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Critique de Perlaa


Un roman de campus américain pendant les triomphantes années 80 ? Oui. Tous les ingrédients sont là. Les étudiants fréquentent l'université Brown, membre de l'Ivy League, ils postulent pour Yale ou Columbia, ils affichent un dédain convenu pour le New Jersey ou effectuent un stage à Cape Cod, ...Ils prennent des vacances en Europe ou en Inde. On pourrait multiplier les exemples. Mais ce décor privilégié cache des remises en question.
Deux étudiants Mitchell et Leonard sont amoureux de la belle Madeleine. Jeune WASP sans histoire elle veut se spécialiser dans le roman victorien, la conception de l'amour et le mariage, conclusion obligée et définitive de la vie des femmes les siècles passés.
Dans le bouillon de culture de l'université les 3 jeunes gens vont s'intéresser aux enseignements en sémiotique. L'abandon des schémas traditionnels de l'amour va les percuter dans leur vie sentimentale. Leur histoire d'amour pour la même jeune fille, leur maladresse et leurs difficultés à poursuivre des relations amoureuses harmonieuses constituent une sorte de mise en abyme. Ils sont aussi objet de leur étude.

A priori les deux étudiants sont brillants et Madeleine, très attirante. Leonard et Mitchell placent la barre très haut. Leonard souffre d'un syndrome maniaco-dépressif et Mitchell est un rêveur féru de théologie. Ils s'avèrent tous les deux incapables d'aller au bout leurs aspirations, bloqués malgré eux. On voit leur supériorité et leur faiblesse, leur lâcheté malgré leurs exigences. On assiste à un véritable gâchis, gâchis ressenti également avec les personnages secondaires.

Le roman est bien écrit, documenté sur les sujets pointus, la culture des levures, le roman déconstruit par Barthes ou Derrida, les aspirations théologiques semblent tenir la route. Les descriptions sont assez fines et drôles. Au final d'où vient cette sensation d'un roman peu captivant ? En quoi ce mélange ne fonctionne-t-il pas vraiment ? L'échec des personnages ne nous émeut pas. On ne s'attache pas à eux.Ils restent l'objet de l'étude mais ne sont incarnés totalement. le récit se déroule sur une année ou deux. On avance lentement et chaque nouvelle étape est ponctuée de longs retours en arrière.C'est systématique et artificiel. Lorsqu'on avance dans la chronologie, on en vient toujours à se demander « à quand le retour en arrière ? » Cela entrave notablement le dynamisme du roman. Mais peut-on parler de dynamique quand chacun est englué dans un présent douloureux sans perspective sereine et ne voit pas de lumière au bout du chemin ?
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