Herr Starr fait partie des forces spéciales qui interviennent pour libérer les otages. le lecteur est ensuite invité à la suivre alors qu'il est recruté par le Grail, qu'il rencontre les descendants de Jésus, d'Aronique et l'ange captif à Masada. On découvre également comment il a acquis ses goûts particuliers en matière de pratiques sexuelles. Garth Ennis a visiblement un petit faible pour ce personnage et l'histoire n'en est que meilleure. Cet opposant à Jesse Custer devient crédible et son histoire le transforme en un individu qui ne peut plus se réduire à une accumulation de clichés. Les dessins sont effectués par Peter Snejbjerg dans un style assez proche de celui de Dillon, avec des traits plus gras, un peu plus de rondeurs et plus des zones noires plus grandes.

De retour dans l'histoire principale, les principaux protagonistes se dirigent tous vers Monument Valley conformément à la suggestion de l'ange. Il s'en suit une confrontation qui prend des proportions apocalyptiques entre Herr Starr et son armée, Jesse Custer, Tulip O'Hare et Cassidy, et le Saint des Tueurs. Bien sûr, le récit ne s'en tient pas là : les relations entre Jesse et Tulip continuent à évoluer et à murir, les relations entre Cassidy et Tulip continuent à évoluer de manière malsaine. Et cette confrontation titanesque a des conséquences irrémédiables.

Cette fois-ci (par opposition au tome précédent), Garth Ennis a bien pris soin de penser l'intrigue comme un tout en équilibrant les séquences de dialogues avec les séquences d'action dans une narration fluide. Et il a gâté son lecteur sur ces 2 aspects. Coté action, accrochez-vous bien : les personnages devront affronter dans le désordre une batterie de tanks, une explosion nucléaire, des cannibales, un recalé du programme spatial, etc. La provocation et la violence sont de retour à un niveau parfois insoutenable. Cotés personnages, Garth Ennis a réussi à en faire de vrais individus. Lorsque le lecteur regarde Jesse Custer, il ne voit plus qu'un simple personnage habité par une entité surnaturelle, mais le résultat d'une enfance horrible qui souhaite se venger de l'injustice du monde qu'il attribue à Dieu. Custer n'est pas simplement une force du bien (ou une force du mal), il est un être façonné par ses expériences (aussi extrêmes soient elles) qui s'est engagé dans une quête liée à son histoire. Après tout, un autre que lui aurait pu faire bien d'autres choses avec un tel pouvoir. Et il en va ainsi pour Cassidy qui reste une énigme de plus en plus inquiétante au fur et à mesure que le lecteur en apprend sur lui. Même lorsque Herr Starr devient la victime de sévices intolérables, le lecteur ressent de l'empathie pour ses souffrances car le récit en a fait une personne avec des motivations claires et plausibles. Lui aussi a été libéré d'une dichotomie simpliste bien / mal pour évoluer vers un être humain dans lequel le lecteur peut reconnaître certains de ses traits de caractère les moins glorieux. Les personnages luttent contre des difficultés très humaines : le sevrage alcoolique, l'illusion de la gloire médiatique, le manque de confiance en soi, le sens de la vie, l'absurdité de la condition humaine, etc.

Steve Dillon continue également de s'améliorer dans ses illustrations. La mise en scène de dialogues a franchi un bond en avant pour devenir plus visuelle grâce à des changements d'angle de vue plus variés. Les expressions faciales ont gagné en nuances. Et c'est un vrai régal lorsqu'elles renforcent l'humour noir des situations (les moues des cannibales lorsqu'ils débitent des horreurs). Ce qui impressionne également, c'est que Steve Dillon s'adapte à toutes les situations. Il plante un décor d'une chaleur étouffante dans Monument Valley. le lecteur a envie de s'asseoir à la table de chacun des restos et bars que fréquentent les personnages. Et le monde à l'image d'Arseface dans le dernier épisode est rendu de manière à la fois simpliste et à la fois à l'image de la naïveté de ce personnage.

Les aventures de Jesse Custer et compagnie avaient débuté comme une farce à l'humour très noir et très trash. Arrivé au sixième tome, elles sont devenues l'histoire d'individus traumatisés par leurs expériences et très humains. Garth Ennis et Steve Dillon ont su dépasser la collection de scènes chocs pour développer un vrai roman reposant sur des personnages complexes et attachants malgré leur violence malsaine. La quête de Jesse Custer pour retrouver Dieu se poursuit dans le septième tome Preacher: Salvation.
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