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Critique de mariecesttout


J'ai donc suivi le fil, moi aussi, merci, et ai lu ce tout petit livre qui raconte l'histoire de cette femme extraordinaire, Tatiana Gnéditch , qui arrêtée en 1945, dans sa cellule avec rats, traduisit (de mémoire au début) le Don Juan de Byron. Dix sept mille vers.. Dans sa tête..
«  Elle m'a parlé de ces mois , et m'a dit qu'elle se répétait sans arrêt les vers que Pouchkine avait adressés à son lointain ancêtre, Nikolaï Gnéditch" qui bien avant avait consacré sa vie à la traduction d'Homère en hexamètres dactyliques.

"Longtemps seul avec Homère tu t'es entretenu,
Longtemps nous t'avons attendu en bas
Des mystérieux sommets te voilà descendu
Avec, dans la pierre, tes Tables de la Loi."

Il s'entretenait seul avec Homère, et elle avec Byron.

Après la prison, elle a été envoyée huit ans dans un camp , où elle ne se séparait jamais de son manuscrit " qui dégageait une odeur abominable "
«  T'as fini de nous emmerder avec tes papiers à la con? » braillaient ses voisines de châlit."
Jamais!!!

C'est vrai que j'ai aussi regretté que ce soit si court, j'aurais volontiers voulu savoir plus de choses sur ce personnage hors du commun .
L'auteur, Efim Grigorievitch Etkind était lui aussi , entre autres choses, un traducteur de poésie européenne qui
"témoigna en faveur du poète Iossif Brodski lors de son procès en 1964, soutint ouvertement Soljenitsyne, entretint une correspondance avec Andreï Sakharov et publia des articles et des traductions en samizdat" ( c'est à dire publié de façon clandestine, textes tapés à la machine et recopiés par les lecteurs eux-mêmes…!!)

Et bien sûr, moi aussi, j'ai repensé à ce magnifique film , La femme aux cinq éléphants , de Vadim Jendreyko.. Très beau portrait de femme au parcours peu ordinaire aussi.
Svetlana Geier est une traductrice allemande d'origine ukrainienne qui a entrepris depuis le début des années 90 de se confronter aux cinq éléphants que sont les cinq principaux romans de Dostoïevski.
Mais de l'oeuvre de Dostoïevski, on entend assez peu parler, finalement. C'est surtout son histoire à elle qui est passionnante.
Ce documentaire, est à la fois très beau sur le plan esthétique, et plein d'images métaphoriques sur la traduction bien sûr , exprimer par sa propre voix l'écriture et la pensée d'un autre ( et ici, dans une langue qui n'est pas la sienne) .Pour expliquer que rien n'est simple dans les nuances des traductions, elle évoque un peintre, Igor Grabar, qui peignait des paysages de neige en utilisant toutes les couleurs de sa palette, mais jamais une touche de blanc..
J'avais recopié un poème de Vladimir Soloviev, qu'elle récitait:

"Chère enfant, ne vois-tu pas
Que tout ce que nous voyons
N'est qu'un reflet, n'est qu'une ombre
De ce qui est invisible à nos yeux?

Chère enfant, n'entends-tu pas
Que le fracas de la vie quotidienne
N'est que l'écho déformé
Des harmonies triomphantes?

Chère enfant, ne sens-tu pas
Que seul importe sur terre
Ce qu'un coeur dit à un coeur
Dans un message silencieux?"

A voir, vraiment !

J'ai encore un peu mélangé, mais ces destins me fascinent, ce sont deux traductrices passionnées,que rien n'a arrêté, ni l'une ni l'autre dans leur amour de la littérature, et deux personnages à découvrir.







Lien : http://www.5elephants-lefilm..
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