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Critique de Cigale17


Tookie, une amérindienne assez paumée, se retrouve en prison pour 69 ans après une délirante histoire de vol de cadavre auquel s'ajoute, à son insu, un trafic de drogue. Pollux, un policier, amérindien lui aussi et ami d'enfance de la jeune femme, l'arrête. Elle bénéficiera finalement d'une libération conditionnelle. À sa sortie de prison, elle trouvera un travail dans une librairie indépendante dont la propriétaire se prénomme Louise, et elle se mariera avec Pollux. Tout se passe aussi bien que possible pour cette lectrice passionnée jusqu'à la mort de Flora, une cliente de la librairie, blanche mais passionnée de culture amérindienne au point de se chercher des ascendances autochtones, autrement dit une « wannabe ». le fantôme de Flora vient hanter la librairie et ne laisse plus Tookie en paix. Que faire pour se débarrasser de cet esprit envahissant, sans le froisser, bien sûr ?
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Louise Erdrich est elle-même propriétaire d'une librairie indépendante, Birchbark Books, spécialisée dans la culture amérindienne, mais pas que, à Minneapolis dans le Minnesota. D'une part le roman est ancré dans la réalité est se veut parfaitement réaliste et actuel : le sort des autochtones, le racisme, les difficultés des femmes et, qui plus est, des femmes autochtones, le Covid, le meurtre de Georges Flyod, les émeutes qui ont suivi, etc. D'autre part, le respect des anciens, les centres d'intérêt de Pollux, l'attachement aux traditions, l'importance des esprits et, bien sûr, la présence du fantôme de Flora, tirent l'oeuvre vers l'irrationnel et la magie. Parmi les proches de Tookie, personne ne doute de ce qu'elle vit, mais tous se demandent ce que veut Flora et tous estiment nécessaire de rester prudents : c'était une emmerdeuse de son vivant, il est indispensable de se méfier de ce fantôme dont on ne connaît pas les désirs ni les intentions.
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J'ai été séduite par le personnage de Tookie, particulièrement peut-être par sa lucidité : elle se sait moche et le dit ; consciente de ses carences, elle porte un regard sans concession sur elle-même et sur les autres. Cependant, elle reconnaît ses torts, se montre généreuse, pardonne… Parmi les 4 ou 5 romans de Louise Erdrich que j'ai lus jusqu'à ce jour, c'est celui qui fait le plus de place à l'humour et à la littérature. On a parmi les personnages de grands lecteurs : Tookie, bien sûr, dès l'école et en prison, ainsi que les libraires elles-mêmes qui parlent souvent de leurs lectures entre elles et aux clients. Et on se rendra compte au fil de la lecture de l'importance particulière que prendra un certain livre. La Liste de lecture partiale est une vraie mine. Un regret pourtant : un seul Français je crois, Stendhal, c'est maigre… En vrac, quelques étonnements, émerveillements ou éclats de rire : de jolis mots-valises (intellocthone, entre autres), les surnoms amusants et parlants dont sont affublés les clients, les scènes magnifiques et magiques avec le bébé ou avec Pollux, la mise en abyme et les confidences qu'occasionnent la librairie de Louise, l'indicible culpabilité d'Herta et un surnom de Trump que je ne connaissais pas : Orangino ! Un bon moment de lecture.
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