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Critique de gruz


Ce monde est irrespirable, empoisonné. Plus aucune plante ou animal, à part des cafards.

Celui qu'on dit s'appeler Josef Horkaï revient à lui, dans la douleur. Amnésique ou presque. Il était stocké, cryogénisé et ceux qui l'entourent le réveillent avec peu de douceur, et beaucoup de questions. Ils sont claquemurés, pour survivre à l'atmosphère mortelle.

immobilité est un roman à classer dans le genre post-apocalyptique, pour le moins étrange. On ne sait rien du « quand » ni du « où », et on va rapidement se retrouver face à des interrogations sur le « qui ».

Oui, l'ambiance générale est vraiment atypique. Brian Evenson a l'art de nous faire perdre nos repères, à travers les yeux de son personnage et son rapport d'étonnement à ce « nouveau » monde qui se révèle à lui. Avec une imagination qui dérive souvent vers des idées pour le moins surprenantes. Dérangeantes, parfois déstabilisantes.

Son univers post-apo sort souvent des canons du genre par le caractère pour le moins insolite des réactions physiques et interpersonnelles des protagonistes.

Josef Horkaï se retrouve donc à devoir faire confiance aux hommes qui le raniment sans ménagement. Et il se retrouve coincé dans une certaine immobilité, lui qui n'a pas l'usage de ses jambes.

On va lui confier une mission énigmatique, dont il ne comprend ni le sens, ni la portée. Il va pourtant l'accepter, en se faisant porter. Par deux hommes qui vont sacrifier leurs vies pour l'emmener loin dans ce monde toxique du dehors.

Un monde qui va se dévoiler à lui, étranger, presque mort. Où il devra avancer, quitte à ramper. Pour découvrir peu à peu qu'il semble immunisé contre le poison ambiant, et qu'il possède même d'étonnantes facultés.

Il se pose des questions, en pose à son entourage, sans obtenir beaucoup de réponses. Comme le lecteur, poussé à imaginer pour comprendre.

Il est différent, mais en quoi ? Qui est-il ou même qu'est-il ? Lui dit-on la vérité, quand on veut bien lui répondre ?

Evenson développe de manière singulière la notion d'identité, vaste question qui semble imprégner en profondeur son oeuvre. Pour preuve la novella L'antre, publiée en parallèle chez l'éditeur Quidam, sur une thématique approchante.

Le lecteur prend parti pour ce personnage étonnant, partant avec lui à la découverte des caractéristiques et fonctionnement de l'environnement, et de sa mission mystérieuse. Où il doit accepter de se perdre aussi.

La narration est, elle-aussi, déviante, à l'image des nombreux dialogues, où il faut savoir puiser le sens caché, alors qu'ils semblent parfois tourner au non-sens. Presque des dialogues de sourds, mais dont on comprend des pans, en creusant. Effet volontaire, bien évidemment, pour accentuer encore davantage l'étrangeté de l'ambiance.

L'auteur semble souvent aller à l'essentiel, et pourtant, des sujets de fonds sont traités, en arrière-plan, subtilement. Au lecteur de chercher la voie, comprendre les voix.

immobilité est un roman post-apocalyptique mouvant, remuant et parfois émouvant. Brian Evenson est une voix singulière, sombre et étrange.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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