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Critique de Soune


Tout ce que nous aurions pu être toi et moi si n'avions pas été toi et moi… Une belle phrase. Un beau titre. J'adore les histoires d'amour impossible… En lisant ce livre, j'ai en effet la certitude de lire l'histoire d'un amour impossible, la présence de la conjonction « Si » dans le titre semble mettre en garde les héros et/ou le lecteur: « C'est sûr, vous serez déçu en me lisant » semble-t-il promettre.
Le mot « si » invite à tant de supposition qu'au final on ne sait pas trop où le livre va nous mener. On ouvre alors la première page. Et on lit. On ferme la dernière page. Et on se rend compte que le résumé est trompeur. le titre est ambigu. le résumé joue dessus.
Ce petit récit vend une histoire d'amour, mais il n'est pas une histoire d'amour. Mais le dire ainsi serait vraiment trop réducteur à mon sens. Il est amour mais il est également autre chose. Avec ce livre, il faut se méfier des apparences. Cette histoire est étrange. Elle semble être quelque chose qu'elle n'est pas. Peut-être est-ce la raison du fort engouement dont ce livre fait l'objet en Espagne. Peut-être...
En guise de prologue, un ami de l'écrivain nous décrit Albert Espinosa. Nous avons en même temps une des raisons qui expliquent le plaisir vif que beaucoup de lecteurs ont en découvrant ce court roman, best-seller en Espagne :
« Quand je l'ai vu pour la première fois, j'ignorais qui il était, je savais seulement qu'il allait à un rythme effréné, qu'il était un adolescent fasciné par la vie à l'intérieur du corps d'une garçon plus âgé, qui donne toujours des explications en cinq points, en passant du temps à expliquer les points numéro 1 et 2 avant de passer aux numéros 3, 4 et finalement 5, tout en accompagnant son explication de dessins griffonnés au coin d'une page, d'un journal ou d'une serviette en papier. (…)
Albert a écrit là un roman plein de magie et d'amour, où nul ne connait de limites quand il s'agit d'être avec la personne de son choix. Un monde de personnages fascinants, capables de cesser de rêver mais surtout d'aimer(…). Selon lui, la vie revient à pousser des portes ».

En lisant cet opuscule, vous risquez d'être envouté par une histoire où on rêve beaucoup, où l'on poétise beaucoup sur la vie, où on aime…Mais, encore une fois, méfiez-vous des apparences. En ce qui me concerne, il m'a été impossible de rentrer dans l'histoire. Soit je suis complètement passée à côté du livre, soit cette histoire ne me convient tout simplement pas. Ou alors, tout simplement, j'ai fait comme des millions de gens, chose que dit très bien l'auteur du reste: « les gens comprennent ce qu'ils veulent, ce qui les intéresse ». Allez savoir… On ne perçoit pas toujours à l'instant t les raisons qui nous poussent dans telle ou telle direction.



Résumé de la quatrième de couverture :
Madrid, 3 heures du matin. La mère de Marcos, une célèbre photographe, est morte la veille. Insomniaque, Marcos rêve de s'injecter le médicament qui lui permettra de ne plus jamais avoir besoin de dormir. Marcos a lui aussi un don : il voit dans les souvenirs des gens ; c'est pourquoi la police fait souvent appel à lui. Aujourd'hui, il doit examiner un « étranger » et tenter de découvrir sa véritable identité. Une rencontre qui se révélera surprenante.
Best-seller en Espagne, ingénu et transgressif, Tous ce que nous aurions pu être toi et moi si nous n'étions pas toi et moi est un hymne à l'amour impossible sur terre et peut être ailleurs.


Mon avis :
« J'aime dormir, c'est peut-être ce que j'aime le plus dans cette vie. Et si j'aime tant ça, c'est peut-être parce que j'ai du mal à trouver le sommeil. (…) Tout petit, déjà je pensais que dormir éloigne du monde, rend invulnérable à ses attaques. Seuls les gens éveillés, ceux qui ont les yeux grands ouverts peuvent se faire attaquer. Nous qui disparaissons dans notre sommeil, nous sommes inoffensifs. »
Ainsi commence l'histoire de Marcos, un homme qui vient de perdre sa mère, une femme dont il était très proche. Il en souffre.
« Ma mère m'a abandonné et moi j'ai décidé d'abandonner le monde ».
C'est l'histoire d'un homme qui vient d'apprendre le décès de sa mère et qui, suite à l'immense chagrin qui le mine, souhaite mettre fin à son sommeil en ingérant une «drogue» qui l'empêchera de dormir. C'est en effet une nouvelle possibilité offerte par la science et cette faculté est un des fondements de l'intrigue. Alors qu'il s'apprête à passer à l'acte en se piquant il remarque, en regardant à l'extérieur de chez lui, une jeune femme. Tout de suite, l'envie de tout connaître d'elle devient si forte qu'il en oublie sa piqure.
« Il y avait quelque chose dans son attente, dans sa façon d'attendre, qui attirait puissamment mon attention. Je ne suis pas du genre à tomber amoureux, je vous l'ai déjà dit, ça ne m'est jamais arrivé. Je crois peu en l'amour, j'ai plus de foi dans le sexe. »

