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Critique de Antyryia



Je ressors très partagé de cette lecture , mon quatrième Jacques Expert en un mois de temps.

On y retrouve sa plume qui , toujours simple , n'en est pas moins reconnaissable. le récit , bien que tiré par les cheveux , est toujours aussi ancré dans notre réalité. Dans le sens où les nombreux passages évoquant le sport ( football , journal l'équipe ) , les émissions et les présentateurs de télévision , les stations du métro parisien ( des thèmes récurrents apparemment ) nous donnent l'impression que cette histoire se déroule sous nos yeux dans une France contemporaine. Tout tueur en série qu'il soit , Julien Dussart est notre voisin ou notre collègue discret qu'on ne connaît pas bien. Ce rendu d'un monsieur tout le monde qu'on côtoie quotidiennement est presque toujours présent dans les oeuvres d'Expert , et c'est d'autant plus affolant de découvrir ce qui se passe dans les méandres de leur esprit.

Je l'ai trouvé presque attachant ce personnage. S'il m'avait planté de six coups de couteau comme il le fait avec un mendiant au début du roman , il est probable que mon empathie ait subitement diminué d'autant de crans mais c'est un personnage vrai , un peu fou ( il compte tout tout le temps ) , solitaire , qui s'invente une vie et qui s'invente également une quête macabre afin d'exister enfin. Au final il n'est question que de ça : ce besoin de reconnaissance , lui qui est si invisible pour autrui. D'où son idée de meurtre en série basée sur cette logique de relier les six victimes entre elles avec cette fameuse théorie des six de Frigyes Karinthy démontrant , je cite , que six connaissances au maximum séparent tout individu sur terre de n'importe quelle autre. Six poignets de mains. le jeu étant de relier ainsi sa première victime ( le mendiant ) prise au hasard à sa réelle cible.

Beaucoup d'humour jalonne ce roman. Notamment dans les provocations du personnage aux forces de l'ordre , son envie d'être médiatisé ou avec son desespoir quand sa quête semble prendre fin , les heureux élus ne pouvant finalement peut être pas reliés entre eux comme il le pensait ( "ce n'est pas ce que je veux qui est important , lui avez-vous serré la main oui ou non ?" ).

Ce qui a manqué à ce roman toutefois c'est à mon sens l'antipathie provoquée par le commissaire Pont , personnage influent et odieux auquel , pour le coup , je n'ai pas cru un instant. Et également , j'ai trouvé que la théorie des six n'était en aucun cas démontrée puisque la quatrième victime aurait tout aussi bien pu être la première tant remonter le fil s'est ensuite avéré complexe. le héros est intelligent , il a un plan établi , une logique monstrueuse et pourtant il tue longtemps au hasard en espérant simplement que son idée marcherait à la fin de sa mission. L'absence de préméditation dans le choix des victimes met à mal la théorie plus qu'elle ne la valide.

Au final , il vaut mieux prendre la théorie des six , aussi original soit son thème et sa façon unique d'aborder les meurtres en série , comme un prétexte au récit , un moteur permettant à Julien Dussart de passer à l'acte avec ces chiffres qu'il adore , une façon étrange et obsédante de réussir enfin quelque chose et de devenir enfin quelqu'un.
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