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Critique de dourvach


Diable de roman de messieurs Émile ERCKMANN (1822 [à Phalsbourg]-1899) et Alexandre CHATRIAN (1826-1890)...

Quel charmes puissants il dégage...
L'année de parution est la même que celle de leur célèbre "Ami Fritz" : 1864.

Le cinquantenaire de la fin de l'Empire et l'occasion de régler des comptes... L'Alsace n'a jamais oublié les 150.000 conscrits de 1813 : "Sur cent, on n'en voyait pas revenir un seul..."

Les bossus, les borgnes, les bigleux, les simulateurs, les boîteux... tel ce pauvre hère de Joseph Berta, amoureux de "sa" Catherine du hameau des Quatre-Vents, et logeant depuis dix ans chez son employeur, ce bon horloger de Melchior Goulden, au bonnet de coton toujours rabattu au-dessus de son sourcil broussailleux : personne ne sera "oublié" par L'Ogre...

Le brave Joseph vit et travaille (comme apprenti) à Phalsbourg et monte un jour au clocher pour remettre l'horloge à l'oeuvre : de là il découvre en plein hiver toute l'étendue merveilleuse de son pays mais aussi l'afflux des paysans et citadins venus des quatre coins du pays lire ces foutues affiches qui signent leur arrêt de mort.

On se souvient alors du merveilleux récit "Paris. Notes d'un Vaudois" (1938) de C.F. RAMUZ lorsque le narrateur décrit ses sensations vertigineuses au dernier étage de la Tour Eiffel (qui vaut celles de l'artiste acrobate Philippe PETIT [Cf. son "Traité du funambulisme"], aux prouesses excellemment mises-en-scène dans le film "The Walk" de Robert Zemeckis) ; mais aussi du souvenir purement sensoriel d'Antoine de SAINT-EXUPERY nous décrivant sa perception la plus intime d'une chambre de ferme inconnue, perdue en plein hiver, lui dans ses songes face à la mélancolie d'un feu de cheminée, dans son "Pilote de Guerre" (1942) ; puis l'odyssée triste et erratique des "Manuscrits de guerre" (2011 - posthume) ou le refuge fictionnel d' "Un balcon en Forêt" (1958) de l'ami Julien GRACQ...

"L'Avant-Guerre", justement, puis vient le temps du combat.

Sacré mégalomane de Napoléon : sais-tu au moins le prix auxquels tes satanés rêves de gloire et de "grandeur" se paieront ?

Une oeuvre exceptionnellement belle par son humilité de langage, sa sobriété descriptive et son discret humour, qui n'ont pas pris une seule ride, Dieu merci !

Grandeurs soudaines et Lumières aveuglantes du duo universaliste-"alsacien" ERCKMANN-CHATRIAN, si loin d'une supposée (sous-)"littérature" de Terroir"...

P.S. : tiens, ré-écoutons (en prenant tout notre temps) les chansons enjouées de ce bon Roger SIFFER : "Ich hab di garn", "Mad'moiselle Anne-Marie", "In Strossburi gett's ké jumpfra méh" ...
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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