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Critique de SZRAMOWO


Alvina et Elizabeth sont jumelles. de vraies jumelles. Leur vie ne l'est pas, jumelle.
Alvina s'est fait virée de son boulet à Londres. Elle vendait des espaces de pub pour une boite minable. Elizabeth Caruso née Knightly, a elle, fait un beau mariage, vit dans une superbe villa avec piscine à Taormina en Sicile, a un superbe et riche mari, Ambrogio, et un enfant génial, Ernesto.
« Merci pour ton invitation. Ta villa a l'air sensationnelle. Quelle chance vous avez, Ambrogio et toi, et bien sûr le petit Ernie, de vivre dans cette splendide maison, dans ce lieu grandiose ! Tu te rappelles, quand on était gamines, de nous deux c'est moi qui adorais l'eau. Et aujourd'hui, c'est toi qui as la piscine… Et moi la baignoire bouchée»
«Je m'installe au fond du wagon. Un type avec un bouton de fièvre et une chemise rendue translucide par la sueur empiète sur mon espace vital. Il s'accroche à la barre jaune au-dessus de ma tête, son aisselle à trois centimètres de mon nez ; je sens l'odeur de son déodorant mêlée à celle du désespoir. »
Alvina est une Bridget Jones déjantée qui accumule catastrophe sur catastrophe. Sauf qu'avec Bridget on reste dans le gentiment correct.
Elle a des excuses, Alvina. Enfance malheureuse dans l'ombre d'une soeur jumelle parfaite :
« Maman a toujours eu tendance à m'oublier, d'ailleurs. Elle a « oublié » de me prévenir qu'elle s'expatriait en Australie. Elle a « oublié » mes vaccins et j'ai attrapé la rougeole. Elle m'a « oubliée » au supermarché, puis dans le train des vacances. Elle a « oublié » de m'inviter à l'enterrement de notre grand-mère (ce n'est pas ma faute si elle a clamsé, c'est une pure coïncidence que j'aie été chez elle ce jour-là). Bref, vous voyez le tableau. »
On comprend très vite lorsqu'Elizabeth l'invite que cette dernière a une idée derrière la tête.
Le thème de l'échange des jumeaux est un grand classique de la littérature, policière ou non. Sauf qu'entre Alvina et Elizabeth, il y a comme une petite différence.
Premier roman de Chloé Esposito, pas autobiographique pour un sou. Excessif disent certains lecteurs. Cohérent serai-je tenté de répliquer. Chloé Esposito va jusqu'au bout de la logique du personnage. 378 pages ça peut sembler long, mais son écriture donne du rythme et elle sait doser les surprises pour ne pas dévoiler l'essentiel et garder un semblant de suspense.
Une histoire familiale avec Mafia, qui sera in fine réglée par les deux jumelles transformées en détectives amateurs. Et le mot est faible…
Le style et le vocabulaire valent le détour que cela plaise ou non.
« Prométhée aussi était un sacré numéro. Il avait compris que les règles n'existaient que pour être enfreintes. Quand il a allumé une torche au soleil pour apporter le feu aux hommes, ça a mis Zeus dans un état pas possible. Apparemment, le roi des dieux n'avait pas très envie que les gens se mettent à cramer des trucs, exactement comme ma mère. Elle ne voulait pas que je brûle les peluches de Beth, ni le chat du voisin, ni l'abri de jardin avec le chien enfermé à l'intérieur. »
« Nous observons un moment de silence. J'étudie les longs clous en métal noir qui dépassent des pieds et des mains du Christ. Ça me rappelle la poupée de Beth, toute hérissée d'épingles. Cosa Nostra. D'accord, pas de problème. Ce sera sa vérité à lui. La vérité, en fin de compte, c'est ce que nous choisissons de croire. Il n'existe pas de réalité objective. »
Un bon roman, à lire au bord de la piscine, si comme Elizabeth Caruso vous en avez une.




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