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Critique de Heval


Le regard est juste. Il interroge une anomalie que tous, pourtant, intègrent comme une donnée naturelle. Dans notre conscience savamment travaillée depuis la plus petite enfance, il est « naturel », en effet, que ce soit les femmes qui aient la charge des corvées dit domestiques ; il est « normal » que ce soit elles qui aient la charge des « autres » et des « leurs ». La norme est si ancrée que les conséquences se révèlent dans toutes les études sociologiques et statistiques : la charge domestique des femmes s'accroît dès qu'elles quittent le célibat. le temps qu'elles dédient aux tâches ménagères donc à la gestion du foyer augmente quand elles entrent en couple ; celui de leur compagnon diminue. Autrement dit, pour être plus claire (parce qu'il y a vraiment des cerveaux qui ne comprennent pas l'équation), quand une femme entre en couple, dans la très grande majorité des cas (les exceptions confirment seulement la règle), elle prend en charge les tâches ménagères de son compagnon qui lui transfert les corvées qu'il savait pourtant faire quand il était seul. Et cette charge se multiplie avec la naissance des enfants. le travail salarié n'y change rien car ce sont elles, là encore, qui assument ce que l'on appelle la « double journée de travail ». Les femmes ploient donc sous le travail domestique et ce travail domestique, quand il est subit, crée le malheur car il fait naître un sentiment d'injustice fort et douloureux. Si les femmes étaient remerciées pour toutes les tâches domestiques effectuées, peut-être que le malheur serait moins grand mais comme le travail domestique relève du domaine privé, il n'est pas considéré. Il est dévalorisé et n'a rien de gratifiant. Il est répétitif, absolument ennuyant. Il est donc vécu comme une contrainte et c'est ce qu'il est quand il est considéré comme relevant naturellement des femmes. 


C'est cela que raconte Annie Ernaux. Elle écrit le piège dans lequel le mariage et, plus tard, la maternité l'a enfermé ; un piège qu'elle n'a pas pu, n'a pas su éviter ; elle qui, pourtant, avait une figure maternelle qui aurait pu la protéger. Mais peut-on vraiment s'en extirper, s'en échapper ? Peut-on vivre dans un couple, dans la parentalité sans finir par étouffer la femme libre que l'on a pu être ou que l'on voudrait être ? Je crois l'affaire très difficile. Reste que j'approuve ce texte, je le signe, je le porte haut et fort car je m'y suis mille fois reconnue en tant que femme, en tant que mère, en tant qu'épouse mais... parce qu'il y a un mais, je dois dire que je n'ai pas du tout apprécié l'écriture que je trouve trop laborieuse, trop difficile à digérer. Elle rend la parole difficile à entendre. Et c'est dommage, vraiment dommage car le fond est, lui, excellent. 
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