Et puis son patron l'appelle. Marcos doit venir illico au travail afin d'interroger quelqu'un que l'on appelle l' « étranger ». Marcos doit utiliser son don sur un homme venu d'ailleurs. Marco a un don. Il peut en effet voir le passé des gens. Lorsqu'il se trouve en présence de ladite personne, il a beau essayer, rien n'y fait. Marcos ne voit rien. Se pourrait-il que cet étranger ait le même don que lui, se demande-t-il tout d'abord. Il ne sait pas. Il n'a encore jamais rencontré quelqu'un qui partage le même don que lui. Il doute finalement de cette hypothèse, tant « l'étranger » a des réactions qui lui paraissent bizarres. Par exemple, ce dernier lui révèle tout d'un coup que la jeune femme aperçue dans la rue ce matin a une importance cruciale dans sa vie. Marcos est interloqué. Il ne lui a rien révélé sur sa vie à cet "étranger". Mais il ne dit rien. Il sait comment se sentent les gens différents.
Marcos est un curieux personnage en effet. Il est un homme qui se sent différent de par son don. On ne sait pas grand-chose de lui si ce n'est que sa mère est décédée la veille et que cet évènement l'a complètement chamboulé. Il faut dire qu'elle avait une grande importance dans sa vie. Il ne sait plus trop où il en est. Jusqu'à présent, il vivait presque à travers elle.
Marcos est un homme que j'ai trouvé touchant, malgré les allers retours incessants entre ses pensées A, B, C et d'alors qu'au départ il voulait nous parler d'une pensée clairement identifiée…
Que de circonvolutions! C'est un style, j'en conviens. Mais je n'y ai pas été sensible. Cela m'a au contraire fatigué. Ces paroles avaient beau être jolies et intelligentes, j'ai surtout retenu la lourdeur du style. Trop de circonvolutions tuent la pensée centrale et vice versa, vous ne trouvez pas ? Les mots pourtant faisaient rêver. Les idées étaient jolies mais je n'ai pas rêvé. Je suis au contraire restée clouée au sol. L'auteur m'avait fourni des ailes mais celles-ci dysfonctionnaient visiblement.

Ensuite, arrivent cet « étranger » et cette jeune femme… le monde semble à nouveau s'agrandir pour lui. de nouvelles possibilités s'offrent à lui, des choses auxquelles il n'avait pensé et cru.
L'atmosphère de cette histoire est singulière. Je n'ai pu m'empêcher de ressentir une certaine ressemblance avec La nuit des temps de Barjavel. Un mélange de fantastique, de poésie et d'amour se trouvent chez Barjavel et chez Espinosa. Cependant, le parallèle s'arrête vite là à mon sens. La ressemblance est fortuite je dois l'avouer car tout en s'en approchant, il s'en éloigne grandement. J'ai essayé de fuir cette comparaison qui s'attachait à mon ressenti. J'ai alors pensé à Murakami et aux univers parallèles que cet auteur japonais aime créer. L'écriture d'Espinosa reste particulière mais en aucun cas, elle n'atteint le style plus vaporeux et doux qu'ont Barjavel et Murakami (que j'ai découvert ici). Avec eux, on s'envole rapidement. le temps s'évapore. On est ici et ailleurs en même temps. Avec ce livre, contrairement à ce que dit l'ami de l'écrivain dans le prologue, les mots manquent de magie à mon sens. Quelque chose, nous empêche de nous évader complètement. Quelque chose ou quelques choses… Je ne veux pas être trop critique. Ce livre est pour moi loin d'être mauvais. Je me suis alors dit que mon attitude de lectrice était certainement mauvaise. J'ai donc tenté une autre approche. J'ai écouté l'histoire. J'ai aimé la thématique des vies après la mort, l'existence d'autres planètes et le lien entre notre vie présente et nos vies passés et futures. Cette ébauche m'a donné le sourire mais celui-ci fut court ! A nouveau, je fus déçue. Pourtant, je suis une lectrice très friande de ce genre de propos mais les phrases de l'auteur m'ont semblé trop attendues, trop vues, pas assez originales et/ou fondées.
J'ai l'impression en écrivant mon ressenti que mes mots s'appesantissent eux aussi tant l'atmosphère est chargée. Tout devient lourd. L'intrigue est à mon sens très intéressante mais pas assez développée. L'auteur aurait pu choisir entre écrire un livre sur le sommeil ET sur « l'étranger » par exemple. A force de s'éparpiller entre plusieurs idées, on ne sait plus trop où on va. C'est souvent un travers des écrivains débutants du reste, que de retenir de trop nombreuses thématiques, pour au final en oublier la moitié ou presque. Espinosa veut-il nous en mettre plein la vue et/ou forcer l'intérêt du lecteur ? C'est l'impression qu'il en reste.

Jehttp://www.babelio.com/ajoutlivres.php suis certaine que ce livre peut toucher des gens. Il n'est juste pas pour moi. Tout ce que nous aurions pu être toi et moi si nous n'étions pas toi et moi, premier roman d'Albert Espinosa, a obtenu un grand succès en Espagne, certainement à raison. le peu de lecteurs français qui l'ont lu et dont j'ai vu ou entendu des avis semblent tout aussi dithyrambiques.
Alors, je ne peux que vous conseiller de le lire pour vous faire votre propre opinion.

Lien : http://aupetitbonheurlapage...
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